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« Je mérite d’être le premier choix » - Shane Wright

Il patine avec la rondelle à l'entraînement.

Shane Wright, des Frontenacs

Photo : La Presse canadienne / Frank Gunn

KINGSTON – Il a beaucoup été question, récemment, de ce qui manque à Shane Wright. Une dose de talent qui le ferait passer d’un futur bon joueur à l’élite de l’élite, de la hargne, de l’engagement. Une chose dont il ne manque pas : de la confiance.

Celle-ci se confond aisément avec l’arrogance. Les deux naviguent côte à côte en fait, sans jamais se donner la main au-dessus d’une fine ligne imaginaire. Wright donne l’impression de la parcourir, cette ligne, en funambule, sans la traverser. Un exploit pour un jeune de 18 ans bourré de talent, adulé et encensé depuis la tendre enfance.

La poignée de main est ferme, le regard bleu acier est franc, direct. Il ne se dérobe pas, peu importe la question. Le jeune homme sourit. Il en est déjà à sa troisième entrevue de la journée et le bal ne fait que commencer. Pour la presse écrite, la télé ou la radio, il se promène à travers ça avec l’habitude du gars qui sait y faire. Il connaît le tabac, et pour cause.

Il s’assoit et on n’a pas le choix de lui dire ce qui nous saute aux yeux : sa ressemblance frappante avec Jonathan Drouin [prière de ne pas envoyer de courriels à ce sujet, NDLR].

Tu sais quoi, on m’a dit ça souvent, lance-t-il, amusé.

Jonathan paraît bien après tout, ajoute-t-on.

Il a surtout de bonnes mains, réplique-t-il.

Touché. Voilà ce qui l’intéresse, évidemment.

Entrevue (en anglais) avec Shane Wright

Mardi soir, Wright a appris que le Canadien avait remporté la loterie et repêcherait au tout premier rang. Il a poliment décliné notre demande d’entrevue le soir même, car il disputait un match des séries contre le Battalion de North Bay. Il l'a remise au lendemain.

Il ne l’avoue pas, mais ça crève les yeux. Dans sa tête, Wright se voit déjà avec un chandail bleu, blanc et rouge sur le dos. Il se rappelle la fois où, pendant un tournoi à Montréal au printemps, il a visité les installations du Centre Bell. Une visite guidée dont il garde un bon souvenir.

Les Frontenacs de Kingston s’appelaient autrefois les Canadiens. Il y a quelques bannières de leurs fiertés accrochées au mur de l’aréna.

À ma première année, on avait enfilé le chandail rétro des Canadiens de Kingston. Tu peux dire que c’est un drôle de clin d’œil du destin, fait remarquer Wright.

Tiens, on ne se gênera pas alors. Un autre clin d’œil, le fait que le CH parlera au tout premier rang un an moins un jour après avoir été défait en finale de la Coupe Stanley. D’aucuns le voyaient s’établir au sommet de la hiérarchie à moyen ou à long terme, mais personne n’entrevoyait une chute aussi brutale.

Ainsi, quand Luca Caputi, l’entraîneur de Wright, l’a fait venir dans son bureau entre la période d’échauffement et le début du match mardi, la télé mise sur pause avec le logo du Canadien bien visible, le jeune homme a souri. D’une oreille à l’autre semble-t-il.

On a eu un moment, confie Caputi rencontré mercredi midi avant l’entraînement de sa troupe.

De quel genre?

Ça restera entre lui et moi […] mais disons que c’était un de ces moments où les mots n’étaient pas nécessaires, explique-t-il.

Les critiques

Wright sera lié au Tricolore au moins jusqu’au 6 juillet. Au moins jusqu’à ce que l’équipe se présente sur le podium. Ensuite, la décision des Montréalais déterminera la suite de la relation.

Vous le savez maintenant, Wright ne fait pas l’unanimité. Certains l’adorent, d’autres doutent de lui. Des recruteurs et analystes commencent à admettre qu’il ne figure pas, ou plus, au premier rang de leur liste. On lui préfère l’Américain Logan Cooley, voire le Slovaque Juraj Slafkovsky, qui a épaté la galerie aux Jeux olympiques de Pékin.

Les rumeurs circulent vite et viennent de tomber dans une chambre d’écho à Montréal. Wright n’y est pas insensible.

On en revient à la confiance. Lorsqu’on lui demande si c’est si important que ça pour lui de sortir en premier, l’Ontarien répond :

C’est très important pour moi. Je trouve que ce que j’ai accompli dans les dernières années prouve que je suis le meilleur joueur de ce repêchage. Que je mérite d’être le tout premier choix. J’en fais une affaire personnelle. Je veux tout gagner, ce qui inclut de sortir au premier rang et être le meilleur joueur de ce repêchage. Je pense que c’est là qu’est ma place.

Une citation de Shane Wright

On lui donne ensuite l’occasion d’expliquer pourquoi, à son avis, certains dépisteurs critiquent son manque d’ardeur, de compétitivité.

Il ne bronche pas. À peine les cils clignent-ils un peu plus vite… dirait-on… pas sûr...

Pour être honnête, je n’ai jamais entendu ça auparavant. C’est la première fois qu’on me le dit. Je suis compétitif, je joue dur. Il va évidemment y avoir des soirs où je ne compétitionnerai pas à 100 %. C’est la nature du sport. Tu ne peux pas être à ton mieux tous les soirs. Peut-être que c’est le cas. Je ne saurais dire pour être honnête, laisse tomber Wright.

S’il est ébranlé, il n’en laisse rien paraître. Mieux vaut s’y préparer avec la myriade d’entrevues avec les équipes qui l’attend aux essais physiques à Buffalo en juin. Sans parler des fieffés journalistes.

Luca Caputi estime plutôt que son style de jeu peut parfois donner l’impression qu’il prend les choses à la légère.

Peut-être parce que c’est un joueur patient par moment. Tu ne peux pas courir partout à 100 milles à l’heure tout le temps, tu vas être brûlé avant la deuxième période. Il ralentit le jeu pour être en mesure d’accélérer quand c’est le temps. Ça lui permet de contrôler le jeu grâce à son intelligence. Il fait en sorte que tout le monde joue à son rythme, il contrôle le tempo.

Pression et pandémie

Wright en remet même une couche. Lorsqu’il a obtenu le statut de joueur exceptionnel pour amorcer son stage dans la Ligue junior de l’Ontario (OHL) à 15 ans – l’un des cinq joueurs à avoir reçu ce privilège avec John Tavares, Aaron Ekblad, Connor McDavid et Sean Day – il était parfois perçu comme un talent générationnel.

Du moins, sa cote était plus élevée qu’aujourd’hui. Son statut de premier choix du repêchage de 2022 semblait déjà acquis. Il n’a jamais autant été remis en question qu’à deux mois de l’encan.

Il assure être encore un talent générationnel.

Je le crois. J’ai beaucoup de choses à apprendre encore et à améliorer. Mais de façon générale, avec mon jeu actuellement et comment je le vois évoluer, je pense encore que je peux devenir ce joueur, assure-t-il.

Caputi, à ne pas confondre avec l’auteur américain à la semblable musicalité patronymique, parle de lui comme d’une supervedette.

Il convient malgré tout que la pandémie a fait mal à son jeune protégé, comme à tous les autres jeunes hockeyeurs d’ailleurs. Une piste de réflexion, selon lui, pour expliquer certaines critiques.

Wright a été presque inactif en compétition en 2020-2021. Comme capitaine, aux côtés du prodige Connor Bedard, il a mené le Canada à la conquête de l’or au mondial des moins de 18 ans. Le fabricant de jeux de Burlington a récolté 14 points, dont 9 buts en 5 matchs.

L’essentiel de son entraînement était composé de séances en gymnase, de matchs simulés à l’occasion avec des joueurs de son âge et de patins à roues alignées. De beaucoup de temps en patins à roues alignées en fait.

J’adore ça. C’est ce qu’il y a de plus près du patin sur glace, dit-il.

Du patin à roues alignées dans les rues cossues de banlieues torontoises. Comme tous les jeunes hockeyeurs canadiens d’un océan à l’autre. Comme quand il avait 8 ans.

Maintenant, il en a 18. Et s’il devait être choisi par le Canadien, il ne pourrait être plus loin du confort de cette vision un brin romantique de l’enfance.

Ce sera Montréal et ses attentes. Et sa pression.

Toute ma vie, j’ai eu à gérer de la pression. J’ai toujours été sous les feux de la rampe. Quand la pression est élevée, c’est là que je ressors et montre mes couleurs. J’aime la pression, je l’accueille à bras ouverts et je m’y suis habitué au fil des ans.

Une citation de Shane Wright

Voilà qui pourrait servir.

Alors, Shane, où joueras-tu l’an prochain?

Dans la LNH, j’ai l’impression que c’est là que je dois être.

À Montréal ou ailleurs. Il vous reste deux mois pour en débattre pour votre bon plaisir.

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