Le saut dans l’inconnu de Jamie Chadwick en Amérique du Nord

Jamie Chadwick s'est exilée aux États-Unis pour poursuivre sa carrière.
Photo : Indy NXT
La pilote britannique Jamie Chadwick, trois fois titrée en W Series, fera ses débuts dans le Championnat Indy NXT avec l'équipe Andretti Autosport ce week-end, à St. Petersburg, en Floride.
Jamie Chadwick s'est installée à Indianapolis la semaine dernière où elle a un pied-à-terre pour la saison.
La Britannique a obtenu un volant à plein temps dans ce championnat qui est l'antichambre de la série Indycar. Il y a 14 courses au programme disputées sur 11 circuits américains entre mars et septembre.
Bien sûr, il y a beaucoup d’inconnus, mais j’ai vraiment hâte, dit Jamie Chadwick à Radio-Canada Sports. Je vais aller chercher tout ce que je peux aller chercher, et en profiter au maximum.
Pour l'athlète de 24 ans, c'est le début d'un nouveau chapitre de sa carrière après trois ans dans la W Series qui ont mis en valeur ses habiletés de pilote. Elle voulait passer à l'étape suivante, soit trouver un volant à temps plein et participer à un championnat qui lui permettrait d'affronter des hommes.
C'est chose faite, mais pas en Europe comme elle l'aurait souhaité.
Ça ne me choque pas, affirme celle qui a remporté la première course de l'histoire de la W Series. C’est la loi du sport, et comme je veux progresser, comme je veux franchir une étape dans ma carrière, je pars donc aux États-Unis. Je ne suis pas la seule à vivre ça.
Je ne peux pas dire que j’ai choisi d’aller aux États-Unis. J'ai eu la chance de faire un essai à Sebring l’an dernier [le 21 septembre, NDLR], ce qui m’a permis de découvrir la monoplace de l’Indy NXT et de rencontrer les gens de l’équipe Andretti Autosport.
Chadwick avait parcouru ce jour-là plus de 330 km sur le circuit routier de Sebring, en Floride. Un premier contact concluant.
Les portes se sont ouvertes après cet essai, précise-t-elle. J’ai reçu l’aide financière de l'entreprise DHL pour piloter chez Andretti Autosport. C’est une occasion qui ne s’est pas présentée pour moi en Europe. C’est une marche qui est haute, mais l'occasion est vraiment intéressante.
Jamie Chadwick garde en tête son objectif de faire un jour de la F1. Le plus important pour elle, pour tenter d'atteindre son but, c'est de progresser et d'avoir des résultats où qu'elle soit sur la planète.
Cet exil aux États-Unis lui donnera à l'occasion d'élargir ses horizons. Ce n'est donc pas pour elle un pas de côté sur le chemin de la réussite.
« Ce séjour aux États-Unis, je ne le vois pas du tout comme un détour vers le but que je me suis fixé, mais comme la suite de mon parcours en course automobile. »
Moi, j’ai eu la grande chance de pouvoir poursuivre ma carrière en courant dans la W Series qui a financé à 100 % mes trois saisons, rappelle-t-elle. Je voulais poursuivre sur ma lancée et j’ai la chance de pouvoir le faire en Amérique du Nord, et même si ce n’est pas en Europe, je suis consciente de la grande chance que j’ai.
À sa première saison en Indy NXT, Jamie Chadwick est dans l'une des meilleures équipes, qui a remporté trois fois le titre dans les quatre dernières saisons.
Elle a hâte de pouvoir piloter à plein temps dans ce championnat qui sert de vivier à la série Indycar. Elle fera partie des dix pilotes recrues inscrits, dont son coéquipier et compatriote Louis Foster.
Je vise le titre de recrue de l’année, bien sûr, mais au bout du compte, je veux faire du mieux que je peux, précise-t-elle prudemment. Et j’ai toute confiance qu’avec l’équipe Andretti Autosport, on pourra rouler en avant.
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Le Championnat Indy NXT utilise des monoplaces à châssis Dallara à moteur 4 cylindres développant 500 chevaux-vapeur, équipés de pneus Firestone. Par comparaison, les monoplaces de la W Series utilisaient, en 2022, des châssis Tatuus de type F3 à moteur turbo 4 cylindres développant 270 chevaux-vapeur.
Lors de son essai à Sebring, elle a trouvé l'expérience très physique
.
Ces monoplaces de l’Indy NXT sont une coche au-dessus en matière de performance, a constaté Chadwick. Elles sont nettement plus rapides. En fait, ce ne sont pas les mêmes sensations. Ces voitures valorisent le travail du pilote, car elles sont assez nerveuses, il est donc facile de faire des erreurs. Si on ne fait pas d’erreur sur un tour, c'est très satisfaisant, et c’est ce que je recherche.
Jamie Chadwick ne veut pas faire de faux pas à sa première sortie, car de ce côté-ci de l'Atlantique, on ne la connaît pas. Elle a fait récemment deux journées d'essais de pneus (car l'Indy NXT a un nouveau fournisseur en 2023).
On scrutera ses performances, elle qui sera la seule femme dans un peloton de 18 hommes, dès son entrée en piste à 13h55 (HNE) pour la première séance d'essais libres de la course de St.Petersburg.
Horaire du week-end :
- Première séance d'essais libres (45 minutes) : vendredi 3 mars à 13 h 55 (HNE)
- Deuxième séance d'essais libres (45 minutes) samedi 4 mars à 9 h
- Séance de qualification (20 minutes) samedi 4 mars à 13 h 35
- Course de 60 minutes dimanche 5 mars à 9 h 55
La pilote britannique devra prouver qu'elle mérite sa place.
Je vais me concentrer sur mon travail pour aller chercher le maximum de la voiture, explique-t-elle. Si j’y arrive, et que les résultats suivent, c’est ce qui compte et c’est ce que les gens remarquent. Bien sûr, les gens qui ont suivi la W Series me connaissent, mais en Amérique du Nord, je ne sais pas, donc je dois saisir cette occasion pour pouvoir progresser.
Son contrat d'une saison ne lui donnera pas beaucoup de marge de manœuvre.
Je sais que je dois me montrer performante pour assurer ma place dans l'équipe, précise-t-elle. Ce ne sera pas une année facile, j’ai tant de choses à apprendre. C’est clair que la marche est haute pour moi, mais je suis convaincue qu’on peut connaître une bonne saison, car je suis dans une très bonne équipe. Je me sens très bien entourée chez Andretti Autosport.
Sans compter que si les résultats sont au rendez-vous, les débouchés pour Jamie Chadwick seront nombreux au sein d'Andretti Autosport, qui a son équipe en IndyCar, une autre en formule E et qui travaille à bâtir une équipe de F1 avec la marque Cadillac.
Si après l’Indy NXT, je peux piloter en Indycar, je le ferai. Mais je garderai un œil sur toutes les occasions de revenir courir en Europe. En F2, par exemple. J’y réfléchirai en temps voulu. Il y a beaucoup de ressources chez Andretti Autosport sur lesquelles je peux m’appuyer et qui me permettront d’en apprendre encore plus. C’est une structure très intéressante de ce point de vue. Mais, je ne me projette pas aussi loin.
Pour garder un pied en Europe, Jamie Chadwick poursuit en 2023 son travail en simulateur pour l'équipe F1 Williams et suivra l'équipe de course à certains grands prix.
Un rôle de soutien indispensable qui aide les ingénieurs à faire évoluer la monoplace de circuit en circuit, tout au long de la saison.
Un rôle qui obligera la jeune femme à faire des allers-retours entre les week-ends de course. Un pari risqué qu'elle est prête à prendre.
Comme je vis en Angleterre, je vais avoir un pied à terre à Indianapolis. C’est vrai que je vais faire beaucoup d’allers-retours entre l’Europe et l’Amérique du Nord. J’ai remarqué que les calendriers des deux championnats s’imbriquent relativement bien et ça devrait me permettre de faire tout ce que j’ai à faire.
La priorité ira à son travail en piste, mais sans s'éloigner trop de la communauté F1.
C’était très important pour moi de garder ce lien avec Williams. Je vais continuer mon travail en simulateur. Je garde en tête mon but de pouvoir éventuellement piloter la Williams, rappelle-t-elle. Mais pour cela, j’ai beaucoup de travail à faire en coulisses, notamment en ce qui concerne le développement.
Ce n'est donc pas pour demain, et c'est sans doute pour cela, que la pilote britannique a reçu le feu vert de l'équipe Williams pour aller travailler aux États-Unis.
L’équipe Williams, avec laquelle je travaille depuis 2019, me soutient dans ma démarche d’aller courir en Amérique du Nord. Williams joue un grand rôle dans ma carrière, et je suis heureuse qu’Andretti Autosport ait compris ça.
Une fois sa saison Indy NXT terminée, Jamie Chadwick espère être à Austin avec l'équipe Williams pour le Grand Prix des États-Unis. Elle veut pouvoir applaudir les femmes pilotes du tout nouveau championnat F1 Academy, créé par le groupe Formula One, convaincu par le succès de la W Series.
La F1 Academy, qui a pris la place de la W Series, couronnera à Austin sa première lauréate parmi les 15 femmes pilotes engagées. Le calendrier de sa saison inaugurale comporte 21 courses disputées sur 6 circuits européens et un américain, dans le cadre du week-end du grand prix de F1.
Malgré les voix critiques de quelques femmes pilotes, notamment celle de l'Allemande Sophia Flörsch qui court cette saison en F3, le concept d'un championnat 100 % féminin survit à la mort de la W Series.
Sur le court terme, un championnat 100 % féminin est une bonne avenue, soutient la pilote britannique. Ça permet de donner des emplois à des femmes, de créer des occasions pour les femmes, et ce que je trouve le plus important, ça donne le goût aux jeunes filles de s’impliquer en course automobile.
Mais il n’y a pas qu’une avenue pour y arriver, nuance-t-elle. Toute initiative pour promouvoir la course automobile au féminin est une bonne chose et doit être considérée comme positive.
Jamie Chadwick ne pourra pas être avec l'équipe Williams au Grand Prix du Canada le week-end du 18 juin, car elle sera au Wisconsin.
C’est vrai que je ne pourrai pas me rendre à Montréal, je le regrette, car durant ce même week-end, l'Indy NXT est à Elkhart Lake au circuit Road America, mais j’espère me rendre aux autres grands prix F1 en Amérique du Nord.
Jamie Chadwick va vivre en 2023 une année très chargée, faite de courses, de voyages, de travail sur deux continents.
C'est le prix à payer pour progresser, alors je fonce,
conclut Jamie Chadwick, plus déterminée que jamais.