•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Marie-Pier Desharnais vise le sommet pour toutes les femmes

Une alpiniste attachée par des harnais regarde la caméra. On voit derrière elle des sommets enneigés

Marie-Pier Desharnais sur le K2

Photo : Photo fournie par Marie-Pier Desharnais

Radio-Canada

L’alpiniste québécoise Marie-Pier Desharnais a gravi dans les dernières semaines les monts Vinson et Sidley, respectivement le plus haut sommet de l’Antarctique et son plus haut volcan. Du même coup, elle a complété sa quête de gravir les sept volcans les plus élevés du globe. Il ne lui reste plus que le mont Denali, en Alaska, plus haut sommet des Amériques, pour ajouter à son tableau de chasse les sept plus hauts sommets des sept continents.

En juin sur les pentes du Denali, elle tentera de conclure cette aventure amorcée il y a sept ans quand un trek au camp de base de l’Everest s’est transformé en coup de cœur absolu.

Je me suis rendu au camp de base de l’Everest, en trek, et je suis complètement tombée en amour avec les environs, raconte-t-elle à Midi Info, lundi. C’est complètement fascinant, le Népal. J’ai aussi fait de belles rencontres, des alpinistes français qui gravissaient le mont Blanc par la face nord. Des trucs de fou. Je buvais leurs paroles et je me suis dit : "je veux devenir comme eux."

Sa découverte de l’alpinisme a été progressive et un peu de façon inconsciente, à force d’en compléter un et un autre. L’idée de réaliser l’ascension des sept plus hauts sommets du globe et des sept volcans s’est imposée d’elle-même.

Et de toute façon, cette carte de route, c’est une belle façon de voyager, de découvrir des bouts de pays et, sept ans plus tard, beaucoup d’énergie, beaucoup d’investissement, beaucoup de passion et de surprises, je suis rendue au point où il ne m’en faut plus qu’un, lance la Québécoise de 37 ans, revenue au Québec mardi.

La femme grimpe l'Everest attachée à une corde.

Marie-Pier Desharnais en pleine ascension du mont Everest.

Photo : Gracieuseté : Marie-Pier Desharnais

Au passage, la femme de Victoriaville a découvert un monde qu'elle qualifie d'encore très masculin et a fondé un projet parallèle, Apex Woman, pour mettre en lumière des sommets historiquement moins gravis par les femmes, dont le K2 (31 ascensions par des femmes au total jusqu’en 2022), l'an dernier, et le mont Sidley (38 ascensions féminines).

Pour moi, la résilience et l’empouvoirement féminin, ce sont deux thèmes qui sont prédominants dans ma vie en raison de mon histoire assez singulière, admet celle qui est devenue la première Québécoise à gravir le K2 en juillet dernier. J’ai passé 10 ans au Moyen-Orient dans un domaine professionnel presque exclusivement occupé par des hommes [la gestion des risques extrêmes, NDLR]. Aussi, en montagne, je me retrouvais presque exclusivement entouré d’hommes.

Je me faisais souvent faire des remarques : "T’es pas mal, t’es rapide. Pas mal pour une femme." J’en avais marre. Je pense que les femmes, on est autant capables de belles réussites.

J’ai toujours reçu ces commentaires en plein visage, c'est là que je me suis dit qu’en réussissant à gravir les plus hauts sommets du monde, je vais élever l’empreinte féminine de manière figurative, mais de façon aussi littérale. Les inciter à faire des choses grandioses à leur niveau est devenu mon objectif : gravir les sommets au même titre que tous les autres sommets à gravir dans la vie sociale, affirme-t-elle à Radio-Canada Sports.

Lentement, mais sûrement

Même s'il reste encore bien du chemin à parcourir avant que les femmes obtiennent toute la reconnaissance qui leur revient, les choses sont tout de même en train de changer, estime l'aventurière qui a conquis l'Everest au printemps 2021.

Cet été sur le K2, nous étions par exemple plus de femmes que d’hommes dans l’équipe. Du jamais vu! Mais de là à ce que les mentalités changent, les remarques désobligeantes restent les mêmes. J’étais à une conférence récemment à Victoriaville et un membre du personnel de la mairie m'a dit en pleine conférence : "Mais toi, tu as dû avoir beaucoup de guides pour t’aider à atteindre le sommet".

D’ailleurs, souligne-t-elle, les femmes n’ont rien à envier aux hommes dans les conditions extrêmes des pôles ou des sommets du globe.

Quand j’étais en Antarctique, poursuit-elle, j’ai connu une équipe de médecins qui était en train d’étudier via une traversée d’une section de l’Antarctique, pourquoi les femmes s’adaptent et sont plus résistantes au froid dans des environnements hostiles, et surtout en haute montagne. Alors, je pense qu’on a une bonne prédisposition à réussir des exploits de la sorte et ce n’est pas vrai que les femmes n’ont pas leur place.

Une alpiniste grimpe une paroi de glace

Marie-Pier Desharnais sur une paroi de glace du K2

Photo : Photo fournie par Marie-Pier Desharnais

L'avancement des femmes est un thème cher à Marie-Pier Desharnais depuis de nombreuses années. Et de là toute l'importance qu'elles s'approprient un domaine de prédilection pour se dépasser.

Dans la vie professionnelle comme sur les montagnes, atteindre un sommet, c’est s’ouvrir sur la vie et ses possibilités incroyables. C’est rare de trouver autour de nous des gens qui nous élèvent et c’est pour cela que j'ai choisi ce rôle.

Au mois d’octobre dernier, j'ai accompagné une dame de 65 ans au Népal. Ç'a été dur, mais on y est arrivées au sommet. Elle pleurait, elle me serrait dans ses bras. Mais en retournant au Québec, c’était une femme changée. Elle fait maintenant une tonne d'activités et même des ultramarathons. On dit que gravir les montagnes ne sert pas à grand-chose, mais en fait, arriver au sommet, cela te sert dans toutes les autres sphères de ta vie quotidienne.

Marie-Pier croit que l’on devrait davantage encourager l’entraide féminine et qu’il faudrait que les femmes aussi changent de mentalités.

On est souvent confrontée à de la jalousie. On rencontre souvent cette adversité-là. Moi, ce que j'aimerais, c'est une vraie culture entre nous. Au lieu de nous jalouser, entraidons-nous. C’est beau une femme qui réussit. Pourquoi on n'essaie pas de se coller et de faire des projets? Moi, j’ai rencontré beaucoup d’adversité. On me disait que je ne réussirais pas, que je ne suis pas bonne, que ce n'est pas pour moi. Mais non, moi je dis : "Viens, viens le faire avec moi et on va réussir!"

Tout en poursuivant son combat pour faire avancer la cause des femmes, Marie-Pier Desharnais s'attaque maintenant à son dernier défi, le Denali en juin prochain.

Et puis, qui sait une fois ce dernier sommet conquis jusqu’où ira-t-elle?

La femme grimpe l'Everest attachée à une corde.

Marie-Pier Desharnais en pleine ascension du mont Everest.

Photo : Gracieuseté : Marie-Pier Desharnais

(Avec les informations de Robert Frosi)

En cours de chargement...