Doit-on créer une agence mondiale pour gérer l’attribution des événements sportifs?

Le logo de la Coupe du monde au Qatar est projeté sur le marché Souq Waqif de Doha.
Photo : Getty Images / -
Face au tollé international après l’attribution de la Coupe du monde au Qatar, des Jeux olympiques en Russie et en Chine ou des Jeux asiatiques d'hiver en plein désert, des voix s’élèvent pour que les choses changent dans l’attribution des grands événements sportifs.
Pourquoi pas la création d’une agence mondiale indépendante?
C’est l’idée de la députée française Soumya Bourouaha. Elle a déposé à la mi-janvier une résolution à l’Assemblée nationale demandant la création d’une agence mondiale indépendante pour attribuer les grands évènements sportifs.
Là, je m’attaque à de gros mammouths
, déclare immédiatement la députée, que Radio-Canada Sports a jointe en France.
Tenir une Coupe du monde au Qatar a choqué en France, mais aussi partout dans le monde. Cette Coupe du monde a soulevé de nombreux problèmes sur la place de la corruption et de l’argent dans la désignation des grands évènements sportifs. C’est une dérive qui dure depuis trop longtemps.
En déposant sa résolution, la députée française veut ouvrir un large débat autour de ces attributions à des pays peu regardants en matière de droits de la personne et de la protection de l'environnement.
En plus du Qatar, c’est maintenant l'Arabie saoudite qui veut tenir les Jeux asiatiques d’hiver en plein désert et à coups de milliards d’euros. C’est une aberration qui doit cesser.
Avant d’être députée, Soumya Bourouaha était l’adjointe de la ministre des Sports de l’époque, Marie-George Buffet. Les deux femmes ont eu l’idée de ce projet d’agence indépendante, un peu à l’image de l’Agence mondiale antidopage.
Nous avons eu en France l’affaire Festina qui a révélé un dopage systématisé dans le cyclisme, se rappelle la députée. Marie-George Buffet s’est battu pour créer l’Agence mondiale antidopage et elle a réussi. Même si l’AMA n’est pas parfaite, il faut voir que des centaines de pays se sont mis d’accord pour endiguer le dopage dans le sport.
Je suis consciente qu’il serait naïf de croire que tout est réglé dans le monde du dopage dans le sport depuis la création de l’AMA. Cette nouvelle agence réunirait, comme l’AMA, les États et les acteurs du mouvement sportif international pour adopter un certain nombre de standards que respecteraient tous les pays signataires.
« C’est un peu dans cet esprit que m’est venue l’idée d’une agence indépendante pour attribuer les grands évènements sportifs. »
La députée française veut ouvrir le débat à l’Assemblée nationale et doit d’ailleurs rencontrer prochainement la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra.
Nous voulons ouvrir une large discussion où l’on invitera des représentants de la FIFA, du Comité international olympique et tous les acteurs du mouvement sportif. Pour l’instant, nous allons commencer en France.
Un appel aux parlementaires canadiens
Soumya Bourouaha souhaite ensuite transporter le débat hors de l’Hexagone. Elle fait d'ailleurs un appel aux parlementaires canadiens.
C’est dans l'intérêt de tout le monde, car il s'agit de sauver des droits humains, respecter les humains, respecter l’empreinte carbone, l’écologie, la planète. Je suis peut-être un peu naïve, mais je veux garder l’espoir et j’y crois. Cela prendra du temps, mais au moins j’aurais contribué à faire avancer les choses. Peut-être qu’avec notre conversation, vos parlementaires seront intéressés de partager ce projet avec moi.
La députée française veut donc réunir tous les acteurs de bonne volonté, comme elle le dit, autour de son projet
Je veux avancer tout doucement, car c’est dans l’intérêt de tous, de la FIFA, du CIO, des sportifs, dans l’intérêt des pays, qu’il n'y ait pas tous ces soupçons de corruption, ajoute la députée. C'est vrai que cette dernière Coupe du monde a été très belle, mais à quel prix?
J’aimerais réhumaniser le sport. Le sport est quelque chose de fédérateur et il réunit énormément de valeurs. C'est pour cela que je voudrais que cette agence voie le jour. Ce sera ma contribution, ma pierre à l’édifice.