Une première, la FIS organise des mondiaux de paraski alpin et de paraski de fond

Les paraskieurs Frédérique Turgeon, Kurt Oatway et Alexis Guimond
Photo : Gracieuseté : Canada Alpin - Marcus Hartmann
Les Championnats du monde de paraski nordique et de paraski alpin se déroulent de façon simultanée. Et, pour la première fois, ces compétitions sont organisées par la Fédération internationale de ski (FIS).
Pendant que les Canadiens remportent de nombreuses médailles en paraski de fond et en parabiathlon à Östersund, en Suède, Frédérique Turgeon, Alexis Guimond et le reste de l’équipe canadienne dévalent les pentes en paraski alpin à Espot, en Espagne.
C’est en juillet 2022 que le Comité international paralympique a transféré la gouvernance des sports de paraski alpin, de paraski nordique et de parasurf des neiges à la FIS. Quelques semaines plus tôt, lors d’un congrès de la FIS, 54 % de ses membres avaient approuvé la décision que les para-athlètes se joignent à leur grande famille.
Depuis ce temps, tout est en place pour que la transition soit la plus facile.
L’intégration des différentes disciplines paralympiques dans les structures FIS est un processus complexe, mais jusqu’à présent, nous pouvons être très satisfaits de l’élan que nous avons acquis. À chaque étape du processus, nous avons le soutien total de la haute direction et le bien-être des para-athlètes est toujours une priorité absolue, affirme Antonio Chicaru, coordonnateur du paraski alpin et du parasurf des neiges à la FIS. Le plan de quatre ans est d’intégrer pleinement ces disciplines dans toutes nos structures, y compris les services informatiques et le développement et la haute performance.
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Au pays, on voit ce nouveau chapitre d’un bon œil. Il ne s’agit pas d’une surprise et c’est donc une transition normale. Ce scénario existe depuis longtemps au Canada. Avant le début des Championnats du monde, une seule Coupe du monde s’est tenue sous la gouverne de la FIS.
Jusqu’à présent, aucun changement majeur n’a été noté dans l’organisation des événements, mais de bonnes questions sont posées au sujet du quoi, du pourquoi et du comment des événements para-nordiques, donc je prévois que durant cette transition, nous pourrions voir des ajustements et changements, dit Kate Boyd, directrice de la haute performance à Nordiq Canada. J’attends avec impatience les conversations et d’autres questions tout au long de la saison. Et grâce à la création des comités "para" sous la FIS, on pourra voir plus de courses et des événements para-nordiques passionnants et compétitifs.
Sur le terrain, la supervedette de ski de fond Brian McKeever, maintenant l’entraîneur de l’équipe canadienne de paraski nordique, a remarqué quelques changements.
C’est évident que la FIS est un peu plus stricte, surtout en ce qui concerne les règles entourant les commanditaires. Il y aura surement une période d’adaptation. Je suis convaincu qu’il faudra respecter les horaires d’entraînement et ne pas faire comme dans le passé et chausser nos skis quand on le voulait pour aller s’entraîner.
Frédérique Turgeon, membre de l’équipe canadienne de paraski alpin, abonde en ce sens.
Avec l’ancienne fédération, l’horaire des courses et des entraînements était beaucoup plus flexible. Les gens de la FIS sont plus professionnels et sont très efficaces. Nous, les athlètes, on aime ça quand c’est professionnel et on sait où on s’en va.
Le système de classification
La classification est un élément important du mouvement paralympique. Cela permet de regrouper des athlètes avec des handicaps différents, mais avec des habiletés physiques similaires pour avoir des compétitions les plus équitables possibles. Un peu comme le système de pesée en boxe ou en judo où tous les athlètes de même poids sont regroupés.
Dans toutes les épreuves de paraski alpin ou de paraski nordique, les athlètes sont regroupés en trois catégories : debout, assis et déficience visuelle. Une factorisation préétablie est appliquée au temps final de l’athlète selon sa classification.
Par exemple, dans les courses de paraski de fond pour athlètes avec une déficience, les athlètes avec la classification B3, ceux avec la meilleure vision, auront 100 % de leur temps à la ligne d’arrivée comme résultat final, tandis que les athlètes avec la classification B1, qui ont la moins bonne vision, auront 86 % de leur temps à la ligne d’arrivée comme résultat final. Ce système permet d’avoir un plus grand nombre d’athlètes lors d’une compétition, mais cela ne fait pas que des heureux.
Le système de classification est également une priorité absolue où la FIS cherche constamment des moyens d’améliorer le système actuel
, mentionne Chicaru.
Il est conscient que le changement ne sera pas rapide. Mais des consultations avec plusieurs parties prenantes devront avoir lieu.
Turgeon, qui a participé à deux Jeux paralympiques et qui s’illustre sur la scène internationale depuis quelques années, n’est pas contre ces révisions.
Dans certaines courses, il y a des athlètes qui gagnent par plusieurs secondes. Ils pourraient manquer une porte, remonter la pente pour la reprendre et quand même gagner une médaille d’or. À ce niveau-là, ça ne devrait pas arriver. On ne peut pas manquer une porte et remporter une médaille
, affirme-t-elle.
McKeever, pour sa part, demande à faire preuve de prudence avant de faire des changements importants. Le système qui a été mis en place permet un certain équilibre, mais il admet tout de même qu’il n’est pas parfait. La classification est complexe et difficile à comprendre pour les néophytes afin de rendre les courses plus excitantes. En paraski de fond, il est impossible de faire des départs de masse. Il s’agit toujours de courses contre-la-montre pour les épreuves plus longues.
La FIS est l’une des plus importantes fédérations internationales. On aura la chance de voir si les sports paralympiques qui en font maintenant partie profiteront de son savoir pour augmenter leur visibilité et le nombre de pays qui y participent. Ces premiers Championnats du monde ne sont qu’un début!