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Chronique

Lou Lamoriello, l’âge et le rapport avec le temps

Un homme d'un certain âge porte un manteau avec le logo des Islanders de New York.

Lou Lamoriello

Photo : Getty Images / Bruce Bennett

Les décisions que prennent les dirigeants d’équipes professionnelles en disent parfois très long sur leur état d’esprit.

Au cours des 35 dernières années, le directeur général des Islanders de New York, Lou Lamoriello, s’est constamment distingué par son intransigeance à l'occasion des négociations contractuelles. Au point où les agents qui ont négocié avec lui avaient souvent l’impression que chaque dollar consenti à leurs clients sortait directement du compte de banque du DG.

Lamoriello a utilisé maints stratagèmes au fil des ans pour convaincre ses joueurs d’accepter des salaires inférieurs à leur véritable valeur sur le marché.

C’est ainsi, notamment, que le gardien ayant remporté le plus grand nombre de victoires dans l’histoire du hockey, Martin Brodeur, n’a jamais été le mieux payé de sa profession.

Lou Lamoriello est maintenant âgé de 80 ans. Peu de gens oseraient dire qu’il a ramolli en vieillissant. Par contre, en le voyant consentir un contrat de 8 ans d’une valeur de 68 millions à l’attaquant Bo Horvat ces derniers jours, on peut certainement se demander si le rapport qu'il entretient avec le temps a changé.

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À la fin de la saison dernière, le vénérable DG des Islanders avait jeté le monde du hockey à la renverse en congédiant l’un des meilleurs entraîneurs du monde, Barry Trotz.

Arrivé à Long Island en 2018 immédiatement après avoir remporté la Coupe Stanley à Washington, Trotz avait rapidement transformé les Islanders en formation de premier plan. Dès leur première saison sous sa gouverne, les Insulaires étaient spectaculairement passés du dernier au premier rang de la LNH en défense. Et lors des deux campagnes suivantes, en 2019-2020 et 2020-2021, les Islanders avaient participé à la finale de l'Association de l’Est.

La saison 2021-2022 s’était avérée moins facile. La construction de leur nouvel amphithéâtre n’étant pas finalisée, les Islanders avaient entamé leur calendrier avec 13 matchs consécutifs à l’étranger. Cette séquence ardue, ainsi qu’une avalanche de blessures, s’était avérée fatale. Et les Islanders avaient terminé au 9e rang dans l’Est, ratant les séries par 16 points.

Impatient, Lamoriello a rapidement sauté sur l’occasion. Il a congédié Trotz et l’a remplacé par son adjoint Lane Lambert.

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Cette saison, la nomination de Lambert n’a rien changé aux performances des Islanders. Ils sont toujours efficaces en défense, mais leur attaque se situe autour du 25e rang de la LNH. Et leur attaque massive, imaginez-vous, est presque aussi lamentable que celle du Canadien.

Les Islanders ne figurent pas parmi les huit équipes qualifiées pour les séries. Et Lou Lamoriello se comporte comme si l’avenir était maintenant, ou comme si son avenir personnel dépendait de l’obtention d’un billet pour le tournoi du printemps.

La semaine dernière, il a cédé aux Canucks de Vancouver l’attaquant québécois Anthony Beauvillier et le plus bel espoir de son organisation, l’attaquant Aatu Raty, ainsi qu’un premier choix au repêchage de 2023. En échange, les Islanders ont mis la main sur le centre de 27 ans Bo Horvat.

Bo Horvat regarde droit devant.

Bo Horvat

Photo : La Presse canadienne / DARRYL DYCK

Puis dimanche dernier, les Islanders ont annoncé qu’ils avaient consenti 68 millions à Horvat, dans une entente qui prendra fin au terme de la saison 2030-2031.

C’est un contrat trop long et trop cher, a lancé Lou Lamoriello lorsque les représentants de la presse l’ont invité à commenter cette entente.

Beaucoup de gens ont tenu pour acquis que le DG des Islanders blaguait. En revanche, ceux qui connaissent son passé ont probablement trouvé qu’il faisait preuve d’une grande franchise.

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Dans l’immédiat, cet échange apparaît comme susceptible de corriger la trajectoire des Islanders.

Horvat a inscrit 31 buts, dont 11 en avantage numérique, en 49 matchs cette saison dans l’uniforme des Canucks. Il se dirigeait donc vers une impressionnante récolte de 52 filets et de près de 90 points quand l'échange est survenu. Il faudra toutefois voir si Horvat parviendra à soutenir un tel rythme dans une équipe à caractère défensif.

Il est tout à fait raisonnable d’en douter. Parce qu’avant la présente saison, Bo Horvat présentait une moyenne de 24 buts et 52 points par tranche de 82 matchs. On parle ici d’une tendance lourde qui s’est implantée lors des 572 premiers matchs de sa carrière, par rapport aux 50 rencontres auxquelles il a pris part cette saison.

Il faut aussi noter que Horvat affiche un hallucinant taux de succès cette saison lorsqu’il tire au filet. Il a jusqu’à présent secoué les cordages sur 21,7 % de ses tirs, comparativement à 13,1 % dans ses huit premières saisons. À titre comparatif, Alex Ovechkin, le deuxième meilleur buteur de l’histoire, a surpassé les 15 % de réussite seulement deux fois durant sa carrière.

Les chances que Horvat tienne cette cadence sont donc très minces.

Sa situation rappelle un peu celle de William Karlsson, qui était devenu un marqueur de 43 buts dans la première saison d’existence des Golden Knights de Vegas. Karlsson avait alors maintenu un taux de succès de 23,37 %. Mais par la suite, le naturel est revenu au galop et Karlsson est redevenu un marqueur de moins de 20 buts.

Comme il le dit lui-même, Lou Lamoriello a probablement consenti un contrat trop lourd et trop long à Bo Horvat. Mais lorsqu’on est âgé de 80 ans, on se soucie peut-être beaucoup plus des deux premières années d’un contrat de huit ans que des deux dernières.

Un bandeau annonçant le balado de Radio-Canada Sports : Tellement hockey

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