Ottawa réformera le système sportif canadien pour amplifier la voix des athlètes

Une réforme du système sportif canadien devrait être annoncé jeudi.
Photo : Reuters / SUSANA VERA
Avec tous les scandales qui ont ébranlé le sport canadien au cours des derniers mois, Ottawa devait offrir un nouveau cadre de gouvernance aux fédérations qu’il subventionne.
Radio-Canada Sports a appris que le gouvernement présentera une réforme du système sportif canadien, jeudi, et l’un des aspects consistera à s’assurer que la voix des athlètes soit entendue au sein des organisations.
Pour ce faire, Ottawa offrira du financement supplémentaire qui servira à unifier et à structurer les demandes des athlètes. Mais le gouvernement espère aussi favoriser l’engagement des sportifs dans les conseils d’administration ou dans les comités qui leur sont dédiés, en leur offrant de la formation et du mentorat.
La double médaillée d’or en trampoline aux Jeux olympiques Rosie MacLennan se réjouit d’une telle démarche.

Rosie MacLennan
Photo : La Presse canadienne / Ryan Remiorz
Elle siège au Conseil des athlètes du Comité olympique canadien (COC) depuis six ans et en assure la présidence depuis novembre 2020.
Cette réforme fait des pas importants pour s’assurer qu’il y ait plus d’athlètes autour de la table ou qui soient représentés aux conseils d’administration, affirme la trampoliniste, qui a pris sa retraite de la compétition en décembre 2022. Pour moi, c’est une belle avancée. C’est quelque chose que l’on réclame depuis un bon moment, et c’est certainement un pas dans la bonne direction.
Le chef du sport au COC, Éric Myles, croit aussi qu’il s’agit de la bonne approche. D’ailleurs, le COC offre déjà de la formation sur le fonctionnement des conseils d’administration, mais aussi sur la diversité et l’inclusion. Il faudra adapter ou rendre plus attrayant les programmes en place.
Peut-être que les cours seront moins longs, plus précis ou spécifiques aux athlètes. La réalité d'un nouveau membre d'un conseil d'administration versus celle des gens expérimentés, par exemple. On est en train de raffiner l’offre de service, autant du côté de l'éducation que de l'appui et du mentorat
, indique-t-il.
Il ne faudrait toutefois pas tomber dans le piège de faire siéger des athlètes aux conseils d’administration ou aux comités, mais que leur rôle reste limité.
Nous demandons depuis plusieurs années que les athlètes soient positionnés comme des partenaires égaux dans le système sportif, que leurs expériences, leurs antécédents, leur voix, leurs opinions soient vraiment représentés. Je pense que c'est une étape cruciale sur le terrain. Ce sont eux qui vivent le sport jour après jour, aux côtés d'autres personnes du système sportif. Il est donc important que ce qu'ils ont vécu et ce que sont leurs points de vue ne soient pas seulement entendus, mais aussi mis en pratique.
Pour Éric Myles, le changement de culture tant réclamé dans le sport canadien ne se fera pas sans un dialogue continu
entre les athlètes et les organisations.

Éric Myles, chef du sport au Comité olympique canadien
Photo : Radio-Canada / Jean-François Vachon
Il est important de travailler ensemble, autant les athlètes, les entraîneurs que tous les acteurs du système sportif. Et là, on va progresser dans le bon sens. L'aspect de dialogue peut sembler simple, mais ce dialogue lié avec des actions directes, c'est comme ça qu'on va y arriver.
Il peut toutefois être intimidant pour un athlète de s’immiscer dans un univers qui lui est inconnu, tels un conseil d’administration ou un comité. Rosie MacLennan, qui est aussi représentante des athlètes à la Fédération internationale de gymnastique, reconnaît que sa confiance s’est bâtie avec les années, mais elle ajoute que les connaissances qu’elle a acquises lui serviront bien au-delà du monde de la gymnastique.
Si elle devait convaincre un athlète de s’impliquer dans une organisation, elle lui dirait qu’il existe des outils pour l’orienter.
Commencez par demander de l'aide auprès de votre organisation sportive ou, si vous n'êtes pas à l'aise de le faire, contactez la commission des athlètes, ou le comité olympique, ou AthletesCAN. Il y a des organisations et des entités en place ici pour vous soutenir. Nous voulons nous assurer que tous les athlètes réussissent dans le rôle de représentant des athlètes et nous savons que cela prend du temps
, affirme la médaillée olympique.
Je pense qu'il suffit d'avoir un peu de courage pour lever la main dans un premier temps, mais aussi d'avoir le courage de demander de l'aide quand on en a besoin.
La prise de parole des athlètes n'est que le début d'une réforme plus en profondeur réclamée par de nombreux intervenants du milieu sportif canadien.

La ministre canadienne des Sports, Pascale St-Onge, et l'ex-gymnaste Rosie MacLennan.
Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes
La transparence, c'est assez critique
, lance Rosie MacLennan lorsqu'il est question du changement des mentalités tant souhaité dans le monde du sport. On doit simplement s'assurer qu'il y a des mesures plus fortes ou des systèmes pour surveiller et évaluer les organisations sportives nationales, et que grâce à des structures de financement, elles sont incitées à faire les choses d'une manière plus équilibrée.
À voir maintenant ce que compte annoncer la ministre des Sports Pascale St-Onge jeudi.
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