Présumé viol collectif : l’entente à l’amiable n’était pas une première pour Hockey Canada
Hockey Canada est éclaboussé par une histoire présumée de viol collectif.
Photo : Reuters / VASILY FEDOSENKO
L’opacité et la responsabilité de Hockey Canada ont été au cœur de l’audience tenue lundi, à Ottawa, devant le comité parlementaire du Patrimoine.
Scott Smith, président de l'organisation, et Tom Renney, chef de la direction, ont répondu aux questions des élus fédéraux pendant un peu plus de deux heures.
Si aucune nouvelle information n’a transpiré concernant l’entente à l’amiable signée par Hockey Canada avec la présumée victime, on y a tout de même appris que cet accord n’était pas le premier du genre conclu par la fédération nationale.
Après avoir répété que les fonds ayant servi à dédommager la jeune femme ne provenaient pas des deniers versés par le gouvernement fédéral, Smith a reconnu que d’autres victimes avaient déjà bénéficié d’ententes similaires.
« Il y a encore deux cas qui font l’objet d’enquêtes et dont il ne m’est pas permis de discuter ici. On m’a aussi indiqué que dans les cinq ou six années précédant mon arrivée en poste, deux ou trois situations semblables par année ont été rapportées et réglées de la même façon. Mais une seule au cours des 12 derniers mois. »
Selon lui, l’argent ayant servi aux règlements aurait été généré par des investissements indépendants dont Hockey Canada a été l'instigateur.
Voile maintenu
Questionné pour savoir si les joueurs impliqués dans le présumé viol collectif avaient collaboré à l’enquête policière, Smith a laissé entendre qu’il ne disposait pas de cette information.
Le viol se serait déroulé dans une chambre d'hôtel de London en juin 2018.
Selon ce qu’il a affirmé sous serment, rien ne les obligeait à collaborer et plusieurs d’entre eux auraient suivi les conseils de leur représentant officiel ou de leur agent (de quatre à six) pour s’abstenir de le faire.

Hockey Canada a fait une entente à l'amiable avec une victime de viol collectif.
Dans les minutes qui ont précédé cette déclaration du nouveau président, le chef de la direction sortant de Hockey Canada, Tom Renney, avait vanté les efforts déployés par son organisation pour revoir en profondeur le code de conduite s’adressant aux joueurs retenus pour défendre les couleurs du pays sur la scène internationale.
Pour la première fois, nous avons nommé un membre du conseil exécutif dont la tâche sera exclusivement consacrée à la sécurité dans notre sport. Nous voyons aussi d’un bon œil la nomination du côté de Sport Canada d’une première commissaire à l’intégrité ainsi que les mesures annoncées par la ministre Pascale St-Onge
, avait-il déclaré d’entrée de jeu.
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Renney et Smith ont insisté pour dire que Hockey Canada avait agi dès le lendemain de la présumée agression quand les responsables de la fédération ont eu vent de l’affaire.
Quatre ans plus tard, les responsables demeurent impunis et l’enquête indépendante commandée par Hockey Canada s’est arrêtée net lorsqu'est survenue l’entente à l’amiable avec les représentants de la victime présumée.
C’est en disant vouloir respecter la volonté de la jeune femme que la fédération continue de s’enfermer dans le silence le plus complet pour tout ce qui a trait de près ou de loin à cette histoire.
Interrogés au sujet de l’enquête parallèle que mène en ce moment la Ligue nationale de hockey (LNH) à propos de cette affaire [22 membres d’Équipe Canada junior 2018 ont été repêchés par des clubs de la LNH, NDLR], tant Renney que Smith ont laissé entendre qu’ils collaborent déjà avec le circuit professionnel qui veut apparemment faire la lumière sur le sujet.
Des questions concernant le montant total des frais de justice engagés par Hockey Canada entre 2018 et 2022, sur la raison pour laquelle la fédération a été la seule signataire de l’entente à l’amiable épargnant au passage les dirigeants de la Ligue de hockey canadienne (LCH) sont restées sans réponses.
Sur le fait que l'identité des joueurs n’a pas été révélée, Scott Smith et Tom Renney ont affirmé que ni la police ni les dirigeants de l’enquête indépendante que Hockey Canada avait commandée n’avaient été en mesure de les identifier.
Il a assuré que les joueurs en question, s'ils avaient été connus, auraient fait face à des sanctions disciplinaires déterminées par un groupe indépendant.
Ces explications n'ont pas convaincu le député libéral Anthony Housefather. Le fait que les assaillants n'aient pas été identifiés me choque
, a-t-il dit, car il voit là un manque de volonté de la part de la fédération. Le député conservateur Kevin Waugh s'est lui aussi dit déçu, et il a fait part de son inquiétude de voir les présumés agresseurs devenir des entraîneurs dans un avenir rapproché.
Enfin, il a été permis d’apprendre que de l’alcool avait été servi à des joueurs mineurs le soir du gala-bénéfice organisé par la Fondation Hockey Canada.
Avant de lever la séance, la présidente du comité parlementaire du Patrimoine, Hedy Fry, a fait état de sa grande déception en constatant que les représentants de Hockey Canada allaient quitter Ottawa en laissant autant de questions sans réponses.
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