Que fait le conseil d’administration de Hockey Canada?
Le conseil d'administration de Hockey Canada n'a pas encore commenté le règlement à l'amiable concernant le viol collectif présumé.
Photo : Reuters / Jim Young
Hockey Canada est sur la sellette depuis le mois de mai dernier après qu’une entente à l’amiable avec une présumée victime de viol collectif eut été rendue publique.
Depuis, plusieurs autres révélations sont venues ternir la réputation de la plus puissante fédération de sport au pays, dont l’existence d’un fonds de réserve servant à régler des ententes à l’amiable financé à même les frais d’inscription et une autre histoire d'agression sexuelle en groupe impliquant des joueurs de l’équipe nationale junior de 2003.
Le président de Hockey Canada, Scott Smith
Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick
Alors que certains, dont l’ex-joueur de hockey Sheldon Kennedy, réclament la démission du président et directeur général de Hockey Canada Scott Smith, plusieurs se questionnent sur le mutisme du conseil d’administration de la fédération.
C’est le cas de Rose Mercier, consultante à The Governance Coach depuis près de 15 ans et qui a occupé plusieurs postes dans des organisations sportives canadiennes dans le passé.
De ce que je peux lire de ce qui est rapporté dans les médias, on parle beaucoup des hauts gestionnaires, de la réaction du gouvernement, mais c’est le conseil d’administration qui est imputable à 100 % de ce qui arrive.
L'experte en gouvernance affirme que de nombreuses questions soulevées dans cette histoire la renversent.
De ce que j’ai lu, le C. A. semble mystérieusement absent, remarque-t-elle. Il n'y a pas de commentaires des membres du conseil ou du président. De mon point de vue, je n'ai pas lu les procès-verbaux, mais je me demande : "Qu'est-ce que le C. A. savait?" Je suis plutôt convaincue que le conseil savait à quoi le fonds (de réserve) servait. Et si ce n’est pas le cas, c'est très problématique.
Radio-Canada Sports a tenté à plusieurs reprises de parler avec le président du conseil d’administration de Hockey Canada, Michael Brind’Amour, un avocat dont le bureau est situé à Joliette et qui est spécialisé en droit civil et en protection de la jeunesse en milieu familial.
Michael Brind'Amour
Photo : Capture d'écran - Site Internet Hockey Canada
Il s’agit de son deuxième mandat auprès de Hockey Canada, il a aussi été président de Hockey Québec entre 2006 et 2011. Sa biographie sur le site de Hockey Canada souligne que son travail communautaire s’étend à de nombreux organismes sans but lucratif dans leur quête d’une efficacité accrue en matière de prestation de programmes et de gouvernance
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Les nombreuses demandes d’entrevue faites à Michael Brind’Amour sont restées sans réponse.
Rose Mercier souligne qu’il s’agisse d’une fédération sportive ou autre, le conseil d’administration est celui qui doit donner les grandes orientations et qui doit protéger les intérêts de l’organisation, et pas seulement en ce qui concerne les questions financières.
Si le conseil d’administration fait un bon travail, il doit être imputable, répète la consultante. Il a l'autorité sur les gestionnaires de l'organisation, il doit réclamer des comptes sur les questions éthiques et pas seulement sur les autres activités.
Questionnée sur l’existence du fonds de réserve de Hockey Canada pour conclure des règlements à l’amiable, Rose Mercier se dit surprise, mais pas vraiment
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Si l'on regarde dans le sport professionnel, je ne serais pas surprise que la NFL ou la NBA possède un tel fonds pour régler des dossiers à l'amiable. De mon point de vue, c’est décevant puisque c'est de copier un modèle qui est toxique.
Concernant le plan d’action dévoilé lundi par la fédération, elle croit que l’initiative de Hockey Canada est une réponse à ce qui s'est passé dans les derniers mois. La fédération veut probablement montrer qu’elle veut agir concrètement et passer à une autre vitesse
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Toutefois, Rose Mercier souligne que ce sera une très grosse bouchée à manger
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Changer la culture d'une organisation est un vrai défi, rappelle la consultante en gouvernance. C’est particulièrement difficile pour une organisation qui est une fédération nationale. Elle peut mettre en place des ressources, de l'éducation, mais elle ne peut pas contrôler le comportement des membres. Tant mieux s'ils proposent des choses, mais les changements ne se verront pas la semaine prochaine ou au cours de la prochaine année.
Pour surveiller le déploiement et la mise en œuvre du plan d’action, le conseil d’administration a indiqué qu’un comité spécial d’experts indépendants sera nommé d’ici au 15 septembre.
La consultante croit qu’il faut aussi pouvoir mesurer les changements souhaités.
Lorsque les conseils d’administration avec qui je travaille me présentent leur programme, je leur réponds toujours : "Qu'est-ce qui aura changé dans cinq ans? Qu'est-ce qui vous dira que le programme ou la nouvelle politique ont fonctionné? Qu'est-ce qui sera différent? Comment allez-vous voir le changement et quelles données vont vous convaincre que le changement a vraiment eu lieu? Comment allez-vous le calculer?" Et ce n'est pas seulement par le nombre de personnes qui vont suivre les formations.
Le conseil d’administration est celui qui dirige le bateau et qui a le pouvoir et le devoir de changer la direction, selon Mme Mercier. Par la suite, l’équipe de gestion doit mettre en œuvre les changements imposés.
Elle reconnaît qu’il peut être ardu de calculer la hausse ou la baisse des comportements inappropriés.
Si vous ne le faites pas, vous allez être très occupés, mais vous ne saurez jamais si vous atteignez votre cible.
