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Chronique

Les matchs des étoiles et le déclin de l’empire canadien

Deux joueurs de hockey posent pour la caméra avant un match des étoiles.

Connor McDavid et Sidney Crosby

Photo : Getty Images / Bruce Bennett

Entamons cette chronique par une petite mise en situation. Vous êtes PDG d’une multinationale, disons Coca-Cola, qui occupe depuis toujours une position dominante dans son marché. Puis, soudainement, vos parts de marché commencent à s’effriter et cette spirale descendante ne cesse de s’accentuer. Combien de trimestres ou d’années patienterez-vous avant d’envisager une nouvelle stratégie?

Revenons maintenant au sport.

Des gens ont déploré la semaine dernière qu’aucun hockeyeur québécois n’ait été sélectionné pour participer aux matchs des étoiles de Ligue nationale de hockey (LNH). Or, un tel blanchissage allait inévitablement survenir un jour puisqu’à peine une trentaine de Québécois détiennent encore des postes permanents dans la meilleure ligue du monde.

Je ne m’étendrai pas là-dessus parce que la diminution du nombre de hockeyeurs québécois dans la LNH a déjà été largement documentée dans le passé.

Je m’y suis particulièrement intéressé au cours des 18 dernières années. De surcroît, une réflexion en profondeur est déjà entamée dans le but d’améliorer, de façon générale, le hockey mineur québécois.

***

N’empêche, en consultant les formations finales des équipes d’étoiles de la LNH la semaine dernière, j’ai été surpris de constater que seulement 12 des 44 joueurs retenus (27,3 %) étaient Canadiens, et qu’un nombre supérieur d’Américains (13) avaient été sélectionnés.

Bien sûr, il faut prendre les formations des matchs d’étoiles avec un grain de sel parce que plusieurs joueurs étoiles préfèrent ne pas y participer afin de profiter d’une semaine de vacances. Aussi, les blessures et la règle voulant qu’au moins un joueur de chaque équipe soit invité font en sorte que les matchs d’étoiles de la LNH ne réunissent pas les 44 véritables meilleurs joueurs de la planète.

Cela dit, il faudrait être aveugle pour ne pas constater que la place des hockeyeurs canadiens dans la ligue fond comme neige au soleil.

À titre d’exemple, durant la saison 1991-1992, 68,3 % des patineurs qui avaient disputé au moins 20 matchs dans la LNH étaient des Canadiens, et seulement 18,6 % étaient des Américains. Trente ans plus tard (la saison dernière), le poids démographique des Canadiens avait fondu à 43,4 % et celui des Américains avait grimpé à 28,2 %.

Entre 1992 et 2022, la LNH est passée de 22 à 32 équipes. Malgré le fait que 230 joueurs supplémentaires fassent désormais partie de la ligue, le nombre réel de joueurs canadiens a reculé, passant de 345 à 314. Toutefois, durant la même période, le nombre de hockeyeurs américains a plus que doublé, passant de 94 à 204.

Si la tendance se maintient, il devrait donc y avoir plus d’Américains que de Canadiens dans la LNH dans une dizaine d’années.

***

Quand on avait commencé à mesurer le déclin des hockeyeurs québécois dans la LNH au milieu des années 2000, on observait parallèlement une baisse qualitative du niveau des joueurs restants.

Par exemple, les hockeyeurs du Québec qui parvenaient à se hisser parmi les meilleurs marqueurs de la ligue étaient de plus en plus rares.

Or, on observe désormais la même chose pour les patineurs du Canada.

Cette saison, on ne retrouve qu’un seul Canadien parmi les 10 premiers marqueurs de la LNH : Connor McDavid.

Une telle chose ne s’est jamais produite dans l’histoire.

En revanche, quatre attaquants américains apparaissent dans ce club sélect.

Historiquement, le Canada avait toujours misé sur un bassin de développement plus important que celui des États-Unis, mais ce n’est plus le cas. Hockey Canada et USA Hockey sont désormais nez à nez avec quelque 540 000 membres chacune. Ces chiffres feront peut-être conclure à certains que la perte de terrain à laquelle on assiste est tout à fait normale.

Cela nous ramène quand même à la question du départ. Si vous étiez à la tête du système de hockey canadien, pendant combien de temps accepteriez-vous de perdre du terrain avant de réagir, de réévaluer votre stratégie et de modifier votre approche?

Un bandeau annonçant le balado de Radio-Canada Sports : Tellement hockey

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