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Les athlètes africains en faveur du retour des Russes sur la scène sportive

Un homme défile avec le drapeau russe aux Jeux olympiques.

Les athlètes russes seront-ils aux JO de Paris?

Photo : Associated Press / Mark Humphrey

Après l’Asie, c'est au tour de l’Afrique de réclamer le retour des athlètes russes et bélarusses dans les compétitions internationales et, surtout, aux prochains Jeux olympiques de Paris en 2024.

Réunis à Alger le week-end dernier, les représentants des athlètes africains ont voté à l’unanimité pour la réintégration des athlètes russes et bélarusses.

Avaient-ils vraiment le choix? Pas vraiment!

Au début du mois, l’ensemble des comités nationaux olympiques africains avaient déjà voté à l’unanimité pour demander la réintégration. Les athlètes ne pouvaient raisonnablement pas aller à l’encontre de la décision de leurs dirigeants.

Quand on connaît les débats tendus dans le sport africain, on peut tout de même se questionner sur le vote unanime des athlètes. Comme si on leur avait dicté la marche à suivre, la centaine d'athlètes réunis dans la capitale algérienne a repris à l’unisson la position du Comité international olympique (CIO), à savoir que la politique ne doit pas s'ingérer dans le sport et que les athlètes n’ont pas à payer le tribut de leurs dirigeants politiques.

Aucun athlète ne devrait être interdit de compétition sur la seule base de son passeport, avait déclaré le Comité exécutif du CIO en janvier dernier.

Ce qui est paradoxal dans cette décision, c’est que, d’un côté, les athlètes africains se disent apolitiques et, de l'autre, ils imitent les décisions prises par leurs dirigeants politiques respectifs.

Il faut se souvenir que la plupart des nations africaines ont refusé de s'allier aux pays occidentaux en ce qui concerne les sanctions économiques contre la Russie après l’invasion en Ukraine.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, et la ministre sud-africaine des Relations internationales, Naledi Pandor.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, et la ministre sud-africaine des Relations internationales, Naledi Pandor. Les engagements militaires et politiques entre la Russie et l'Afrique du Sud sèment le doute en Occident.

Photo : afp via getty images / PHILL MAGAKOE

Il ne faut pas oublier la forte présence russe en Afrique, surtout militaire. Cinquante pour cent des ventes d’armes proviennent de la Russie et on estime à plus de 200 milliards de dollars le montant des échanges entre le pays de Vladimir Poutine et le continent africain. Les trois voyages du ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, sur le continent africain depuis le début de la guerre sont un symbole fort de l’intérêt russe.

Sans oublier que les deux principaux investisseurs en Afrique sont la Chine et la Russie, deux puissances qui investissent dans l’énergie nucléaire, l’agriculture et les infrastructures. Ce n’est donc pas le fruit du hasard que cette coalition existe aussi dans le milieu sportif.

Il y a quelques jours, la Chine a signé une entente bilatérale avec les instances sportives russes. Près de 600 évènements sportifs sont prévus en 2013 afin que les athlètes bannis puissent se préparer en vue d’une éventuelle réintégration en 2024.

La riposte contre les initiatives des Occidentaux pour maintenir l'exclusion des athlètes russes et bélarusses commence à se dessiner.

Cinq hommes, assis devant des drapeaux, lors d'une visioconférence.

Réunion du BRICS en Chine, en 2022.

Photo : Associated Press / Li Tao (Xinhua News Agency)

Comme l’expliquait à Radio-Canada Sports Jean Lévesque, professeur d’histoire à l’Université du Québec à Montréal, la Russie prépare sa riposte avec ses alliés.

J’ai l’impression que les Russes se préparent peut-être à créer une coalition avec les pays du BRICS – le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud – pour déloger le CIO de son monopole occidental dans ses décisions.

Cette intuition commence à se vérifier. Depuis sa décision de bannir les Russes et les Bélarusses de toutes compétitions internationales, le CIO a fait marche arrière en réfléchissant maintenant à une forme de neutralité pour les réintégrer. Une position qui a soulevé l’ire de plus de 30 pays, dont le Canada.

Les athlètes africains n’avaient donc pas le choix dans leur vote unanime, d’autant qu’ils pourraient être les prochains sur la liste en se retrouvant dans la même situation que la Russie actuellement.

Un homme à un micro.

Mustapha Berraf, président de l'ACNOA.

Photo : getty images for anoc / Mark Runnacles

Le nombre de pays qui pourraient se faire la guerre en Afrique est malheureusement encore trop important. C’est peut-être dans ce sens que l’on doit interpréter la déclaration du président de l’Association des comités nationaux olympiques d’Afrique, Mustapha Berraf, lors de la 59e session au début du mois.

Si on en arrive à sanctionner des athlètes parce que leur gouvernement a fait acte de guerre, on doit faire de même avec d'autres pays, avait alors dit M. Berraf.

De son côté, Lukas Aubin, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), pense que le CIO s'est mis le doigt dans un engrenage dont il a du mal à se sortir.

Le CIO est tombé dans son propre piège, car il a bien conscience que s’il ne referme pas cette boîte de Pandore qu’il a ouverte, chaque fois que les Jeux olympiques vont se tenir sur tel ou tel territoire en guerre, chaque fois qu’un État sera en conflit avec un autre État, il devra arbitrer et prendre une décision, affirme Lukas Aubin. L’exclusion des Russes est donc un précédent et il faudra voir s’il va tenir sur la durée ou si le CIO ne va pas la refermer.

Entérinée par l’Afrique et ses athlètes, la position du CIO de ne pas politiser le sport est de plus en plus intenable. Il va vraiment falloir que Lausanne mette fin à ce que certains appellent le funambulisme diplomatique.

Le mouvement olympique vit en équilibre et joue aujourd'hui sa crédibilité. Persister à vouloir rester sur un fil mince est un jeu dangereux.

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