Victor Wanyama poursuit sa mission au CF Montréal
Victor Wanyama a signé un nouveau contrat qui le lie au CF Montréal jusqu'à la fin de la saison 2024.
Photo : La Presse canadienne / Paul Chiasson
Victor Wanyama affichait un de ces sourires qui invitent à la complicité. Venez, membres des médias, semblait-il dire, nous allons vivre quelque chose d’amusant ensemble. Puis, il a prononcé de fameux mots.
Je pense que je vais partir à la fin de la saison.
C’était le 4 octobre 2022, et l’on s’est mis à souffler dans un sac de papier chez les supporteurs du CF Montréal. S’il n’y a plus de moteur dans le véhicule, comment va-t-on rouler droit devant?
Trois mois plus tard, la crise s’est résorbée. Le 6 janvier, le milieu de terrain kényan s’est engagé avec le Bleu-blanc-noir jusqu’à la fin de la saison 2024, et tout le monde respire mieux. L’air circule plus librement quand on laisse la porte ouverte de toute façon, et c’est justement ce que le directeur sportif Olivier Renard dit avoir fait dans le cas de Wanyama après que les premières propositions d’entente eurent été refusées.
Les deux hommes, apparemment, ont repris le dialogue après qu’ils eurent échangé des vœux pour la nouvelle année par message texte. Est-ce la carte de souhaits la plus lucrative de l’histoire du soccer à Montréal?
Renard a en tout cas indiqué la semaine dernière que Wanyama restait dans la métropole pour plus ou moins la moitié du contrat qu’il avait avant
, c’est-à-dire une rémunération garantie d’un peu plus de 3 millions de dollars, selon le guide publié par l’association des joueurs.
Pour moi, le salaire n’a pas d’importance. J’aurais pu signer dans un autre club pour beaucoup d’argent. J’ai reçu ce genre d’offres, a soutenu Wanyama. Mais au bout du compte, j’ai essayé de penser à l’endroit où ma famille serait heureuse aussi, et j’ai choisi Montréal.
C’est que, oui, visiblement, les supporteurs montréalais ont eu raison de craindre le départ de Wanyama. Pour commencer à les échauder, il y a eu cette visite à son ancien club, Tottenham, où Liverpool est allé s’imposer 2-1, un exploit qui eut été plus impressionnant si les Spurs n’avaient pas chuté devant Newcastle par le même pointage très exactement deux dimanches auparavant.
Le joueur de 31 ans affirme avoir eu des contacts avec des clubs saoudiens et être passé près de signer en Turquie ou en Italie. Et quoi qu’on dise sur le niveau de la MLS, Wanyama a encore fourni la saison dernière de bons arguments à ceux qui le représentent à la table de négociation.
Le no 2 du CF Montréal est l'un de ces joueurs qui abat beaucoup de boulot ingrat, un boulot qui s’apprécie traditionnellement à l’œil nu plutôt qu’avec des statistiques. Heureusement, les fervents de chiffres ont eu la bonté d’inventer au cours des dernières années quelques mesures qui nous aident à illustrer la qualité d’un Wanyama.
Ainsi, selon les données d’Opta par tranche de 90 minutes, Wanyama s’est classé au 81e centile parmi les milieux de terrain de la MLS pour les tacles réussis dans l’entrejeu, par exemple. Il a atteint le 73e centile pour les tacles qui mettent fin au drible d’un adversaire et le 78e pour les dribles réussis qui battent un adversaire. Parce que, oui, il fait les deux.
Wanyama sait gagner des duels aériens (94e centile). Il parvient à récupérer des ballons (86e centile) et à les transmettre dans le dernier tiers (90e centile). Les milieux de terrain qui excellent dans autant d’aspects du jeu ne courent pas les rues.
Victor, il nous fait du bien, surtout à moi, derrière, dans la relance, a souligné le défenseur Rudy Camacho. Plus on peut garder les mêmes joueurs que les années précédentes, avec lesquelles on a bâti quelque chose, mieux c’est. Après, c’est bien pour ceux qui sont partis, pour leur carrière, mais voilà, Victor reste. Il est content de rester, c’est le plus important. Il va nous faire du bien, j’espère, cette saison.
Dans ce bassin mondial d’athlètes, il est difficile de qualifier un joueur d’irremplaçable. À Montréal, Wanyama est peut-être ce qui s’approche le plus de la définition, dans la mesure où lui trouver un successeur équivaut à échanger un probablement
pour un peut-être
.
Ce n’est pas que sur le terrain que Wanyama a prouvé sa qualité. Dans le cadre d’un effectif dont la moyenne d’âge avoisine les 24 ans, il fait figure de jeune vieux
dont l’expérience peut enrichir le cheminement de ses cadets. Olivier Renard qui prend le temps de souligner que Wanyama peut aider le club à mettre d’autres joueurs en valeur
, en citant l’exemple d’Ismaël Koné transféré à Watford, situe bien toute l’importance qu’il revêt. Des projets comme Sean Rea ou Rida Zouhir sont alléchants.
La saison dernière, j’ai beaucoup travaillé avec certains jeunes, dont Ismaël, s’est souvenu Wanyama. Il a beaucoup progressé. Je l’avais un peu pris sous mon aile au début. Il accomplit de grandes choses aujourd’hui. Le club le sait, et on m’a demandé de revenir pour continuer à faire ce que je faisais. Il y a beaucoup de talent ici, et j’espère faire la même chose encore, voir d’autres joueurs grandir.
« [Koné] va bien là-bas. Tout le monde est content au club. Ils sont heureux de le voir jouer pour leur équipe. »
Wanyama s’est même permis de jouer aux intermédiaires entre Celtic et Alistair Johnston, qui a surnommé son ancien coéquipier l’agent Victor
lors de sa première entrevue comme joueur du mythique club écossais. Olivier Renard, qui disait en mars 2020 lors de l’embauche de Wanyama que sa nouvelle recrue aiderait les jeunes à grandir plus vite
, ne croyait pas si bien dire.