Patrick Mahomes retrouve Joe Burrow sur sa route

Patrick Mahomes n'a toujours pas goûté à l'ivresse de la victoire après trois confrontations avec Joe Burrow.
Photo : Associated Press / Jeff Dean
Le courage de Patrick Mahomes a retenu l'attention en demi-finales d'association à Kansas City, avant que Joe Burrow ne vole la vedette dans la neige à Buffalo. Un nouveau chapitre de la rivalité grandissante – et pour le moment à sens unique – entre ces deux prodiges du ballon ovale s'écrira dimanche dans un choc où l'enjeu sera un billet pour le Super Bowl.
L'accès aux finales d'association est quasiment devenu une formalité pour les Chiefs. Un exemple de régularité, l'équipe du Missouri a pris d'assaut le carré d'as dans chacune des cinq saisons où Mahomes agissait comme principal chef d'orchestre.
Les portes du circuit Goodell se sont ouvertes devant Mahomes en 2017, après quoi il a vécu une campagne d'apprentissage loin de l'action, derrière le vétéran Alex Smith. Une décision très profitable pour sa carrière professionnelle qui s'est réellement amorcée l'année suivante.
Le quart-arrière de 27 ans marque l'imaginaire depuis ses débuts fracassants aux commandes de l'attaque des Chiefs. S'en sont suivis nombre de succès personnels et collectifs, tout particulièrement la conquête du Super Bowl en 2020, qui ont confirmé son statut de joueur exceptionnel.
De nature compétitive, et le terme est faible, il a fait fi d'une sévère entorse à la cheville droite au deuxième tour des éliminatoires de la Ligue nationale de football (NFL), en route vers une douloureuse victoire contre les Jaguars de Jacksonville.
Son état de santé sera étroitement surveillé d'ici à la rencontre au sommet opposant les Chiefs aux Bengals, vainqueurs des trois premières manches entre Burrow et Mahomes. Malgré les maux, le pivot se dit fin prêt pour leur quatrième duel.
Il reste à voir si sa blessure le limitera dans ses aspirations d'encager de redoutables Bengals qui n'ont plus baissé pavillon depuis l'Halloween, soit une séquence de 10 triomphes, non loin derrière les 12 gains des 49ers de San Francisco, qui s'attirent toutes les éloges.
Burrow domine son homologue depuis 13 mois, avec au passage un retour de 18 points lors du dernier match de championnat de l'Association américaine. Aucun complexe d'infériorité n'existe à l'égard des Chiefs, un sentiment plutôt rare dans la NFL.
Le quart des finalistes du Super Bowl s'élève au rythme que la saison avance et atteint son paroxysme dans les moments de grande tension. Il l'a encore montré contre les Bills qui n'ont toutefois jamais pris leur erre d'aller en janvier. Sa clinique de football à Buffalo restera néanmoins longtemps en mémoire.
En l'emportant avec éclat sous les flocons, il a conservé son dossier immaculé en trois chocs éliminatoires disputés loin de Cincinnati. Son immense confiance en ses propres moyens rejaillit sur l'ensemble de ses coéquipiers qui profitent de l'inestimable présence du meneur de 26 ans.
En plus du champ arrière bien nanti, le groupe de receveurs éloignés dans l'arsenal de Burrow, mené par Ja'Marr Chase et Tee Higgins, peut malmener l'ensemble des tertiaires du circuit Goodell.
Parmi les quatre as pouvant toujours espérer soulever le trophée Vince-Lombardi, seuls les Chiefs n'ont pas les services d'un tandem d'étoiles à cette position.
Ils peuvent certainement compter sur l'ailier rapproché Travis Kelce, une référence à l'attaque, mais la deuxième option aérienne de Mahomes peut changer d'une semaine à l'autre. Le receveur JuJu Smith-Schuster a occupé ce rôle par moments durant la campagne, le porteur de ballon Jerick McKinnon aussi en fin de calendrier, avant de s'éteindre depuis deux matchs.
La contribution en attaque de joueurs dans l'ombre de Kelce, une formule éprouvée cette saison à la suite du départ du marchand de vitesse Tyreek Hill, sera essentielle pour que Mahomes résolve l'énigme Burrow.
Un passage obligé afin d'obtenir un troisième laissez-passer pour le Super Bowl en quatre ans.
S'imposer dans les tranchées
Les Eagles ont rappelé avec panache à tout un chacun qu'ils étaient toujours les favoris dans la Nationale pour accéder à la finale. Ils ont expédié les Giants de New York hors du tableau éliminatoire après une rencontre outrageusement à leur avantage à Philadelphie.
Jalen Hurts n'a pas paru le moindrement embêté par une blessure à l'épaule droite qui l'avait forcé à briller par son absence dans les matchs présentés la veille de Noël et au jour de l'An.
Il faut dire que le pivot de 24 ans a été soutenu, comme à son habitude, par un jeu au sol créatif et punitif dont il est la bougie d'allumage. L'attaque terrestre fait partie de l'ADN des Eagles, au même titre que les 49ers, d'ailleurs, à l'antipode des Bengals et des Chiefs.
Les qualités athlétiques de Hurts sont bien connues et documentées. Ses aptitudes dans le volet aérien étaient cependant remises en question avant la tenue de cette saison où il est nommé parmi les finalistes au titre de joueur offensif et par excellence dans la NFL. Rien de moins.
Il est difficile de faire taire ses détracteurs de meilleure façon.
L'arrivée en grande pompe par voie d'échange du receveur éloigné A.J. Brown, une imposante cible formant avec DeVonta Smith l'un des duos élites, a largement contribué à l'essor de Hurts en 2022. La tenue du quintette lui servant de protection y est également pour beaucoup.
La ligne offensive a régné dans les tranchées tout au long de la campagne, au même titre que son pendant défensif, qui a surclassé la compétition. Les Eagles ont récolté un impressionnant total de 70 sacs, un sommet loin devant leurs plus proches poursuivants, les Chiefs, qui ont rabattu 55 fois le quart adverse derrière la mêlée.
Pas moins de quatre joueurs sont parvenus à enregistrer une dizaine de sacs, une réussite dont seulement 20 athlètes peuvent se targuer. Tant Haason Reddick (16) que Brandon Graham (11), Javon Hargrave (11) et Josh Sweat (11) ont enregistré des marques personnelles, tandis que Fletcher Cox (7), autrefois le roc défensif à Philadelphie, continue de faire sentir sa présence en cette 11e saison dans la Ville de l'Amour fraternel.
Rien de bien rassurant pour Brock Purdy qui ne devrait pas recevoir un accueil un tant soit peu chaleureux.
Si les Cowboys de Dallas ont pu limiter son bataillon à un touché et à quatre placements, la recrue n'a pas commis le moindre revirement, l'un des éléments clés d'un triomphe difficilement mis en banque. Les Eagles lui offriront à leur tour un autre considérable défi.
Les 49ers sont attendus de pied ferme en Pennsylvanie pour la finale d'association qui marquera le troisième départ à l'étranger de Purdy, un premier en éliminatoires après avoir profité du confort de son domicile dans les deux premiers tours.
Deux attaques terrestres largement efficaces et innovantes, mais fort différentes l'une de l'autre, seront déployées sur le terrain.
La défense des 49ers aura le mandat de contenir Hurts dans la pochette protectrice, à tout le moins le ralentir, pendant que l'unité des Eagles cherchera à solutionner les nombreux mouvements de personnel avant la levée du ballon, notamment pour alimenter le receveur Deebo Samuel, une autre option de renom avec le porteur Christian McCaffrey.
Purdy évite la pression, se déplace avec aisance et court au besoin, n'empêche, sa production dans cette facette du jeu n'a tout simplement rien à voir avec celle de Hurts, au cœur du plan de match terrestre. Ses 1544 verges et 23 touchés en 2 saisons en témoignent.
Les amateurs du jeu au sol, outre les puristes, seront généreusement servis par cet affrontement qui précédera, à l'inverse, une bataille aérienne entre Burrow et Mahomes.