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Chronique

Les bosseurs sont bien les plus complets sur la montagne

Des skieuses sur un podium

Justine Dufour-Lapointe (au centre) a remporté sa première épreuve du Freeride World Tour cette semaine.

Photo : Freeride World Tour

Avec sa victoire extraordinaire à son deuxième départ sur le Freeride World Tour, Justine Dufour-Lapointe a prouvé une théorie que je chéris depuis longtemps.

C’est-à-dire que les bosseurs sont les skieurs les plus complets sur la montagne.

J’entends déjà mes amis du monde du ski alpin manifester, mais laissez-moi m’expliquer.

Il y a toujours eu une certaine rivalité entre le ski acrobatique et le ski alpin. Combien de fois ai-je entendu dire que les skieurs de bosses ne savent pas vraiment skier, car au lieu de bien tailler les courbes ils ne font que déraper et pivoter.

Et nous, les bosseurs répondons que les skieurs alpins sont incapables de skier si la piste n’est pas fraîchement damée.

C’était toujours de bonne guerre, une espèce de relation amour-haine entre les deux clans. J’avoue, j'en faisais une affaire personnelle à l’époque, mais maintenant j’en rigole.

Une chose est certaine, le ski de bosses permet de développer plusieurs aptitudes pour faire face à toutes les conditions et à tous les environnements qu’offre la montagne. Je parle ici d’équilibre, de sens aérien, de réflexes et, surtout, d'une capacité d’adaptation extraordinaire afin d’anticiper et de maîtriser tout ce qui se présente sous les spatules.

Il est facile de skier dans la poudreuse après avoir skié des bosses glacées toute sa vie.

Il est facile de skier dans le bois après avoir skié trois bosses à la seconde toute sa vie.

Il est facile de sauter une falaise et d'atterrir dans la poudreuse quand on a atterri dans les bosses toute sa vie.

Pour plusieurs d’entre vous qui regardez le ski de bosses, vous n’y voyez qu’un skieur qui frappe les bosses de gauche à droite avec un mouvement de piston permettant de rester le plus possible en contact avec la neige. Mais il y a tellement plus qui se passe techniquement quand l’objectif est d’être à la limite du contrôle et même de duper les juges alors qu’on a complètement perdu ce contrôle.

Justine Dufour-Lapointe

Justine Dufour-Lapointe quand elle était encore une spécialiste des bosses.

Photo : La Presse canadienne / Jeff Swinger

Vous savez, ceux qui ont inventé les trois plus récentes disciplines du ski acrobatique (descente acrobatique, grand saut et demi-lune) étaient tous des skieurs de bosses. On parle ici de Jean-François Cusson, Vincent Dorion et feu JP Auclair.

Plus récemment, celui qui a battu tous les records de nombres de visionnements pour des vidéos de ski, Candide Thovex, est un ancien bosseur.

Marc Abma, qui était dans l’équipe canadienne de ski de bosses, est maintenant une des figures dominantes dans l’industrie des films de ski hors-piste (backcountry).

Il y a deux autres skieuses de bosses qui, dans les dernières années, ont fait le saut vers le ski libre comme Justine, la Franco-Allemande Léa Bouard et la Norvégienne Hedvig Wessel.

Je pense que vous comprenez mon point, mais j’ai quand même voulu vérifier si ma théorie tenait toujours la route avec la génération présente. J’ai donc contacté nul autre que Jean-François Cusson qui est encore un des meilleurs entraîneurs sur le circuit. Sans hésitation, il m’a confirmé que plusieurs athlètes des derniers X Games étaient de très bons skieurs de bosses. Les plus grands noms étant le Canadien Teal Harle (médaillé d’argent au grand saut) et l'Américain Mac Forehand (gagnant du grand saut et médaillé d’argent à la descente acrobatique).

Justine Dufour-Lapointe a remporté la première victoire de sa carrière sur le Freeride World Tour. (Images : Freeride World Tour)

C’est donc pour cette raison que les clubs de ski acrobatique du Québec tentent toujours d’exposer les jeunes athlètes à toutes les disciplines : bosses, grand saut (big air), descente acrobatique (slopestyle), saut acrobatique, et demi-lune.

Ce principe confirme bien l’importance de l’approche multidisciplinaire afin de permettre aux jeunes de développer plusieurs aptitudes physiques. S’ajoute à ça un des facteurs les plus importants pour stimuler les enfants : le plaisir! Le plaisir d’explorer plusieurs activités différentes plutôt que de toujours faire la même chose.

Pour en revenir à Justine, je dois avouer avoir été agréablement surpris de la voir gagner si rapidement. En plus, sur un parcours où elle n’a même pas eu à utiliser son atout, le saut périlleux arrière. Cette capacité à faire des sauts périlleux arrière dans un parcours de bosses glacées sur une pente de 30 degrés lui permettra sûrement de dominer le Freeride World Tour. Elle doit maintenant négocier avec des falaises rocheuses où les conséquences sont possiblement plus graves que sur une piste de bosses. Mais connaissant Justine, c’est exactement le genre de défis qui la motive.

La prochaine étape est au Canada, à Kicking Horse, le 17 février.

Petite note sur les bosseurs

Parlant de ski de bosses, j’en profite pour féliciter Elliot Vaillancourt (5e), Julien Viel (9e) et Louis-David Chalifoux (10e) qui pour une deuxième semaine d'affilée se sont joints à Mikaël Kingsbury dans une finale de la Coupe du monde. Ils ont réussi l’exploit sur le parcours mythique de Deer Valley. Alors, sans vouloir leur mettre trop de pression, je pense qu’on aura droit à une fin de saison très excitante pour l’équipe canadienne.

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