Le CIO juge « déplorables » les pressions occidentales dans le dossier russe

Un drapeau de la Russie
Photo : afp via getty images / FABRICE COFFRINI
Le président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, a fustigé jeudi les réactions négatives de plusieurs pays européens à la réintégration partielle des Russes et des Bélarusses dans le sport mondial.
Il est déplorable de voir que ces gouvernements ne veulent pas respecter la majorité au sein du mouvement olympique ni l'autonomie du sport
, a déclaré à la presse le dirigeant allemand, après trois jours de réunion de la commission exécutive de l'instance.
L'insistance du patron du CIO sur l'autonomie
de la sphère sportive n'est pas nouvelle. Il avait été empêché de défendre son titre olympique de fleuret par équipe aux Jeux de Moscou, en 1980, à cause du boycottage de la compétition imposé par plusieurs gouvernements occidentaux à leurs athlètes.
Il avait d'ailleurs réaffirmé mardi, au moment où le CIO recommandait un retour partiel et sous conditions des Russes et des Bélarusses dans les épreuves internationales, le ferme refus de toute ingérence politique dans la capacité des organisations sportives à décider seules de la participation à leurs compétitions
.
Bach a nettement durci le ton jeudi après la colère de plusieurs gouvernements, de la ministre allemande des Sports dénonçant une gifle aux sportifs ukrainiens
au chef de la diplomatie polonaise évoquant un jour de honte pour le CIO
.
Il est déplorable que ces gouvernements ne traitent pas la question des doubles standards
, a même lancé le Bavarois, expliquant que sur les quelque 70 conflits armés en cours dans le monde
, seule la guerre en Ukraine entraîne des pressions politiques sur le monde sportif.
Les acteurs du mouvement olympique – comités olympiques nationaux, fédérations internationales, représentants des athlètes – sont très inquiets de la politisation du sport
, a-t-il ajouté.
Le patron du CIO a par ailleurs réitéré que l'instance déciderait le moment venu
d'une éventuelle participation des Russes et des Bélarusses aux JO de 2024. Les athlètes de ces pays seraient limités aux épreuves individuelles et sous bannière neutre.
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Une participation des Russes toujours incertaine
La recommandation du CIO de réintégrer les athlètes russes ne confirme en rien leur présence aux Jeux de 2024, a déclaré la ministre française des Sports et des Jeux olympiques, Amélie Oudéa-Castéra.
Une participation des sportifs russes à Paris, si celle-ci devait être décidée par les fédérations internationales, se déroulerait sous un régime strict de neutralité, sans bannière ni drapeau russe, sans hymne
, a rappelé la ministre, ajoutant que le président Emmanuel Macron s'exprimerait sur le sujet au cours de l'été.
Tout ceci est une étape qui ne préjuge en rien ce que nous ferons
pour les Jeux de Paris, a ajouté lors d'un déplacement en banlieue parisienne Amélie Oudéa-Castéra, première responsable française à s'exprimer sur le sujet depuis la recommandation émise mardi par le CIO.
C'est le CIO qui a le dernier mot, c'est le CIO qui fixe la condition de participation des athlètes aussi bien olympiques que paralympiques
, a encore déclaré Mme Oudéa-Castéra.
En revanche, il est évident que le chef d'État du pays hôte aura une voix qui sera écoutée dans cette réflexion que mènera le CIO
, a-t-elle souligné.
La ministre des Sports a indiqué qu'elle poursuivait ses échanges avec ses homologues des autres pays.
On progresse dans le décryptage de ce qui peut être fait de mieux
, a-t-elle ajouté, en marge de l'inauguration d'un planchodrome dans le cadre du plan 5000 terrains de sport
.
Le CIO a recommandé la réintégration des sportifs russes et bélarusses aux compétitions internationales, sous bannière neutre et à titre individuel
, pour ceux qui n'ont pas activement soutenu la guerre en Ukraine.
La commission exécutive de l'organisation décidera au moment approprié
de leur éventuelle participation aux Jeux de Paris, que l'Ukraine, la Pologne et les pays baltes menacent de boycotter en cas de présence russe, a annoncé le président du CIO Thomas Bach.