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Des centaines de travailleurs migrants expulsés avant la Coupe du monde

Des gratte-ciel sont dans la pénombre.

Une vue d'ensemble du centre-ville de Doha

Photo : Getty Images / David Ramos

Agence France-Presse

Les autorités qataries ont expulsé des centaines de travailleurs migrants de bâtiments situés au centre de Doha, en pleins préparatifs de la Coupe du monde de soccer, ont rapporté samedi des habitants et des ouvriers.

Certains supporteurs du Mondial, qui se tiendra du 20 novembre au 18 décembre, doivent séjourner dans cette zone, en grande partie située dans le quartier Al-Mansoura et réaménagée ces dernières années.

Selon un porte-parole du gouvernement, les bâtiments étaient inhabitables. Il a ajouté que les autorités avaient agi en vertu d'une loi de 2010 contre les logements informels.

Un préavis a été donné aux occupants et les autorités s'assurent toujours que les personnes seront relogées dans un endroit sûr et approprié, selon la même source.

Younes, un chauffeur bangladais que nous avons rencontré sur place samedi matin, trois nuits après qu'il eut été expulsé de son logement, nous a raconté avoir dormi à l'arrière de sa camionnette dans une rue du quartier.

Ce camion est ma vie et je ne le quitterai pas tant que je n'aurai pas un endroit où je peux le garer à proximité, a-t-il dit.

C'est la troisième fois en trois ans qu'il est contraint de déménager, nous a-t-il aussi mentionné.

Les migrants représentent plus de 80 % des 2,8 millions d'habitants du Qatar. Ils sont majoritairement originaires d'Inde, du Pakistan, du Bangladesh et du Népal, mais aussi des Philippines et de pays africains comme le Kenya et l'Ouganda.

Le riche État du Golfe a dépensé des dizaines de milliards de dollars pour accueillir le tournoi, mais s'est retrouvé sous le feu des critiques d'organisations de défense des droits de la personne et de syndicats internationaux, notamment pour son traitement des travailleurs étrangers, qui ont construit la plupart des nouveaux stades et des infrastructures de transport pour l'événement.

Ces organisations ont dénoncé les mauvaises conditions de travail des ouvriers, des salaires impayés et même des décès sur les chantiers, dont le nombre est à ce jour incertain.

La Confédération syndicale internationale, qui regroupe des organisations syndicales du monde entier, a toutefois pris acte d'améliorations nettes ces dernières années. Sa secrétaire générale, Sharan Burrow, saluait récemment auprès de l'AFP les progrès incroyables du Qatar dans ce domaine, tout en les jugeant encore insuffisants.

Le Qatar souligne avoir mené de nombreuses réformes et son dirigeant, Tamim ben Hamad Al-Thani, s'est insurgé cette semaine contre les fabrications et les doubles standards dans ce qu'il a décrit comme une campagne sans précédent de critiques depuis que le pays est devenu hôte de la Coupe du monde.

Originaire d'Asie du Sud, le patron d'un magasin ouvert 24 heures sur 24 à Al Mansoura, témoin de certaines expulsions, affirme pour sa part que la majorité des personnes forcées de partir ne payaient pas de loyer et n'avaient aucun bail. Ce sont essentiellement des squatters, a-t-il dit sous couvert de l'anonymat. Ils restent quelques mois dans un bâtiment, puis sont obligés d'en trouver un autre.

C'étaient de bons clients. J'avais apporté du riz supplémentaire parce qu'ils en achetaient tellement. Maintenant, je n'en ai plus, a-t-il ajouté.

Dans ce cas, c'est le moment si proche de la Coupe du monde qui est tout faux, selon lui.

Tous les bâtiments vides vus par l'AFP étaient sombres et rien ne laissait penser qu'ils pourraient être bientôt utilisés.

Des habitants du quartier croient que la plupart des hommes expulsés vont déménager dans l'immense zone industrielle de Doha ou dans des villes plus éloignées de la capitale.

Faute d'être employés par de grandes entreprises, qui fournissent logement et nourriture, beaucoup travaillent pour un salaire journalier ou pour de petites entreprises.

Ils vivent dans ces bâtiments pour éviter de payer un loyer. Les salaires sont bas, donc chaque centime compte, a déclaré un migrant habitant à côté d'un immeuble qui a été vidé.

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