•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Sarah Bennett, l’étoile montante du ski alpin québécois

Une skieuse franchit une porte.

Sarah Bennett fait partie de l'équipe canadienne pour la première fois sur le circuit de la Coupe du monde.

Photo : Alpine Canada

Olivier Paradis-Lemieux

Sarah Bennett devait faire son entrée de plein droit sur le circuit de la Coupe du monde à Sölden, en Autriche, le week-end dernier. La pluie a forcé l’annulation de la compétition et la saison de la skieuse de 21 ans de Stoneham ne sera lancée que dans quelques semaines. Un faux départ qui n’est que partie remise pour l’ambitieuse étoile montante du ski alpin québécois.

L’an dernier, elle avait pu goûter aux virages du plus haut circuit mondial à trois reprises, mais chaque fois en tant que réserviste. Nommée dans l’équipe nationale à la conclusion de la saison, elle s’apprêtait à franchir le portillon de départ pour la première fois en ayant eu une vraie préparation.

Or, le pari de la Fédération internationale de lancer sa saison en octobre, malgré les fortes chaleurs de l’été en Europe qui ont aggravé l’état des glaciers dans les Alpes, s’est retourné contre elle. Même si la pluie s’est transformée en neige à plus de 2500 mètres d’altitude, la piste était impraticable.

C'était vraiment une grosse déception, confie la spécialiste des épreuves techniques en marge du gala de Ski Québec Alpin.

J'en avais déjà fait [des Coupes du monde], mais elles n'étaient pas prévues. Lake Louise, j'avais eu deux jours d'entraînement. Je ne me sentais pas vraiment prête à 100 %. L’autre Coupe du monde, j'avais reçu un avertissement de 48 heures pour savoir si je faisais la course ou non, en raison d’annulation en lien avec la COVID. Puis, l'autre d'après, j'étais fatiguée, c'était à la fin d'un gros bloc de course et d'entraînement. Et je ne me sentais pas prête. J'étais blessée au dos.

Cette fois, trois semaines d’entraînement spécifiques avaient précédé le slalom géant de Sölden, une première pour elle avant une Coupe du monde.

Une femme devant des tables

Sarah Bennett a reçu le prix « étoile montante » lors du gala annuel de Ski Québec Alpin, jeudi soir dernier.

Photo : Gary Yee (garyphoto.ca)

L'entraînement était difficile. On s'entraînait avec les filles de la Coupe du monde, les filles de la Suède, les filles de la France. Je pouvais comparer mes temps à elles et je voyais la différence. Là, j'étais prête. J'étais en confiance.

Au matin, la pluie s’est lourdement abattue sur la station du Tyrol, mais elle a refusé de croire en une annulation.

Je me suis dit : non, ça va se passer. C'est la première course de la saison. Ils vont faire tout pour que ça se passe. Je fais le meilleur échauffement que j'ai fait de tout le camp. Puis, on a reçu un texto, décision finale dans 5 minutes…

Annulée. Sa première vraie saison sur le circuit de la Coupe du monde ne commencera donc qu’à Killington, au Vermont, à la fin novembre.

Je suis plus déçu que je n'ai pas eu ma chance que si j'avais eu ma chance et que j'avais eu une mauvaise course, a-t-elle dit à son entraîneur après l’annulation. Tout le monde parle de cette piste. Je n'ai même pas mis les pieds dessus. C'est ça ma plus grosse déception : ne pas avoir l'expérience pour l'année prochaine.

En descendant prendre un café pour l’aider à digérer la nouvelle, elle a croisé un médecin travaillant aussi avec des amants de la vitesse, les pilotes de formule 1. Les deux ont discuté de la préparation mentale, du focus, des parties dans ton cerveau qui s'allument quand tu fais une performance, des tests qu'il fait avec les pilotes de F1. J'ai passé deux heures à lui parler... et à essayer d'oublier!

Après ça, on a pris nos bagages et on est partis à l'aéroport. Mais ce moment-là, je l'ai vraiment apprécié. Au moins, j'ai pu parler à quelqu'un qui peut m'apprendre un peu plus sur la performance. Pour moi, ça m'a apporté quelque chose.

Ambition mesurée

Après avoir conclu au 5e rang du classement général du circuit Nor-Am l’an dernier (7e en slalom, 5e en slalom géant), Sarah Bennett souhaite percer l’élite mondiale en terminant parmi les 30 premières des deux disciplines techniques.

Je me suis toujours mis des objectifs assez hauts, a-t-elle expliqué. Parfois on me dit que mes objectifs, il faudrait que je les descende. Mais je ne serais pas déçu de ne pas avoir réussi.

Et elle ne considère pas faire l’entièreté de la saison de Coupe du monde.

Il y a beaucoup de gens qui me parlent et qui disent : première saison au complet? Je n’ai pas dit ça à personne! Les Nor-Am sont dans mon calendrier. J'ai un plan A, un plan B, un plan C. Je ne suis pas stressée si ça ne passe pas comme je veux en Coupe du monde, je sais qu'en Nor-Am, c'est un circuit que je m'approprie assez bien.

Au-delà du niveau supérieur de compétition, il y a un apprentissage des pistes nettement plus relevées en Coupe du monde qui doit se faire dans la prochaine année. L’entraîneuse-chef de l’équipe nationale lui a déjà expliqué qu’elle ne lui demanderait pas de faire quelque chose qu'elle n'est pas prête à faire. Mais ça ne veut pas dire qu’elle ne sera pas mise à l’épreuve, bien au contraire.

Une skieuse tient ses bâtons dans une main en descendant de côté une piste.

La Québécoise Sarah Bennett a skié pour la première fois en Coupe du monde à Lake Louise l'an dernier.

Photo : Reuters / Eric Bolte

Comme dans ce bloc d’entraînement qui a précédé l’épreuve annulée de Sölden.

Il faisait noir, la piste était sombre, il y avait de grosses bosses. C'est l'entraînement le plus difficile que j'ai fait. On était avec, en autres, la Française Tessa Worley, qui a gagné le classement général du slalom géant l'an dernier. Et l'entraînement était très difficile. Il y avait des filles qui étaient très intimidées, et je ne nommerai pas qui, mais... la meilleure au monde est partie! Elle ne se sentait pas à l'aise. Je ne me sentais pas à l'aise non plus. Mais moi, je n'ai pas le choix de passer par là. Elle va être aussi bonne en compétition, mais moi, je dois continuer dans ces moments-là, raconte-t-elle.

Celles qui sont restées, je regardais leur vidéo, et ce sont elles que j'admirais le plus. Tu vois à quel point elles travaillent. Et d'après moi, ce seront elles qui vont avoir les meilleurs résultats cette saison.

Sarah Bennett poursuit parallèlement à sa carrière de skieuse des études en communication à l’Université Concordia. Les après-midi d’entraînement, elle arrive à trouver une ou deux heures pour poursuivre ses cours en ligne… quand le wifi le permet.

Avec le niveau de compétition qui augmente, elle se doute bien que, l’an prochain, elle devra faire mettre ses études sur pause.

À fond

Dans les coulisses du gala, le qualificatif qui circule sur le plus bel espoir du ski alpin québécois est qu’elle est une bête d’entraînement.

Elle rit en entendant l’épithète.

J'ai aussi mes limites! Je suis à 100 % ou rien. Je vais passer mes heures dans le gym, des grosses sessions et après ça, je vais retourner chez moi et ça va être difficile de me lever même pour me faire à manger. Et j'en connais des filles qui s'entraînent plus que moi. Mais moi le volume, je ne suis pas capable, sauf que dans les entraînements, je vais y aller à 100 %. Puis après, quand c'est du temps off, c'est du temps off. Je vais vraiment relaxer et tenter de récupérer parce que j'ai vraiment besoin de ça.

Or, être à 100 % n’est pas que dans l’effort physique pour la jeune skieuse, mais aussi dans la concentration mentale, particulièrement lors des jours de compétition.

Je pense que je suis quelqu'un qui a de la difficulté à s'enlever de ça. Je garde ma concentration toute la journée pendant une course. C'est ça qui est difficile. Ça me draine beaucoup d'énergie. Mais en même temps, ça m'apporte beaucoup.

À l’heure actuelle, ce sont les épreuves techniques qui l’animent. Celles de vitesse – la descente et le super-G– ne sont pas dans son viseur au niveau mondial, à moins que l’ambitieuse ne tutoie un jour ses idoles d’aujourd’hui.

Je pense que la vitesse, ça prendrait beaucoup trop de mon temps. Je suis prête à m’y intéresser un jour. Mais le slalom et le géant, j’aime tellement ça. C'est un monde complètement différent et la seule raison pourquoi je me verrais retourner en vitesse… c'est si un jour je tente de gagner le général!

Vos commentaires

Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette. Bonne discussion !