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Chronique

Hockey Canada, Moneyball et le sport canadien

Il tient un discours devant un logo de Hockey Canada.

Scott Smith a remis sa démission à Hockey Canada le 11 octobre.

Photo : The Canadian Press / Jeff McIntosh

Hockey Canada devra trouver son Billy Beane. Quelqu’un qui se battra contre la culture précédente, peu importe la résistance interne.

Qui est Billy Beane? Si vous êtes un adepte de sport comme moi, vous avez sûrement lu le livre – ou au moins vu le film – Moneyball, basé sur l’histoire réelle de Billy Beane, un ancien joueur de baseball qui a été le directeur général des A’s d'Oakland de 1997 à 2016.

Avec un des plus petits budgets du baseball majeur, Beane avait compris que, pour battre les équipes ultrariches comme les Yankees de New York, il ne fallait pas utiliser la même stratégie que ces clubs qui peuvent se payer les meilleurs joueurs.

Oui, je sais, Hockey Canada s’apparente plus aux Yankees qu’aux A’s. Mais là où Billy Beane frappe fort, et c’est ce dont le futur dirigeant ou la future dirigeante de Hockey Canada doit s’inspirer, c’est lorsqu’il se bat contre la mentalité du bon vieux boys club.

Dans l’épilogue, l’auteur du livre, Michael Lewis, montre bien que les joueurs sont jugés de façon minutieuse et sévère sur leurs aptitudes sur le terrain, mais qu’au deuxième étage, tout niveau d’incompétence est toléré si on fait partie du club. Il enchaîne en disant qu’il y a plusieurs façons de mettre le club dans l’embarras, mais qu’être mauvais dans son travail n’est pas une de celles-ci. Lewis explique bien que la qualité qui prévaut sur toutes les autres, c’est la clubabilité de l’individu.

Il regarde un entraînement avant un match.

Billy Beane a été le directeur général des A’s d'Oakland de 1997 à 2016.

Photo : Getty Images / Leon Halip

Billy Beane avait tous les atouts d’un gérant de club de baseball, sauf celui qui primait sur tout. Il a tout fait pour se battre seul comme un chien contre le statu quo. C’est comme ça qu’il a réussi l’impossible avec les A’s d’Oakland qui, en 2002, ont établi le record du plus grand nombre de victoires consécutives, 20. Ce record a tenu jusqu’en 2017, quand Cleveland a gagné 26 matchs de suite.

Celui ou celle qui prendra les rênes de Hockey Canada devra être solide et incorruptible. Disons qu’avec les coffres bien remplis de la fédération, je ne m’inquiète pas trop quant à sa capacité à trouver son sauveur. Ça fera sûrement la file à la porte.

Là où je m’inquiète, c’est pour les A’s du sport au Canada : ceux qui en arrachent financièrement et qui dépendent du respirateur gouvernemental. Dans les dernières années, les histoires d’abus ont explosé. Des centaines d’athlètes de plus d’une dizaine de sports ont demandé la tête de leur dirigeant pour des raisons tout aussi valables que celles que nous venons de vivre avec Hockey Canada. Ces pauvres athlètes n’ont pas eu le dixième du soutien populaire et surtout politique que les Yankees du sport canadien ont reçu.

La force de frappe des élus contre Hockey Canada a été remarquable, et les athlètes non millionnaires canadiens l’ont appréciée, mais en même temps, plusieurs se sentent un peu comme des athlètes de deuxième classe, et je les comprends.

Quatre bobeurs du Canada s'enlacent à leur sortie du parcours.

Un quatuor de bobeurs canadiens a atteint le podium aux Jeux olympiques de Pékin, en 2022.

Photo : Associated Press / Pavel Golovkin

Ces athlètes auraient mérité de voir nos élus demander clairement des démissions à la tête de leur sport, comme ç’a été le cas pour l’enfant roi du sport canadien. Je vous rappelle qu’on parle de 470 gymnastes, de 90 bobeurs, de plus d’une cinquantaine de nageuses artistiques et de joueuses de rugby, de dizaines de joueuses de soccer, et j’en passe.

C’est rendu tellement commun que, la semaine dernière, un rapport accablant sur la fédération d’aviron n’a à peu près pas créé de remous.

De toute évidence, on doit mettre en place des structures de protection des athlètes. La situation a bien progressé dans les dernières années, aux échelles provinciale et fédérale. Mais si Sport Canada n’a aucun pouvoir pour imposer les pratiques de bonne gouvernance de la part des fédérations qu’elle finance, ne serait-il pas temps de revoir son fonctionnement et sa pertinence?

Nos athlètes méritent mieux, et ce n’est pas une question d’argent. Comme Billy Beane, on se doit de faire mieux avec moins.

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