Le Français Teddy Riner sacré champion du monde pour une 11e fois

Le champion du monde et olympique français Teddy Riner
Photo : Getty Images / Pascal Le Segretain
Absent des Championnats du monde depuis six ans, Teddy Riner a remporté un 11e titre dans la catégorie des plus de 100 kg, samedi, à Doha. À 34 ans, le monstre sacré du judo français se rassure à un peu plus d'un an des Jeux olympiques de 2024 à Paris.
Le vétéran a dû puiser dans ses réserves pour aller au bout de sa journée puisqu'il n'était pas tête de série et n'avait donc pas de laissez-passer au premier tour, ce qui l'a forcé à gagner ses six combats.
Riner avait en effet déclaré forfait en 2022 en raison d'une blessure à une cheville, et il n'avait pu disputer qu'un tournoi individuel depuis, le grand chelem de Paris, qu'il a remporté en février.
Samedi, en finale, il a battu en prolongation le Russe Inal Tasoev, qui concourait sous drapeau neutre, par waza-ari. Riner a ainsi apporté à la France un deuxième titre après celui de Clarisse Agbégnénou (-63 kg) et une septième médaille.
J'espère vraiment que ça paiera à Paris 2024, mais ça ne peut que payer quand on fait des journées comme ça, a dit le Français. Ça faisait longtemps que je n'ai pas entendu une Marseillaise sur un podium mondial, ça fait du bien.
Son combat de quarts de finale a été particulièrement difficile face au jeune Japonais de 21 ans, Tatsuru Saito, vice-champion du monde. Un combat de 7 min 41 s que le Français a gagné en poussant la nouvelle sensation nippone à la faute, son troisième shido, en prolongation.
Le Français s'était montré impressionnant en demi-finale en expédiant en moins de 30 secondes le Tadjik Temur Rakhimov, numéro un mondial de la catégorie, après avoir passé plus de 20 minutes sur les tatamis au cours des tours précédents.
C'est à 3:42 de la prolongation en finale que Riner, épuisé tout comme son adversaire, a réussi à retourner Tasoev sur la tranche pour le waza-ari.
Quelques secondes plus tôt, le Russe avait fait tomber Riner et pensait avoir obtenu le point gagnant, mais l'arbitre a laissé le combat se poursuivre. L'arbitre en chef a expliqué que pour donner un point, il faut qu'il y ait derrière la prise une technique reconnue (avec un nom), ce qui n'a pas été le cas aux yeux des juges.
Ce waza-ari à la fin, il fait plaisir
, a ajouté Riner, qui n'était, selon son entraîneur, qu'à 60 % de ses capacités.
Je crois que c'est une des plus grosses journées de toute ma carrière. Pas de rythme de toute la journée, du coup, qu'est-ce qu'on utilise? Le mental! Il ne reste plus que ça, a poursuivi le judoka originaire de la Guadeloupe. Le corps est en alerte rouge. Donc quand le judo, les sensations ne sont pas là, il faut faire appel au mental. Le cerveau guide le reste.
La France termine ces mondiaux au 2e rang du classement des pays derrière le Japon. Le Canada finit 5e.
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pour Athlètes indépendants et neutres
.
Vendredi, le Russe Arman Adamian a été sacré chez les moins de 100 kg.
Après sa victoire, le drapeau russe a été remplacé au cours de la cérémonie protocolaire par une bannière affichant le logo de la compétition, et l'hymne de la Fédération internationale (IJF) a été joué à la place de l'hymne russe.
Interrogé sur le sentiment que lui procurait le fait de concourir sous bannière neutre, Adamian a répondu : No comment.
Nos athlètes comprennent qu'ils sont ici en tant qu'athlètes neutres parce que c'est la règle du Comité international olympique (CIO), nous le comprenons, mais nous espérons que la situation changera
, a indiqué Maria Tikhonravova, cheffe de la communication de la fédération russe.