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Le CIO recommande le retour des Russes en compétition, mais temporise pour les JO

Une femme agite un drapeau de la Russie devant le quartier général du Comité international olympique, à Lausanne, en Suisse.

Le CIO décidera au « moment approprié » de leur participation aux Jeux de Paris.

Photo : AFP/Getty Images / FABRICE COFFRINI

Agence France-Presse

Un retour limité, réversible et déjà controversé. Le Comité international olympique (CIO) a recommandé la réintégration des athlètes russes et bélarusses aux compétitions internationales, mardi, et décidera « au moment approprié » de leur participation aux Jeux olympiques de Paris.

Les sportifs concernés ne pourront concourir qu'en tant qu'athlètes individuels neutres, pour peu qu'ils ne soutiennent pas activement la guerre en Ukraine et ne soient pas sous contrat avec l'armée ou les agences de sécurité des deux pays, a annoncé à la presse le patron du CIO, Thomas Bach.

Surtout, l'organisation olympique ne recommande leur retour qu'à la condition qu'elle puisse être révoquée à la discrétion de la fédération internationale concernée, se gardant bien de trancher le sujet le plus explosif, soit leur participation aux prochains Jeux olympiques.

Alors que l'Ukraine, la Pologne et les pays baltes menacent déjà de boycotter les Jeux de 2024 en cas de présence russe et bélarusse, le CIO se prononcera sur cette question au moment approprié, à son entière discrétion, et sans être lié par les résultats de compétitions qualificatives, a annoncé le dirigeant allemand, se laissant ainsi une complète latitude.

D'ores et déjà, la ministre allemande des Sports Nancy Faeser a estimé que le retour des bannis était une gifle aux sportifs ukrainiens.

Le sport international doit condamner en toute clarté la guerre d'agression brutale menée par la Russie. Cela ne peut se faire qu'en excluant complètement les athlètes russes et bélarusses, a-t-elle indiqué dans un communiqué.

Loin d'applaudir la décision du CIO, le président du comité olympique russe, Stanislav Pozdniakov, qui avait réclamé une réintégration sans condition, a dénoncé des critères inacceptables et discriminatoires.

Pressé de clarifier sa position sur ce sujet diplomatiquement explosif, le CIO avait annoncé en décembre dernier explorer des moyens de ramener les Russes et les Bélarusses dans le giron du sport mondial, après avoir recommandé leur exclusion à la fin de février 2022 en raison de l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe, avec le soutien du Bélarus.

Après quatre mois de consultations avec l'ensemble du monde olympique, l'instance de Lausanne a choisi de laisser aux fédérations internationales et organisateurs de compétitions la responsabilité première d'inviter ou pas les sportifs des deux pays, se contentant de recommandations pour harmoniser leur approche.

L'exécutif du CIO suggère ainsi de maintenir l'exclusion de toutes les équipes russes et bélarusses, et de limiter le retour en compétition aux sportifs détenteurs d'un passeport russe ou bélarusse s'ils concourent à titre individuel et sous bannière neutre, respectent les réglementations antidopage et ne soutiennent pas activement la guerre en Ukraine, un critère qui s'annonce délicat à apprécier.

Pour Thomas Bach, la participation des Russes et des Bélarusses au circuit professionnel de tennis ou de cyclisme montre que cela fonctionne déjà, y compris lorsqu'ils doivent affronter des adversaires ukrainiens.

Il s'est surtout appuyé sur deux principes martelés depuis plusieurs mois, soit le refus de toute ingérence politique dans le sport et la non-discrimination de tout athlète, qui empêche, selon le CIO, d'exclure les Russes et les Bélarusses sur la seule base de leur passeport.

Laissées dans le flou ces dernières semaines, les fédérations internationales s'étaient déjà emparées de la question. L'athlétisme a confirmé jeudi dernier l'exclusion dans un futur proche des sportifs des deux pays, même si des épreuves qualificatives pour les prochains Jeux avaient commencé.

À l'inverse, l'escrime est devenue le 10 mars le premier sport olympique à les réintégrer à partir d'avril, au début de sa période de qualification, sous réserve d'éventuelles recommandations/décisions futures du CIO.

Or, les premières réactions ont illustré l'ampleur des difficultés à surmonter. La Fédération allemande d'escrime a ainsi renoncé jeudi dernier à organiser l'étape de Coupe du monde de fleuret féminin prévue au début mai à Tauberbischofsheim, jugeant qu'il restait trop de questions ouvertes sur la réintégration des tireuses exclues.

Quelques jours plus tard, la Fédération ukrainienne annonçait qu'elle boycotterait toute compétition dans laquelle des sportifs russes et bélarusses seraient engagés. Une menace qui plane plus que jamais sur les JO.

Les opposants outrés

Que s'est-il passé de positif du côté de la Russie pour que ses sportifs participent à des compétitions? Depuis Boutcha, Irpin, Gostomel! Depuis les bombardements quotidiens des sites civils! C'est un jour de honte pour le CIO, a écrit Piotr Wawrzyk, vice-ministre polonais des Affaires étrangères, sur Twitter.

La Pologne, l'Ukraine et les trois pays baltes ont souligné dans une déclaration commune, lundi, qu'il n'existait pas une seule raison de s'éloigner du régime d'exclusion des athlètes russes et bélarusses établi par le CIO il y a plus d'un an.

Ce n'est pas la nationalité des athlètes qui détermine leur rôle, mais le fait qu'ils soient parrainés et soutenus par leurs gouvernements ou entreprises soutenant le régime russe, qui poursuit sa guerre d'agression contre l'Ukraine, voire qu'ils soient affiliés directement avec l'armée russe, ont-ils ajouté.

Le ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Lipavsky, s'est quant à lui dit déçu par la recommandation du CIO sur Twitter.

Nous ne devons pas fermer les yeux face à la réalité. Le sport russe est sous le contrôle du Kremlin. Le régime russe ne sait pas ce qu'est l'esprit sportif et ses athlètes n'ont pas leur place aux Jeux olympiques, a-t-il ajouté.

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