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Chronique

Le CIO tout gris, tout gris

Le drapeau russe devant les anneaux olympiques.

Le CIO recommande la réintégration des athlètes russes et bélarusses aux compétitions internationales.

Photo : Getty Images / ALEXANDER JOE

Ce n’est pas la Russie qui vient une fois de plus ternir les anneaux olympiques, mais plutôt la zone grise dans laquelle navigue le Comité international olympique (CIO) depuis trop longtemps.

Il n'y a aucune surprise mardi dans l’annonce de la position du CIO au sujet de la situation des athlètes russes et bélarusses en vue des Jeux de Paris en 2024. On remet dans la cour des fédérations internationales de chacun des sports la décision à prendre.

Cela va de soi, car celles-ci sont maîtres de faire ce qu’elles veulent avec leur sport. Lorsque la recommandation vient du CIO, est-ce vraiment un choix?

Ce n’est toutefois pas si clair. C’est très gris. Pour être admissibles, ces athlètes devront démontrer n’avoir jamais appuyé la guerre.

Sachant que près de la moitié des athlètes du ROC médaillés des derniers Jeux d’été faisaient partie de l'armée ou de la police, il sera intéressant de constater la porosité de ce filtre de sélection. S’ils passent ce test on ne peut plus nébuleux, ils seront sous une bannière neutre.

La fameuse bannière neutre dont on connaît tous l’origine.

C’est une patate chaude et, comme je l’ai déjà écrit, je crains le précédent que créera l’action de bannir une nation pour en avoir envahi une autre. Pour chaque futur conflit international, on se tournera vers les bureaux de Lausanne afin qu’ils jouent à la police du bien et du mal.

Être un leader, c'est prendre des décisions difficiles et en accepter les conséquences. Cela étant dit, je voyais deux solutions claires pour le CIO. Difficiles, mais claires. En naviguant dans le gris, on perd le respect des deux côtés.

La première, n'étant pas ma préférée, serait de permettre aux athlètes ayant rempli les critères d’admission à participer aux compétitions, non pas sous une bannière neutre, mais dans la délégation des réfugiés. Si vous ne le saviez pas, une équipe d'athlètes réfugiés existe depuis les Jeux de Rio en 2016.

De toute façon, le fait de s’opposer publiquement à l’invasion ferait inévitablement d’eux des réfugiés.

Ce compromis aurait comme réel impact d'être moins alléchant pour les dirigeants russes assoiffés de pouvoir d’appuyer leurs athlètes sous une bannière les dissociant vraiment de la patrie. Tant qu’on parle d’athlètes neutres, il sera facile pour eux d’utiliser les Jeux pour encore une fois montrer leur suprématie.

Il suffit de jeter un œil au tableau des médailles des Jeux de Tokyo en 2021 pour constater le ridicule en voyant la délégation neutre du ROC au 5e rang. Même s’il n’y a pas vraiment de délégation, tout simplement des athlètes neutres, on fera tous le lien avec la Russie et le Bélarus.

En plus, ils seraient encore plus forts, car deux nations seraient maintenant sous cette bannière.

On sait que le CIO est bien en contrôle de ses images lors des Jeux, donc si jamais l’équipe de réfugiés grimpait au classement des médailles, on devrait lire noir sur blanc l’écriture de RÉFUGIÉS, plutôt que RUSSIE.

Cette option vient avec plusieurs complications, j’en conviens. Alors, pourquoi ne pas se servir de la solution offerte sur un plateau d’argent avec la violation de la Charte olympique?

Cette invasion est survenue lorsque nous étions au cœur de la trêve olympique. Comme la Russie l’avait fait à la suite des Jeux de Sotchi en s’attaquant à la Crimée quelques jours après la cérémonie de clôture et pendant les Jeux paralympiques. Le scénario est identique 12 ans plus tard.

C’est pourtant simple. Le CIO aurait pu utiliser le moment du début de l’invasion et fermer la porte à toute forme de discussions tant et aussi longtemps que le conflit ne sera pas terminé. Pas de peut-être, de si, de oui, mais, ou d'on verra

Noir sur blanc : tant que la Russie ne respecte pas la Charte olympique, aucune discussion entre les deux parties n’est possible.

Plusieurs athlètes russes qui n’ont rien à voir avec les décisions de leur président en paieraient le prix, certes, mais dans la grisaille politique actuelle, c’est le reste du monde qui se retrouve dans un brouillard olympique.

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