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Analyse

Pour le logo

Deux joueurs de hockey se regardent en souriant après avoir inscrit un but.

Rafaël Harvey-Pinard et Mikael Pezzetta

Photo : usa today sports / David Kirouac

Dans cette longue suite d’auditions que sera la fin de saison du Canadien, il n’y a que peu à gagner collectivement, mais beaucoup individuellement. Certains joueurs l’ont compris.

Rafaël Harvey-Pinard est certainement l’un d’entre eux.

Il y a ses chiffres, certes. Deux buts – et quels buts! – une passe, quatre mises en échec, trois tirs bloqués dans ce match, jeudi soir, perdu 4-3 en prolongation face aux Red Wings de Détroit, pour le petit gars d’Arvida.

Il y a la manière. Son intensité en échec-avant, son audace, sa hargne qui l’a amené à échanger des politesses avec Michael Rasmussen à qui il concède 23 cm (9 po) et 13 kg (29 lb).

Et il y a les commentaires de Martin St-Louis, souvent dithyrambique à son égard depuis son rappel.

Il a des habitudes de joueur de la LNH, a-t-il déjà dit.

Le lendemain, il lui recommandait de prendre plus de risques à l'attaque pour voir ce qu’il avait dans le ventre.

Puis, jeudi soir…

Le plus important, c’est d’arriver à te convaincre que tu peux être un joueur de la LNH. On dirait bien qu’il est en train de faire ça, a laissé tomber l’entraîneur-chef à propos de son ailier de 24 ans.

En langage de hockey, parfois codé, souvent sibyllin, c’est presque une forme d’adoubement, surtout lorsque ça sort de la bouche d’un membre du Temple de la renommée.

N’allons pas trop vite. D’abord, il est chose plus aisée de démontrer tout son potentiel et de jouer avec relâchement quand il n’y a pas une tonne de pression. Tous les joueurs vous le diront. Ensuite, Harvey-Pinard l’a si bien résumé, un match ne fait pas une carrière.

Alors, il reste humble.

Il faut que je continue à travailler fort. On le dit souvent, mais je le répète. Il ne faut jamais aller trop haut, jamais trop bas […] C’est d’y aller au jour le jour, a fait valoir le petit attaquant.

Il y a une sagesse dans ses propos. Une sagesse évidente, un cliché, mais une sagesse quand même. St-Louis a d’ailleurs martelé cette philosophie en conférence de presse quelques instants plus tard quand il a spécifié que tous les joueurs pouvaient apprendre de sa combativité en ne tenant rien pour acquis. On ne nommera pas les fautifs à ce chapitre, ils se reconnaîtront.

Alex Belzile (no 60) affronte Dylan Larkin (no 71) au cercle des mises au jeu.

Alex Belzile (no 60) affronte Dylan Larkin (no 71) au cercle des mises au jeu.

Photo : usa today sports / David Kirouac

Alex Belzile en est un autre qui prend les moyens pour qu’on se souvienne de lui.

Le polyvalent pivot a amassé des aides dans les trois matchs qu’il a disputés depuis son rappel et en totalise quatre, au sommet des pointeurs de l’équipe au cours de cette séquence à égalité avec… Harvey-Pinard.

Les deux compatriotes se trouvent aux deux extrémités du spectre. Harvey-Pinard en est à sa troisième saison professionnelle et monte constamment en grade dans l’organisation tricolore. Lointain choix de septième tour en 2019, une équipe lui a quand même fait la fleur de le repêcher, tandis que Belzile a toujours été ignoré.

À 31 ans, il a joué 168 matchs dans l'ECHL, 300 dans la Ligue américaine. Il a traîné son baluchon de Gwinnett (oui, oui) dans l’État de Georgie, à l’Alaska, en passant par l’Idaho, l’Indiana, le Texas et le Colorado avant de revenir au Québec avec le Rocket. Eût-il été pilote de NASCAR qu’on l’aurait cru à l’époque sur une prometteuse lancée avec ces destinations, un peu moins pour un hockeyeur.

Comme si toutes ces expériences l’avaient préparé pour ces 16 petits matchs joués dans la LNH en trois ans. Ou, mieux encore, pour ce tout dernier rappel et ces trois rencontres.

Par son sens des responsabilités, son jeu simple, sobre et efficace, il impressionne un peu tout le monde. Jake Allen au premier chef.

Belzile est toujours souriant, a lancé le gardien.

Il fait dire à son entraîneur que [lui et Harvey-Pinard] méritent tout ce qui leur arrive.

Qu’il ne pense pas que ce trio, complété par Pezzetta, a connu une seule mauvaise présence.

St-Louis avait demandé à ses ouailles récemment de jouer pour le logo, le message semble avoir été entendu par l’acharné du Saguenay et par le… filou de Rivière-du-Loup?

« C’est encore plus spécial pour eux en tant que Québécois. C’est tellement une grosse affaire. Tellement un grand honneur pour eux de rentrer dans une formation décimée et d’être en mesure de faire le travail. »

— Une citation de  Jake Allen, gardien de but

Avec tout ça, on en avait presque oublié que le Canadien avait perdu, ce qui n'est pas plus mal. D'abord parce que ça risque d'arriver souvent d'ici la fin. Puis, parce que c'est un peu l'objectif de l'organisation que de draper ces défaites dans l'espoir des beaux jours à venir.

Ne soyons pas rabat-joie. C’est une belle histoire que celle des deux Québécois ces jours-ci. Un conte de fées presque, comme on en voit à l’occasion. Ils sont souvent bien éphémères et, au fond, le véritable défi, peut-être davantage encore celui d’Harvey-Pinard qui peut rêver à un poste dans la Ligue nationale un jour ne serait-ce que parce qu’il est bien plus jeune, commence maintenant.

Je l’ai toujours dit, le plus dur, c’est d’obtenir des occasions, a assuré Allen.

Le plus dur est donc fait.

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