10 matchs en un mois pour le CF, du jamais vu pour Victor Wanyama

Victor Wanyama
Photo : Getty Images / Michael Reaves
Depuis le 6 mai, le CF Montréal enchaîne un match tous les trois jours en moyenne, sans aucune semaine de répit. Et le club se prépare à conclure cette séquence infernale avec trois matchs en huit jours à l’étranger, dont une finale mercredi prochain.
C’est dur!
, a lancé lundi matin le joueur désigné Victor Wanyama après un entraînement où il a surtout effectué des poses de yoga.
Personnellement, je n’ai jamais vu quelque chose de la sorte. En Angleterre, c’était au pire une séquence de deux semaines, mais une séquence de quatre semaines, avec un match tous les trois jours, c’est nouveau pour moi
, avoue celui qui a joué près de 200 matchs en Premier League avec Southampton et Tottenham.
En plus de ses matchs habituels du samedi soir, le CF a dû composer en semaine avec les quarts et les demi-finales du Championnat canadien, qui prendra fin mercredi prochain à Vancouver, contre les Whitecaps. La MLS n’a pas été tendre non plus avec Montréal en programmant deux matchs en milieu de semaine, il y a deux semaines à Cincinnati, et ce mercredi à Washington contre le D.C. United.
Résultat, du 6 mai au 7 juin, le CF aura joué 10 matchs toutes compétitions confondues, avec même un 11e en 35 jours, le 10 juin. Puis, l’équipe profitera de deux semaines de pause en raison de la fenêtre internationale de juin.
Le milieu défensif kényan ne se permet même pas de rêver à ces deux semaines de répit, qui ne le seront pas de toute façon pour les joueurs internationaux de la formation.
Pour être franc, présentement, je n’arrive même pas à y penser parce que c’est tellement difficile, particulièrement mentalement, de récupérer. Je fais tout ce que je peux pour récupérer. C’est la seule chose que je peux faire
, a-t-il insisté.
Alors, je me mets les jambes dans les airs et je me repose autant que je peux
, a-t-il ajouté en riant.

Victor Wanyama et Rudy Camacho
Photo : The Canadian Press / Graham Hughes
L’entraîneur Hernán Losada est bien conscient de la lourdeur du calendrier sur les jambes de ses joueurs, mais il ne craint pas pour autant que de nouvelles blessures surviennent, en attendant les retours prochains de Samuel Piette, qui s’entraînait en solitaire lundi, et de Mason Toye, qui participait aux exercices collectifs. Quant à Romell Quioto, il ne devrait pas être de retour avant au moins trois mois.
Il n’y a aucune raison pour penser qu’une blessure va arriver maintenant
, a assuré Losada en retirant sa casquette et en se donnant quelques petits coups sur la tête pour invoquer la bonne fortune.
Je pense qu’on a fait un très bon travail avec l’équipe d’entraîneurs, le personnel soignant et les préparateurs physiques pour donner un bon équilibre aux joueurs et faire les bons changements.
Néanmoins, il est conscient qu’il a dû surtaxer certains joueurs, comme Mathieu Choinière qui a joué l’entièreté des sept derniers matchs, sauf les 20 dernières minutes samedi et les 7 dernières le 13 mai.
Je lui ai donné 20 minutes le dernier match, c’est tout ce que je pouvais lui donner
, a-t-il lancé en rigolant.
Cela montre à quel point le milieu de terrain québécois était devenu un titulaire indiscutable pour le technicien argentin.
Comme pour Victor Wanyama, c’est la fatigue mentale de ses joueurs qui inquiète le plus Losada dans cette séquence.
Mentalement, c’est peut-être le plus compliqué. Et c’est pour ça qu’aujourd’hui, ceux qui ont joué samedi n’ont même pas touché les ballons, a précisé Losada. C’est un élément de la récupération, mais aussi bien dormir, bien manger et garder la fraîcheur pour chaque match.
S’il est vrai que les partants du dernier match n’ont pas touché un ballon de soccer, plusieurs se sont attardés autour d’un panier de basketball déposé près de la zone où ils s’étiraient. Les amateurs du Bleu-blanc-noir peuvent être rassurés, Mathieu Choinière ne fera pas double emploi avec l’Alliance.
De retour à D.C.
Le match de mercredi revêtira un caractère particulier pour Losada, qui a entraîné le D.C. United de janvier 2021 à avril 2022. Ce ne sera pas la première fois qu’il dirige le CF contre son ancienne équipe, qui l’avait emporté 1-0 dans la seule défaite montréalaise cette saison au stade Saputo, mais ce sera un retour pour lui à l'Audi Field.
J’ai travaillé là pendant un an et demi. C’est un beau stade. C’est certain que c’est toujours spécial de retourner à un endroit où on a travaillé
, a indiqué Losada.

Hernàn Losada
Photo : usa today sports via reuters con / Anne-Marie Sorvin
Ce sera un match difficile contre un opposant qui a beaucoup investi sur le terrain cette année. C’est une équipe très compétitive
, a-t-il poursuivi.
Après un début aussi compliqué que celui du CF avec une victoire en sept matchs, le D.C. United s’est replacé avec quatre victoires en huit matchs, deux nulles et deux défaites. L’équipe de la capitale américaine (19 pts) est un point devant celle de la métropole québécoise (18) au classement de la MLS.
Losada souhaite d’ailleurs que le match de mercredi soit un tremplin pour la séquence de trois rencontres sur la route des siens.
Le prochain match, c'est toujours le plus important et on va essayer de gagner des points à l'extérieur. C'est aussi important pour la confiance, pour arriver dans un bon rythme à la finale [du Championnat canadien].
Montréal n’a récolté que trois points en huit matchs à l’extérieur cette saison (1-7-0), alors que l’an dernier sous Wilfried Nancy, le Bleu-blanc-noir avait gagné 11 de ses 17 matchs sur la route.
Il faut seulement y croire. Vous savez, on l’a fait auparavant [gagner des matchs à l’extérieur] et nous avons beaucoup de joueurs qui ont cette expérience. C’est juste une question de temps avant qu’on recommence à gagner des matchs à l’étranger
, a affirmé Victor Wanyama.
Le cas Rea
Après son point de presse qui se tenait après l’entraînement, Losada a été accroché par Sean Rea qui voulait lui parler à l’écart du groupe. Les deux hommes ont marché bras dessus bras dessous un moment, puis ils ont discuté calmement les yeux dans les yeux pendant quelques minutes.

Sean Rea a joué 647 minutes en 13 matchs cette saison, dont 6 comme titulaire.
Photo : The Canadian Press / Graham Hughes
Le milieu de terrain, entré à la 70e minute, avait mal digéré d’être sorti du onze 20 minutes plus tard pour le défenseur Róbert Thorkelsson, alors que le club défendait sa mince avance de 1-0. Sa réaction lui avait même valu un carton jaune au moment de quitter le terrain en colère.
Nous n’avons pu demander à Losada ce que Rea lui avait dit dans leur conciliabule, mais l’entraîneur avait déjà livré sa pensée sur la séquence dans son point de presse lundi.
Je pense toujours au collectif en premier. L’équipe d’abord. Dans ce cas, c’était une situation de match et ce n’est pas terminé tant que ce n’est pas terminé. Je suis certain que Sean est content avec les minutes qu’il a reçues et avec la victoire
, a-t-il indiqué.
Aux dires de l’entraîneur, il y a embouteillage dans le rôle de milieu créatif, alors qu’il a bien peu de cartes un cran plus haut sur le terrain avec les absences de Toye et de Quioto.
J’ai donné 45 minutes à (Ahmed) Hamdi, 45 à Bryce (Duke). On a quatre numéros 10 avec Sean (Rea) et Matko Miljevic. C'est impossible de jouer avec les quatre ensemble, donc ça dépend de l'autre équipe et de la situation. On va choisir pour un ou pour l'autre.
Les quatre numéros 10 n’ont peut-être pas la polyvalence du numéro 29, Mathieu Choinière, qui a reçu de nouvelles fleurs de son partenaire en milieu de terrain, Victor Wanyama.
C’est une machine. Il est tellement bon. Il peut joueur à n’importe quelle position, et il a bien joué dans toutes les positions. On aimerait avoir encore plus de joueurs comme lui.
L’invitation est lancée.