Katherine Legge, la seule femme au départ de l’Indy 500
Katherine Legge à Indianapolis
Photo : Getty Images / Justin Casterline
La Britannique Katherine Legge sera la seule femme sur la grille de départ des 500 milles d'Indianapolis dimanche. Elle constate avec désillusion l'absence de femmes à cette célèbre épreuve.
Quand Katherine Legge a participé à son deuxième Indy 500 il y a 10 ans, elle était fière de constater qu'il y avait quatre femmes en lice.
Il y avait Sarah Fisher. Danica Patrick est arrivée, puis Simona de Silvestro. Et avec moi, on pensait vraiment que nos efforts allaient faire boule de neige
, explique la pilote britannique.
Mais ça n'est pas arrivé
, constate-t-elle.
Il n'y a eu que neuf femmes pilotes au départ des 500 milles en un peu plus de 100 ans d'histoire. En 2020, aucune femme n'était inscrite, une première en 21 ans.
Les femmes au départ des 500 milles d'Indianapolis :
- Janet Guthrie, 3 départs, 1977-1979 (9e en 1978)
- Lyn St.James, 7 départs, 1992-1997 et 2000 (11e en 1992)
- Sarah Fisher, 9 départs, 2000-2004 et 2007-2010 (17e en 2009)
- Danica Patrick, 8 départs, 2005-2011 et 2018 (3e en 2009)
- Milka Duno, 3 départs, 2007-2009 (19e en 2018)
- Ana Beatriz, 4 départs, 2010-2013 (15e en 2013)
- Simona de Silvestro, 6 départs, 2010-2013, 2015 et 2021 (14e en 2010)
- Pippa Mann, 7 départs, 2011, 2013-2017 et 2019 (16e en 2019)
- Katherine Legge, 3 départs, 2012-2013 et 2023* (22e en 2012) * à confirmer
En 2021, la Suisse Simona de Silvestro a participé à la course dans une équipe entièrement féminine, Paretta Autosport. En 2022, il n'y avait aucune femme pilote au départ, et cette année, Katherine Legge s'est qualifiée de justesse au 30e rang sur 33.
Seulement neuf femmes en un peu plus d'un siècle d'histoire, c'est triste, vous ne trouvez pas? J'aimerais qu'un jour, il y ait neuf femmes au départ
, affirme la pilote britannique de 42 ans.
Katherine Legge bat le record de vitesse pour une femme pilote à Indianapolis.
Photo : Indycar / Travis Hinckle
Il y a peu de chance que ça arrive dans un avenir proche. La prochaine femme qui pourrait y participer, c'est la Britannique Jamie Chadwick, qui dispute cette saison le championnat Indy NXT avec Andretti Autosport. Elle est 15e au classement provisoire des pilotes.
Elle a obtenu son volant grâce au soutien de l'entreprise DHL et à ses trois titres dans la W Series, un championnat aujourd'hui disparu et remplacé par l'Académie F1.
Il y a également l'Américaine de 26 ans Lindsay Brewer, qui court dans le championnat USF Pro 2000, un échelon en dessous de l'Indy NXT. La pilote du Colorado est 20e au classement.
Lindsay Brewer a fini 12e de la course USF Pro 2000 sur le circuit routier d'Indianapolis le 12 mai 2023.
Photo : Twitter/Lindsay Brewer
Les hommes vont chercher des commanditaires, pas les femmes. Pourtant, une femme pilote qui a du succès reçoit 10 fois la visibilité des hommes. Qu'est-ce qui ne fonctionne pas?
Ses paroles ne sont pas de Katherine Legge, mais de Janet Guthrie en 1987. Les choses ont-elles changé depuis?
Une des seules équipes américaines à faire de la place aux femmes pilotes, Andretti Autosport, a permis à trois femmes de participer à l'Indy 500, Danica Patrick à quatre reprises, Simona de Silvestro et Ana Beatriz une fois chacune.
C'est important qu'il y ait des femmes sur les grilles de départ, affirme Michael Andretti. On cherche encore la prochaine Danica Patrick. Il n'y a pas de raison qu'il n'y ait pas une femme pilote compétitive.
L'Américaine Danica Patrick a disputé son dernier Indy 500 en 2018.
Photo : Associated Press / Michael Conroy
Katherine Legge court en 2023 pour l'équipe Rahal Lanigan Letterman, l'équipe dont l'animateur David Letterman est un des actionnaires.
L'Américaine Sarah Fisher a participé neuf fois à l'Indy 500 et a été propriétaire d'une équipe en IndyCar.
Il y a un tel risque d'échec dans ce sport que beaucoup de gens sont frileux d'investir
, fait remarquer l'ancienne pilote de 42 ans, aujourd'hui entrepreneuse.
Une femme a déjà gagné les 500 milles d'Indianapolis
C'était en 1929. L'Américaine Maude Yagle de Philadelphie a remporté la célèbre épreuve à titre de propriétaire. Elle avait en effet acheté en 1928 une voiture de course (propulsion et moteur avant) et avait engagé le pilote Ray Keech.
Maude Yagle, propriétaire de la Simplex Piston Ring Special, pilotée par Ray Keech, qui a remporté les 500 milles d'Indianapolis de 1929.
Photo : Indianapolis Motor Speedway / Kirkpatrick
Après une 4e place en 1928, Keech avait dominé la course en 1929 à bord de la Miller Simplex Piston Ring Special. C'est des gradins que Maude Yagle avait suivi le travail de son équipe, la direction du circuit lui interdisant l'entrée du garage et de la zone des puits. Elle n'avait pas pu assister à la cérémonie du vainqueur.
Près d'un siècle plus tard, Katherine Legge s'apprête à participer à la 107e édition des 500 milles d'Indianapolis et compte bien profiter au maximum de l'occasion qui lui est offerte.
Je suis complètement concentrée à tirer le maximum de cette occasion, même si je passe beaucoup plus de temps à donner des entrevues qu'à rouler, constate-t-elle. Mais j'ai bien l'intention d'aller chercher le maximum de la voiture qu'on me confie.
Cette année, le séjour de la Britannique à Indianapolis n'a pas été de tout repos.
Après sa qualification samedi, elle a provoqué un accident violent lundi lors d'une séance d'essais. Surprise par le ralentissement soudain du peloton devant elle, elle a frappé l'arrière de la monoplace de Stefan Wilson, qui a heurté de plein fouet le mur de protection.
Le pilote de l'équipe Dreyer & Reinbold Racing s'est fracturé une vertèbre et a dû déclarer forfait pour la course. Il sera remplacé par Graham Rahal, un des coéquipiers de Legge qui n'avait pas pu se qualifier.
Katherine Legge partira de l'avant-dernière ligne de la grille dimanche.
