« Il faut qu’on ait une équipe gagnante » : l’Alliance de Montréal veut se distinguer

L'entraîneur-chef de l'Alliance de Montréal, Vincent Lavandier, s'adresse à ses joueurs et à ses adjoints lors de la première journée du camp, lundi.
Photo : Radio-Canada
Comme à l'aube d’une rentrée scolaire, Annie Larouche a des papillons au ventre. La vice-présidente aux opérations de l’Alliance de Montréal fait tout pour ne pas se laisser prendre par les émotions à quelques heures du premier match de l’histoire de sa formation dans la Ligue élite canadienne de basketball (LECB).
Installée au parterre pour l’entrevue, l’ancienne directrice aux relations communautaires des Alouettes de Montréal ne peut s’empêcher de scruter les installations qui pourront accueillir près de 3300 spectateurs par match. Il ne manque que les logos sur le parquet pour sentir la présence du nouveau locataire de l’Auditorium de Verdun.
Je ne suis pas stressée… En fait, oui, je suis stressée, mais c’est un bon stress. Je me dis que tout ce qu’on contrôle est sous contrôle. J’ai hâte d’avoir le monde dans les gradins, je veux que les gens passent du bon temps, je veux qu’ils aiment ça
, a-t-elle dit.
Le tout premier match de l'histoire de l'équipe se tiendra mercredi, à Hamilton, contre les Honey Badgers, finalistes lors de la saison inaugurale de la LECB en 2019.
Elle ne peut faire abstraction des derniers détails à régler avant l’arrivée des spectateurs pour le premier match à domicile de l'équipe montréalaise, le 29 mai. Entre autres, l’installation de câbles dans les murs pour améliorer le réseau Internet du bâtiment. Personne ne va s’en rendre compte, mais moi oui, par exemple
, a expliqué Larouche. Les détails comme ceux-là ont été nombreux.
Il a aussi fallu ajouter un chiffre au tableau indicateur pour qu'il soit en mesure d'afficher des pointages dépassant les 100 points, ce qui n'est pas rare au basketball. Un ajout mineur qui nous évitera de revivre l'imbroglio des Jeux de Montréal en 1976. Nadia Comaneci? La note parfaite?
Une nouvelle avenue
Il y avait de l’agitation à l’Auditorium de Verdun, lundi, à la journée des médias pour mettre en valeur les joueurs de l’équipe, en camp depuis une semaine. Tous se sont prêtés aux séances photo et aux entrevues.
Certains employés, fébriles, tiraient quelques ballons au panier pour chasser les papillons. Tous ressentent l’importance de ce que l'organisation s’apprête à accomplir. Une première rencontre de ce qu’elle espère être une longue histoire d’amour avec les amateurs de basket de la métropole.
Je pense que les jeunes ont envie de rêver, ils ont envie de croire qu’enfin il y a une opportunité de jouer professionnel chez eux, dans leur ville, devant leur monde
, a fait remarquer Annie Larouche.
Plusieurs joueurs de l’équipe ont dit souhaiter être une source d’inspiration, comme d’autres joueurs professionnels l’ont été pour eux à leurs débuts.
James Jean-Marie l’a répété que c’est le basketball qui lui a sauvé la vie. Si on peut en inspirer ne serait-ce qu’un autre, ce sera mission accomplie.
À sa fondation, la LECB, seul circuit professionnel de basketball de première division au Canada, comptait six équipes. Avec l’ajout de trois nouvelles équipes cette saison, dont l’Alliance de Montréal, la ligue accueille aujourd’hui 10 formations réparties d’Abbotsford, en Colombie-Britannique, à Saint-Jean, à Terre-Neuve-et-Labrador.
Une bonne première impression
L’opération séduction pourrait être de longue haleine pour l’Alliance, et Larouche en sait quelque chose. L’intransigeance du partisan montréalais, tous sports confondus, le rend intimidant auprès des nouvelles organisations qui souhaitent faire leurs preuves. Les résultats doivent être bons, et rapidement, pour espérer plus qu'une simple amourette.
L’autre défi avec lequel devra composer l'équipe montréalaise, c’est le jeu des comparaisons avec la NBA, qui a fait des gains considérables au pays depuis le couronnement des Raptors de Toronto en 2019.
Est-ce qu’il y aura une comparaison? Certainement, parce que nous avons plusieurs fans de la NBA. Mais le produit qu’on offre sur le terrain, c’est de l’élite et nous ne sommes pas gênés de ça, au contraire. Il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus dans la NBA, alors que nous, nous sommes toujours là.
Les Alouettes de Montréal ont longtemps souffert de leur proximité avec la NFL. Et malgré les efforts déployés par l’organisation, un fossé demeure. Annie Larouche a passé plus de 25 ans dans l’organisation des Oiseaux, et elle connaît la ritournelle.
La gestionnaire connaît bien l’écosystème sportif montréalais, et elle est persuadée que sa nouvelle formation mérite une part du gâteau.
À Montréal, les gens n’ont pas d’amour pour les perdants, ça, on le sait, donc il faut qu’on ait une équipe gagnante sur le terrain
, a reconnu la native de la métropole.
Elle sait que la clé du succès passe aussi les liens qu’ils pourront tisser avec la communauté montréalaise.
Si les gens ne sont pas capables de s’identifier, si nous ne sommes pas accessibles, s’ils ne sentent pas qu’on est le voisin d’à côté et que c’est une fierté de connaître les joueurs personnellement, ça ne fonctionnera pas.
Et pas question d’utiliser la première saison de l’Alliance pour faire des tests. L’équipe de Vincent Lavandier souhaite laisser une bonne première impression sur le plan sportif, mais aussi sur le plan marketing. Il faut frapper fort dès maintenant
, affirme Larouche. Il faut que les gens aient envie de nous connaître, de venir nous voir. Il faut que les gens aient l’impression que s’ils ne nous suivent pas, ils manquent quelque chose.
L’organisation suscite déjà un intérêt parmi les Québécois qui jouent dans la NBA, un soutien de taille qui crédibilise le projet mis de l'avant par Larouche et ses collègues. D’ailleurs, lorsqu’on lui demande à la blague quand Chris Boucher (joueur autonome), Khem Birch (Raptors de Toronto) et Luguentz Dort (Thunder d’Oklahoma City) feront une apparition lors d’un match de l’Alliance, la réponse laisse peu de place à interprétation.
Peut-être dans cinq jours?
Il faudra garder l’œil ouvert…