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« Historiquement, Hockey Canada n’a pas cru en nous » - Tara Chisholm

Des joueuses, assises sur leur luge, posent au centre de la glace avec le personnel de l'équipe derrière elles.

L'équipe féminine de parahockey

Photo : Charlie Skinner/WPIH

On pourrait croire que toute équipe nationale de hockey au pays reçoit l’appui de Hockey Canada et a accès au financement et aux ressources de la fédération.

Ce n’est pas le cas de celle nommée Parahockey féminin du Canada, une équipe qui existe depuis 2007 et qui représente le pays sur la scène internationale.

Hockey Canada a toujours refusé de prendre cette équipe sous sa gouverne pour diverses raisons.

Non seulement Hockey Canada ne nous appuyait pas, mais on nous mettait des barrières, déclare Tara Chisholm, entraîneuse-chef de l'équipe. Historiquement, notre fédération n’a jamais cru en nous.

Les choses pourraient changer, mais la confiance est à rebâtir, selon Chisholm, échaudée par ses expériences passées avec la fédération.

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Plusieurs personnes de dos, les mains en l'air, célèbrent un jeu de football à la télévision.

La frustration a d’ailleurs pris le dessus ces derniers mois. L’entraîneuse-chef a décidé que son équipe ne porterait plus le chandail d’Équipe Canada en compétition.

Il y a beaucoup de frustration dans cette décision. Ça fait des années que l’on donne de notre temps, et de voir Hockey Canada récolter tout le crédit du développement de notre sport, sur la scène internationale, je ne pouvais plus tolérer ça!

Une citation de Tara Chisholm, entraîneuse-chef de l'équipe

Une frustration accumulée par des années de relation obligée, pour reprendre les mots de Chisholm, en entrevue avec Radio-Canada Sports.

Parahockey féminin du Canada a besoin de Hockey Canada, et de sa signature. L'organisme est en effet la seule entité autorisée à signer les documents permettant au groupe de participer à toute compétition internationale.

On leur soumettait des documents complets, et tout ce qu’ils avaient à faire, c’était de les signer et de nous les renvoyer par courriel, raconte Chisholm. Ça prend cinq minutes, mais parfois, on ne l’obtenait pas. Et quand on l'obtenait, c’était souvent après beaucoup d’insistance!

L'absence de financement n'adoucit pas les relations. Parahockey féminin du Canada est géré par un groupe de bénévoles dévoués et chaque joueuse devait débourser, jusqu’à cette année, 1500 $ pour faire partie de la formation.

Et comme l’équipe n’est pas reconnue par sa fédération, les joueuses n’ont pas droit au brevet d’athlète et ne reçoivent aucune prestation financière du gouvernement. Elles doivent tout payer de leur poche.

J’ai des filles de partout au Canada, raconte Chisholm. J’essaie de déplacer les camps pour équilibrer les coûts, mais je peux organiser seulement deux camps officiels dans l’année. Les autres sont optionnels.

Devant l'inaction de Hockey Canada, Chisholm et l’équipe de direction ont déniché un commanditaire pour développer leurs propres logo et chandail, et pour couvrir une partie des frais de l’équipe.

Mixité : réalité ou utopie?

Le volet féminin du parahockey n'est pas officiellement reconnu par la fédération internationale. Le parahockey est régi par World Para Ice Hockey (WPIH), qui définit son sport comme étant mixte, comme d'autres sports paralympiques.

Il est présent aux Jeux paralympiques depuis 1994, et seulement trois femmes, dont une Chinoise, y ont participé. Jing Yu a joué six minutes lors de la Journée internationale des femmes, aux Jeux de Pékin, l’an dernier.

Le mot mixte ne reflète pas la réalité.

C’est comme dire à Marie-Philip Poulin : "Si tu veux aller aux Jeux olympiques, tu dois faire partie de la formation masculine." Je ne comprends pas pourquoi on fait ça dans le parasport.

Une citation de Tara Chisholm

Nous pouvons dire que les femmes peuvent jouer dans la LNH, renchérit Gina Kingsbury, récemment nommée vice-présidente aux opérations hockey à Hockey Canada. Rien ne les empêche d’y jouer, mais la réalité est tout autre. Physiquement, la très grande majorité des femmes ne peuvent rivaliser avec les hommes, à ce niveau.

Du côté de WPIH, la directrice Michelle Laflamme admet, dans un échange de courriels, qu'il faut faire autrement afin d’attirer plus d'athlètes, d'entraîneurs et d'officiels féminins sur la glace.

C’est pourquoi on a lancé la première compétition entièrement féminine reconnue, le Women's World Challenge. Il s’est déroulé en août dernier, à Green Bay, dans le Wisconsin.

Quatre équipes y ont participé : les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’équipe Monde (composée de joueuses de sept pays) et le Canada, représenté par Parahockey féminin du Canada.

Selon la politique de Hockey Canada, ce n’est pas suffisant.

Pourtant, de l’autre côté de la frontière, USA Hockey a pris le programme féminin de parahockey sous sa gouverne en 2018.

L’explication que l’on nous a donnée à Hockey Canada, c’est qu’il n’y a pas assez d’équipes pour organiser un Championnat du monde, donc notre équipe n’a pas droit au financement gouvernemental, explique Tara Chisholm.

Certaines de nos politiques et notre approche doivent changer, reconnaît Gina Kingsbury. Nous devons être des leaders, avec les États-Unis, pour le développement du parahockey féminin.

Une rencontre s'est d'ailleurs tenue, le 12 avril, à Toronto, entre plusieurs représentantes de l’équipe féminine et Hockey Canada. Même si elle dit être sur ses gardes, Tara Chisholm reconnaît que cette réunion était encourageante.

Je suis plus optimiste que je ne l’étais avant cette rencontre. Gina et Marin Hickox (responsable du volet féminin à Hockey Canada) ont démontré une transparence et un réel désir de nous aider, avoue-t-elle.

Nous voulons bien faire les choses. Nous avons une approche de collaboration avec l’équipe. Nous voulons connaître leurs besoins, leur intérêt à se joindre à Hockey Canada. Nous ne voulons pas arriver et prendre le programme en charge, sans les écouter, dit Kingsbury, rencontrée dans le cadre du Défi sportif AlterGo.

Nous voulons nous assurer que les actions vont suivre les paroles. Nous voulons être certains qu’ils croient en nos femmes et que nous ne sommes pas seulement une case qu’ils peuvent cocher pour répondre aux exigences gouvernementales.

Une citation de Tara Chisholm

Je suis optimiste pour l'avenir de notre sport, mais je reste prudente, ajoute l’entraîneuse-chef.

Du parahockey féminin aux Jeux de 2030?

Pour le moment, le rêve paralympique de toute joueuse passe par l’équipe masculine (ou mixte, selon son appellation officielle). C’est le cas, entre autres, de Raphaëlle Tousignant.

La situation pourrait évoluer. Des discussions ont été lancées pour inclure un volet féminin au parahockey pour les Jeux de 2030. Mais certaines conditions doivent être remplies.

Deux Championnats du monde comprenant huit équipes doivent être organisés d'ici là, précise Gina Kingsbury. 2025 et 2027 seraient les objectifs.

Les Jeux de 2030, c’est possible, mais la décision doit être prise rapidement, souligne Chisholm. Si Hockey Canada, USA Hockey et la fédération internationale travaillent ensemble, ça peut accélérer le développement de notre sport.

Tara Chisholm et certaines de ses joueuses l’admettent sans hésiter : même si Hockey Canada n’a pas bonne réputation au pays, ces derniers mois, la fédération demeure très influente sur la scène internationale, et elle a la capacité de faire bouger les choses rapidement.

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