Cinq bonnes nouvelles pour le Canadien au terme d’une saison misérable
Cole Caufield
Photo : usa today sports / Eric Bolte
Le Canadien tire un trait sur la pire saison de son histoire. Rien de moins. La nouvelle direction aura les mains pleines de dossiers encombrants dans les prochains mois et beaucoup de travail à faire pour relancer cette équipe. L’avenir n’est pas encore radieux, même si l’on peut certainement y voir quelques aspects positifs.
En toute transparence, on avait pensé faire la chronologie des malheurs du CH avant de se raviser. Le temps était pluvieux tout récemment; le printemps se fait attendre; les mauvaises nouvelles affluent de partout dans le monde : honnêtement, qui a vraiment besoin de rejouer dans les plaies encore vives et de dénombrer les malheurs bien trop connus de cette équipe en perdition?
Un exercice semblable à la fin de l’année 2021 avait eu de quoi saper le moral des plus optimistes. Concentrons-nous donc – une fois n’est pas coutume – sur les rayons de soleil qui percent tranquillement la grisaille de cette organisation, en dépit des nuages noirs en forme de gardien de but qui s’amoncellent encore à l’horizon.
Le Tricolore a battu des records de médiocrité. Jamais n’avait-il accordé 300 buts dans une saison (317 cette année). Jamais n’avait-il perdu plus de 40 matchs en temps réglementaire (49). Une seule fois avait-il souffert d’un avantage numérique encore plus déficient (13,3 % d’efficacité en 2018-2019 contre 13,7 % en 2021-2022). Il n’avait pas connu une séquence de neuf défaites à la régulière en plus de 80 ans.
Depuis le conflit de travail en 2004-2005, cinq formations avaient atteint le triste plateau des 50 défaites en 60 minutes. Le CH les a presque rejointes. Son pourcentage de points récoltés de ,335 vient au 511e rang des 516 saisons recensées au cours de ces 17 années. Il a accordé le premier but 52 fois. Il a donné cinq buts ou plus dans un match à 31 reprises.
On vous avait promis de bonnes nouvelles, dites-vous? Oui, voilà, on veut bien, mais il convient d’abord de brosser le tableau d’ensemble. Ça permet de se rappeler que, dans un pareil fiasco, elles ne peuvent être ni si bonnes ni si nombreuses.
En voici malgré tout.
Le repêchage
L’évidence même. Le Bleu-blanc-rouge ayant terminé la saison au 32e et dernier rang de la ligue, il s’arroge 25,5 % des chances d’obtenir le tout premier choix de l’encan 2022, 18,8 % de sélectionner au deuxième rang et 55,7 % de repêcher troisième, soit son pire classement possible.
Il a choisi trois fois aussi haut lors des cinquante dernières années avec un succès, disons, mitigé. Doug Wickenheiser (1er en 1980), Alex Galchenyuk (3e en 2012) et Jesperi Kotkaniemi (3e en 2018) ont été les (pas si) heureux élus. Voilà une belle occasion de se reprendre. L’ennui est le suivant : les dépisteurs sont unanimes, il n’y a pas de talent générationnel dans le lot, pas de Connor Bedard (meilleur espoir pour 2023) en vue.
Un recruteur consulté disait d’ailleurs récemment : Si j’ai le premier choix, c’est sûr que j’essaie de reculer.
Et notre homme d’ajouter que s’il est forcé de le garder, [il ne prend] pas Shane Wright
.
Dur constat, mais ce n’est qu’une opinion, après tout.
N’empêche que Kent Hughes aura 14 choix à sa disposition à Montréal au mois de juillet, dont deux sélections de premier tour et une particulièrement élevée. Il aura de bonnes cartes en main. Il reste à voir comment il les abattra.
La progression
Nick Suzuki et Cole Caufield ont connu des débuts chancelants cette année, à l’image du reste de l’équipe. L’incapacité de Suzuki de s’imposer et de produire lors des confrontations à l’étranger depuis deux ans inquiétait plusieurs personnes, mais le jeune centre a finalement réussi près de la moitié de ses points (29 sur 61) sur les patinoires adverses.
Il a atteint la barre des 20 buts et des 60 points pour la première fois de sa carrière, en dépit d’un frigorifique ratio défensif de -29, bilan tristement normal pour l’attaquant le plus utilisé d’une équipe qui a accordé 98 filets (!) de plus qu’elle en a marqué.
Sous St-Louis, Caufield a été le plus productif : 22 buts et 35 points en 37 rencontres. On parle ici d’un total de 48 buts et de 78 points au prorata d’une saison complète.
Jordan Harris rappelait vendredi que l’entraîneur se fait un point d’honneur de rappeler à ses jeunes qu’ils commettront trois, quatre, cinq erreurs par match. Qu’il ne faut pas s’en faire, qu’il faut jouer d’instinct et laisser parler son intelligence. Un discours qui n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd avec Caufield. Avec les autres jeunes espoirs du club également.
Il ne reste qu’à miser sur leur progression.
La saga Jeff Petry
Ce n’est pas nécessairement si positif, mais c’est romantique. Ou pas, selon la conclusion.
C’était une histoire d’amour. Une belle relation sincère et profonde. Puis, comme ça arrive parfois, les petits défauts du Canadien se sont mis à agacer Jeff Petry et réciproquement, si bien que la relation a dérapé et que le divorce semblait inévitable.
Il y a toutefois eu une petite lueur d’espoir dans les dernières semaines. Petry a retrouvé de sa superbe. Les irritants qui l’ont conduit à rapatrier sa famille dans son Michigan natal se sont estompés peu à peu, et l’on s’est mis à se demander si la conclusion était si inéluctable que ça.
Le directeur général Kent Hughes a encore assuré qu’il échangerait Petry cet été si l’occasion se présentait, une demande faite à la base par le clan du joueur.
Les restrictions sanitaires tombent. Petry a retrouvé son partenaire Joel Edmundson et a amassé 11 points dans les 11 derniers matchs de l’année.
Pour ma famille, la décision de les renvoyer à la maison a été très difficile. Ma femme et moi adorons cette ville. On l’adore depuis huit ans. On est bien installés pour mes enfants à l’école. C’est dur pour ma famille et la sienne de venir visiter avec les restrictions, a-t-il expliqué. Vous avez vu les vidéos de mes enfants, c’est assez intense chez nous. On a besoin d’aide. On n’en avait pas. Les écoles fermaient, il y avait beaucoup d’incertitudes avec le confinement, c’est ce qui a guidé la décision.
« Je vais maintenant prendre le temps de rentrer à la maison, réfléchir à cette année, parler à ma famille. Je ne veux pas fermer la porte et automatiquement dire que c’est la dernière fois que je suis ici. »
Au risque de se répéter, la meilleure solution serait probablement que les deux parties renouent avec leurs vœux. Que Petry redevienne ce défenseur offensif et joue à la hauteur de ce contrat qui pèse encore pour 6,25 millions sur la masse salariale pour les trois prochaines saisons.
Kent Hughes semble avoir fait son lit dans ce dossier. S’il l’échange, il aura allégé ses soucis comptables. Et ça, en soi, ce n’est pas une mauvaise nouvelle.
La bataille en défense
Jordan Harris. Kaiden Guhle. Justin Barron. Mattias Norlinder.
Ils seront nombreux, les postulants, à prétendre à un travail à temps plein dans la Ligue nationale de hockey (LNH) en septembre prochain.
Harris et Barron ont plutôt bien paru pendant leur court séjour. Pour une rare fois ces dernières années, sans qu’il y ait nécessairement l’émergence d’une grande vedette, le potentiel à l’arrière offre un portrait intéressant. Il demeure qu’il faudra les entourer.
Si Petry était échangé avant l’été, on irait chercher un autre défenseur. Ce sera notre objectif. Notre priorité est de mettre nos jeunes dans un bon environnement pour bien les développer. On n’arrivera pas au camp avec trois recrues [en défense] dans la formation. On ne prendra pas ce risque
, a fait valoir Hughes samedi lors du bilan de fin de saison.
C’est prometteur, mais il faut savoir prendre son temps.
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L’enthousiasme
Ce point-là est un peu plus ésotérique, mais bon, il faut ce qu’il faut dans cette saison de misère.
On sent l’enthousiasme, non seulement des partisans (aussi bizarre cela puisse-t-il être lorsque votre équipe termine dernière), mais également des joueurs. Ça fêtait fort après le dernier match de la saison, peut-être pour saluer une dernière fois Carey Price, qui pourrait bien devoir raccrocher ses jambières dans les prochains mois.
Les joueurs évoquent toujours la camaraderie, la bonne entente des membres du groupe. On semble avoir foi en Martin St-Louis, qui, disent-ils, accorde un peu plus de place à la créativité offensive et demande à ses ouailles de laisser parler leur instinct davantage.
Évidemment, on verra si cette belle solidarité résistera aux premiers écueils inévitables de la prochaine campagne. En attendant, ils ont foi en l’avenir. Et c’est pas mal tout ce qui leur reste en ce moment : l’espoir.
En extra
Êtes-vous prêts pour le petit extra? Sûr? Le voilà.
Cette saison est enfin terminée.