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« La réaction des jeunes, c’est costaud » – Samuel Piette

Main dans la main avec un jeune partisan, il entre sur le terrain.

Samuel Piette est désormais le capitaine du CF Montréal.

Photo : John David Mercer-USA Today Sports

Olivier Tremblay

Pour la première fois depuis le début mars, Samuel Piette sera à la disposition de son entraîneur Hernán Losada, samedi, pour le match contre les Whitecaps à Vancouver.

La blessure aux adducteurs qui avait incité le milieu de terrain québécois à quitter la rencontre à Austin, le 4 mars dernier, est suffisamment rétablie. Il n’est pas encore à 100 %, mais quand est-ce qu’un joueur de soccer est à 100 %? Bonne question. Les petits bobos sont le quotidien de la plupart des athlètes, après tout.

Dans ce cas-ci, les muscles de Piette étaient devenus de plus en plus sensibles, et un sprint douloureux sur la pelouse texane lui avait signalé qu’il était temps de se reposer pour ne rien aggraver. Il aura finalement raté deux matchs, dont la spectaculaire victoire de 3-2 contre Philadelphie sur le terrain synthétique du stade olympique, comme quoi la blessure tombait peut-être un peu bien.

Le capitaine du CF Montréal parle de son processus de retour au jeu après une blessure aux adducteurs subie à Austin, au début mars.

Oui, mais après en regardant ce match-là jusqu’à la fin, c’est un match où tu dis que tu aurais aimé être sur le terrain, souligne-t-il. J’aurais aimé ça, au moins, faire partie du groupe. Tu le vis à l’extérieur, tu le vis différemment. Mais je pense que c’était la meilleure chose à faire que de rester à l’écart pour ce match-là pour vraiment revenir en force.

Radio-Canada Sports s’est entretenu avec le nouveau capitaine du Bleu-blanc-noir cette semaine, en prévision du déplacement vers la Colombie-Britannique.

(L’entretien a été remanié aux fins de clarté et de synthèse.)


Q. Ta nomination comme capitaine a récemment été annoncée. Quelle est ta vision du capitanat, et de quels capitaines t’inspires-tu?

R. Quand on m’a nommé capitaine, ma vision de la chose n’a pas changé du jour au lendemain. Ma vision du rôle de leader, de capitaine ou de cocapitaine a toujours été la même. Il faut en premier lieu être un exemple dans tes agissements, la manière dont tu te comportes, la discipline, le travail sur le terrain, l’effort que tu y mets.

C’est quelqu’un qui est parfois capable de mettre sa langue dans sa poche. Même s’il y a un exercice qu’il n’aime pas, même si les choses se passent moins bien pour son équipe à l’entraînement, il est capable de ne pas critiquer les autres et, justement, de se taire et de travailler encore deux fois plus fort pour montrer aux autres qu’il est capable de passer par-dessus ça, que ce n’est pas en se plaignant que les choses vont s’améliorer.

Il réalise un tacle.

Patrice Bernier (à gauche) a été le capitaine du Canada pour son dernier tournoi avec l'équipe nationale, la Gold Cup de 2017.

Photo : Getty Images / AFP/JEWEL SAMAD

Ensuite, il y a l’aspect de se faire entendre. Je ne suis pas la personne qui fait ça le plus, mais je parle avec tout le monde, et toujours de manière positive. C’est un peu comme ça que je voyais Patrice Bernier quand il était capitaine avec nous, ou encore avec l’équipe nationale à la Gold Cup de 2017. Patrice, c’est quelqu’un qui regarde toujours le côté positif. Il ne va pas commencer à crier après les joueurs. Il est calme. Je pense que je suis ce genre de personne, donc je me suis beaucoup appuyé sur le style de Patrice. Atiba Hutchinson aussi est comme ça, c’est quelqu’un de très posé, qui a des discussions avec un peu tout le monde pour prendre le pouls du vestiaire et en arriver à la meilleure décision.


Q. Le projet sportif d’Olivier Renard repose beaucoup sur la progression des jeunes. Dans quelle mesure est-ce que ça te fait réfléchir à ton rôle?

R. J’ai beaucoup de discussions avec Olivier Renard, pas nécessairement sur la façon dont je dois agir comme capitaine, mais oui, sur la vision du club. Après, c’est à moi de voir la meilleure manière d’agir. Mais on sait tous qu’il y a un virage jeunesse depuis son arrivée. Il faut épauler les jeunes. Il faut comprendre aussi qu’avec eux, il y a un manque d’expérience. Il faut leur accorder du temps, les soutenir, essayer de les mettre dans les meilleures conditions possibles, leur donner cette confiance que tu n’as pas quand tu arrives.

Après, quand quelqu’un fait quelque chose de moins bien, je n’ai pas peur de le dire à la personne, mais de manière constructive. Il y a plusieurs manières d’avoir une discussion, mais pour moi, tu dois rester dans le respect et essayer de faire en sorte que ce soit constructif pour emmener la personne à un meilleur niveau ou faire en sorte qu’elle se sente bien. Frapper quelqu’un qui est déjà à terre, honnêtement, ça ne mène nulle part.

Q. Justement, comment évalues-tu la réaction des jeunes à ce début de saison? Un Nathan Saliba, par exemple, a connu un premier match difficile, mais on continue à lui faire confiance…

R. Je trouve que leur réaction, c’est costaud. Tu en as parlé, Saliba, qui fait peut-être un moins bon match pour son premier dans la MLS. Cela aurait été facile pour lui d’abandonner, d’avoir la tête basse et de s’écraser. Finalement, il réagit très bien contre Austin. C’est la même chose pour Rida Zouhir, qui joue moins en début d’année, mais qui s’entraîne super bien et qui est finalement titulaire contre Philadelphie. Il fait un gros match, il nous aide à aller chercher les trois points. Chapeau à eux, parce qu’ils n’avaient pas vraiment d’expérience professionnelle. Puis, à la première épreuve, ils n’ont pas abandonné.

Ils sont jeunes, ils vont faire des erreurs, mais il faut continuer parce que si tu t’arrêtes maintenant, tu n’atteindras rien. Je suis très content, ça prouve à quel point ces jeunes-là, ce groupe-là, ce vestiaire-là est humble et travaillant. Honnêtement, ce sont les deux seules choses que je demande au groupe : être humble dans la victoire comme dans la défaite, puis travailler, parce qu’il n’y a pas d’autre façon. On a le talent. Il y a des équipes qui sont meilleures que nous. Il y en a qui sont moins bonnes que nous. Il y en a qui ont de meilleurs joueurs, de moins bons joueurs. Mais au bout du compte, si tu travailles, c’est dur à battre.


Q. Est-ce que le concept du droit à l’erreur a évolué au club depuis quelque temps?

R. Oui. Personnellement, je crois beaucoup en la deuxième chance. Je crois qu’il faut faire des erreurs pour apprendre. Je pense que ç’a commencé avec l’arrivée de Wilfried Nancy à la tête de l’équipe comme entraîneur-chef, puis c’est quelque chose que Hernán Losada a aussi en lui. Avant, je dirais que c’était peut-être un peu plus compliqué. Il y avait cette peur de jouer parfois. Honnêtement, comme jeune joueur, c’est la plus belle chose que tu peux demander que d’avoir cette liberté de faire des erreurs, puis de te reprendre. Ça vaut pour beaucoup parce que tu joues librement. Tu n’as pas peur d’être jugé par ton entraîneur ou par tes coéquipiers. C’est énorme pour ces jeunes-là.

Il porte sa main gauche à sa gorge pendant que l'arbitre lui pose une main sur le dos.

Rida Zouhir (à gauche) a été titularisé pour la première fois en 2023 contre Philadelphie.

Photo : Eric Bolte-USA TODAY Sports

Q. Ta blessure a mis fin à l’expérience Samuel Piette comme défenseur central, on le présume, du moins. Quel bilan en tires-tu?

R. Quand tu joues à une position qui est nouvelle pour toi, tu essaies de garder tout ça le plus simple possible. Tu ne veux pas commencer à réinventer le poste. Je suis resté un peu sur mes qualités, j’ai joué simple de derrière. Parce que là, tu es le dernier homme avant le gardien de but. Donc, si tu fais une erreur, ça peut coûter plus cher que quand tu es au milieu de terrain. Avec mon jeu physique aussi, c’est sûr qu’en tant que défenseur, tu as besoin de ce côté-là, que j’ai naturellement. J’ai été capable de gagner des duels physiques, mais peut-être pas de la tête parce que je suis assez petit si on me compare aux autres dans l’équipe. Mais il faut se donner à 100 %, faire le maximum pour aider l’équipe et l’entraîneur qui, justement, était un peu pris avec le manque de joueurs à cette position.

Je pense que j’ai bien dépanné. J’ai été déçu, évidemment, lors du match à Austin. Je reste sur le terrain, c’est 0-0, tout se passe bien, on n’est pas très en danger, puis je sors et là on se prend un but. Je ne dis pas que, si j’étais sur le terrain, on n’aurait pas pris ce but-là, aucunement. C’est juste que c’était un objectif que je m’étais fixé : tu joues en défense centrale, c’est bien de terminer le match sans but contre. Je l’ai fait pendant 72 minutes. Malheureusement, on a perdu ce match, mais j’ai quand même apprécié. C’est sûr que j’aime beaucoup mieux le milieu de terrain, mais c’était bien.


Q. On voit des joueurs et des joueuses de soccer prolonger leur carrière en reculant d’un cran sur le terrain…

R. Je ne suis pas là encore. J’ai 28 ans, je pense qu’il me reste encore de bonnes années en milieu de terrain. Je pense que j’ai encore l’énergie, la fougue et le désir de rester propre à mon style de jeu, qui est d’être le pitbull, de remporter des duels, de gagner des ballons. C’est mon pain et mon beurre. Après, c’est sûr qu’avec l’âge, peut-être que oui, je vais ralentir. Un poste de défenseur central qui est à l’aise balle au pied, un défenseur un peu plus technique, et non costaud, avec un gros niveau d’agressivité? Ce serait peut-être mon genre rendu un peu plus vieux. On verra. Mais pour l’instant, je ne suis pas là du tout.

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