Jean Pascal à court d’arguments face à Michael Eifert

Jean Pascal (à gauche) a subi une défaite par décision unanime contre Michael Eifert.
Photo : Bernard Brault/GYM
LAVAL – Jean Pascal a perdu son combat éliminatoire IBF des mi-lourds par décision unanime (118-110, 115-113, 117-111) devant l'Allemand Michael Eifert et 4112 spectateurs réunis, jeudi soir, à la Place Bell.
Tout au long de la soirée, Pascal a tenté de se sauver avec les rounds en y allant d'élans souvent vains pour impressionner les juges.
Eifert (12-1, 4 K.-O.) a parfois accusé les coups, mais a aussi su se replier quand la situation le demandait. Comme on l'a souvent vu au cours de la carrière de Pascal, ses énergies ont baissé rapidement au-delà du sixième round.
En l'emportant, Eifert devient l'aspirant obligatoire à la ceinture que détient Artur Beterbiev.
Jean Pascal (36-7-1, 20 K.-O.) souhaitait venger le revers subi par Éric Lucas devant Markus Beyer. Même l'utilisation de la musique de Lucas pour sa marche vers le ring n'aura pas suffi.
Eifert a commencé la bataille en force en allant chercher les deux premiers rounds pendant lesquels Pascal a paru attendre des ouvertures qui ne venaient pas.
Au troisième, Pascal a soulevé la foule pour la première fois en atteignant Eifert avec de bons crochets. Le quatrième s'est poursuivi dans la même veine, même si Eifert a fait payer chèrement ses attaques au Lavallois.
Les trois rounds suivants paraissaient pouvoir pencher d’un côté comme de l’autre, mais à la mi-combat, l’Allemand avait pris l’avantage.
Le visage déjà marqué et tuméfié, Pascal a paru perdre de sa superbe. Il n’avait plus cette fraction de seconde qui lui permettait souvent d’éviter les pires coups de ses rivaux.
Au fur et à mesure que l’on s’approchait des rounds de championnats (10e, 11e, 12e), il devenait clair que Pascal aurait besoin de tenir sa promesse de permettre à ses admirateurs de voir les semelles d’Eifert.
S’il a pu sortir des lapins de son chapeau dans les derniers rounds contre Badou Jack, Markus Browne et Meng Fanlong, cette fois, la magie n’a pas opéré.
Avec ce revers, l’heure est forcément à la réflexion pour Jean Pascal. Tout le monde ne devient pas Bernard Hopkins…

Michael Eifert (à gauche) et Jean Pascal (à droite)
Photo : Twitter/Fite TV
Deux perceptions opposées
Devant quelques journalistes et une salle de conférence surtout remplie d’amis et de membres de la famille de Jean Pascal, le principal intéressé a d’abord écouté le promoteur Yvon Michel vanter son immense carrière.
Il nous a encore une fois donné raison de vouloir organiser cet événement pour qu’il revienne se battre à la maison, devant les siens
, a reconnu le patron de GYM.
Puis, son entraîneur floridien Orlando Cuellar a profité de son temps au micro pour affirmer que la décision des juges représentait un véritable vol
, qu’il fallait réviser les cartes de pointage et que le résultat relevait davantage de la boxe amateur que des rangs professionnels
.
Quand on a demandé à Pascal ce qu’il pensait de sa performance, il abondait dans le même sens.
« J’ai donné les meilleurs coups. J’ai frappé plus souvent et plus fort. C'est moi qui mettais de la pression sur lui. En aucun moment je n'ai été en difficulté. Je ne comprends juste pas la décision. J'aurais voulu gagner ce combat pour faire un autre gros combat au Québec. Je crois que le Québec méritait ce combat-là, mais les juges en ont décidé autrement. »
Plus tard, Pascal a quand même admis du bout des lèvres qu’il ne se sentait pas aussi rapide qu’à l’habitude.
Cette défaite repousse un peu plus loin son objectif de se battre à nouveau pour un titre mondial.
Je vais devoir m’asseoir avec mon équipe avant de prendre une décision
, a indiqué Pascal peu après avoir balayé du revers de la main la suggestion d’un confrère anglophone qu’il ait pu laisser paraître son âge. Je crois encore que je suis un jeune 40 ans
, a-t-il lancé en esquissant un sourire à travers son visage enflé.
Vous l’avez deviné, le son de cloche était diamétralement opposé dans le camp du vainqueur.
Quand on a rapporté à Eifert que l’équipe de Pascal avait crié au vol, l’Allemand a répondu qu’il ne voyait pas comment son célèbre adversaire pouvait croire à ce qu’il avançait.
J’ai mieux boxé que lui. J’ai contrôlé le combat. J’ai même eu deux occasions où j’ai failli le mettre K.-O.
, a répliqué Eifert du haut de ses 25 ans.
Pour lui, le fait d’ajouter le nom de Jean Pascal à ses victoires constitue un haut fait d’armes. Il se réjouit d’avoir pu ainsi se rapprocher de son prochain objectif qui serait de battre Artur Beterbiev.
Soulignons enfin que dans le camp d’Eifert, on a été très impressionnés par la qualité et la transparence des juges.
C’est tout à l’honneur de votre régie et du Canada que d’offrir autre chose qu’une décision favorisant le boxeur local même quand il ne mérite pas de gagner
, a dit son gérant Benedikt Pölchau qui servait d’interprète à l’ensemble de l’équipe.
Quand on lui a fait remarquer qu’Éric Lucas aurait sans doute mérité un meilleur sort contre Markus Meyer, l’interprète a reconnu ce sérieux manquement allemand.
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Une ceinture pour Germain
On s'attendait à une confrontation serrée, on a plutôt eu droit à une savante démonstration de la part de Mathieu Germain (22-2-1, 9 K.-O.) qui, à son 25e combat chez les professionnels, a mis la main sur la ceinture IBF intercontinentale des super-légers.
Face à l'Ontarien Steven Wilcox (24-4-1, 7 K.-O.), Germain a livré un duel presque sans faille pour mériter une décision unanime de la part des trois juges, qui ont remis des cartes de 96-94, 97-93 et 97-93 pour le Montréalais.
Du premier au cinquième round, Germain a démontré toute la patience qu'il fallait pour contrer les attaques de son rival, pourtant avantagé par une plus longue portée. Victime de deux coups de tête, Germain a subi une coupure lors du deuxième, une coupure heureusement bien traitée pour lui permettre de terminer le combat.
Au-delà des points de suture dont il aura eu besoin, Germain est aussi rentré à la maison avec un titre qui va lui ouvrir les chemins et les portes qu'il espère atteindre depuis longtemps.
Occasion manquée pour Jessica Camara
Dans un combat pour la ceinture IBF internationale des super-légères, la Montréalaise Jessica Camara (10-4, 2 K.-O.) est arrivée à court de l'objectif, s'inclinant par mise hors de combat technique (arrêt de l'arbitre) à 1 min 46 s du quatrième round devant la Mexicaine Karla Ramos Zamora (10-9-1, 3 K.-O).
Celle qui a déjà perdu devant Marie-Ève Dicaire en 2016 et Leila Beaudoin en 2022 n'a pas fait de cadeau à Camara, qu'elle a martelée solidement dès le début de l'affrontement.
Les coups ont laissé des marques et Camara avait l'œil gauche qui se refermait de plus en plus avec chaque rafale. À la fin du troisième round, Zamora a enfermé Camara dans un coin et seule la cloche a sauvé la Canadienne.
Dès la reprise, Camara a encore cherché à échanger coup pour coup avec sa rivale, sauf qu'à ce petit jeu, la Mexicaine était visiblement mieux exercée. Voyant que Camara ne se défendait plus, l'arbitre Martin Forest a pris la bonne décision en extirpant Camara de sa situation difficile.
Nouveau plafond de Veyre
La médaillée d'or des Jeux panaméricains de Toronto 2015 et athlète olympique Caroline Veyre (3-0) est demeurée invaincue en trois combats chez les professionnelles en l'emportant par décision unanime (60-54, 59-55, 59-55) devant la championne de France des poids plumes, Anaëlle Angerville (5-2-1).
Cette dernière a livré un très bon premier round où elle semblait vite prendre la mesure de la Montréalaise. Les choses se sont malheureusement dégradées pour la Française qui ne parvenait plus à toucher Veyre, devenue plus mobile.
En plus d'esquiver habilement, Veyre a marqué des points avec des crochets et quelques bons uppercuts qui ont freiné les ardeurs de sa rivale.
Autres résultats
- Super-légers - Joseph Ward 9-1, 5 K.-O.) IRL bat Mario Andrade Rodriguez (7-1, 4 K.-O.) MEX -- TKO arrêt de l'arbitre (1:31 1er round)
- Mi-moyens - Yoel Angeloni (2-0, 1 K.-O.) ITA bat Alexander Calixto (1-2, 1 K.-O.) MEX -- TKO arrêt de l'arbitre (1:29 2e round)
- Poids coqs - Amanda Galle (8-0-1, 1 K.-O.) CAN bat Lorena Cruz Aispuro (4-3) MEX -- Décision unanime 79-73, 80-72, 80-72