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Comment Guy Lafleur a-t-il influencé la culture québécoise?

Les deux hommes sont debout en costume autour d'une table.

Dans une scène de l'émission Du tac au tac, Guy Lafleur et Jean-Jacques Lemay (Roger Lebel) en 1978.

Photo : Radio-Canada / Jean-Pierre Karsenty

Guy Lafleur au Québec, c'est bien plus que le hockey. L'héritage de l'ancien no 10 du Canadien de Montréal est aussi culturel. Radio-Canada Sports s’est entretenu avec Benoît Melançon, historien de la culture du sport et professeur à l’Université de Montréal.

Tout d’abord, ce qui me frappe, c’est la très longue présence médiatique de Guy Lafleur. Il a été un des tout premiers joueurs à être une vedette médiatique quand il était enfant. Il avait 10 ans et on savait déjà que ce serait une vedette. Dans l’histoire de la Ligue nationale de hockey, il y a un seul cas avant cela, identique, c’est Bobby Orr.

Et donc, il est devenu immédiatement un proche, un familier. On a grandi avec lui. Maurice Richard arrive en 1942, personne ne l’attend. Jean Béliveau arrive avec les As de Québec, personne ne l’attend. Quand Guy Lafleur arrive avec le Canadien, tout le monde l’attend depuis 10 ans au moins, explique immédiatement Benoît Melançon.

Durant toute sa vie, Guy Lafleur a inspiré les artistes de tout horizon : chanteurs, musiciens, écrivains et, bien sûr, les peintres.

Il est notamment représenté, et ce sont les toiles les plus connues, par Serge Lemoyne. En 1970, il va avoir une période très forte sur le hockey avec au moins trois tableaux qui représentent Guy Lafleur. Lemoyne travaillait avec seulement trois couleurs : le bleu, le blanc et le rouge. Et cela suffisait pour faire apparaître Guy Lafleur, poursuit M. Melançon.

Il a donc cette présence dans la peinture, mais aussi dans la littérature. Il apparaît dans des romans, dans des poèmes, dans des pièces de théâtre. Il devient une figure familière. Il a même fait un disque qui ne l’a pas vraiment fait passer à la postérité sur les entraînements au hockey.

Une citation de Benoît Melançon, professeur titulaire au département des littératures de langue française de l'Université de Montréal

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Plusieurs personnes de dos, les mains en l'air, célèbrent un jeu de football à la télévision.

Il y a bien sûr une chanson célèbre qui lui est consacrée par Robert Charlebois, qui s’appelle Champion. C’est une chanson tout à fait étonnante, car c’est une chanson sur Guy Lafleur. On sait que c’est une chanson sur lui et Guy Lafleur n’est pas nommé, car on sait que c’est de lui qu'il est question, explique Benoît Melançon.

Robert Charlebois discute de Guy Lafleur.

Le professeur se souvient de son film favori qui est La cuisine rouge dans lequel il y a une scène de bagarre dans une taverne où il y a un des personnages qui agresse l’autre en lui disant : Répète après moi, Guy Lafleur est le plus grand de tous les Québécois.

Il y a donc pour lui quelque chose de très étonnant dans ces représentations culturelles tout à fait diversifiées. Benoît Melançon explique qu’il y a eu énormément de biographies et de livres pour enfants qui lui sont consacrées, et encore plus étonnant, un livre sur Guy Lafleur sur ses années à Québec quand il était enfant.

Guy Lafleur, le poète

Bon, ce n’est pas de la poésie qui va passer à la postérité, nous dit Benoît Melançon.

Il y a eu un article de 1972 de l’écrivain Victor Lévy-Beaulieu qui parle de Guy Lafleur comme un prolétaire et un poète. Et il y a également le titre du livre de Georges Hébert-Germain, L’ombre et la lumière, qui viendrait d’un des poèmes de Guy Lafleur. Ce n’est pas quelque chose que j’enseigne dans mes cours de l’histoire de la littérature québécoise, mais c’est quand même assez significatif qu’on le présente comme cela dans les années 1970, ajoute-t-il.

Qu’on le décrive à la fois comme une personne qui vient des classes populaires et qui se cherche existentiellement. Et pour se trouver existentiellement, il écrit de la poésie. Alors, avec la disparition de Guy Lafleur, on peut se demander ce qu’il va rester dans la mémoire collective des Québécois.

Plusieurs choses selon Benoît Melançon

Il va rester des choses complètement différentes de ce qu’on a vu auparavant. Maurice Richard, c’était cette réussite inattendue. Jean Béliveau, c’était déjà autre chose. C’était un grand monsieur, surtout par la taille, qui parlait lentement, qui avait une voix grave, qui aimait se faire représenter en train de lire des livres. Et donc, il est passé à la postérité comme de quelqu’un d’élégant. C’est comme cela que l’on représentait toujours Jean Béliveau, l’élégance par excellence, explique M. Melançon.

Guy Lafleur, comment il va rester dans les mémoires? Il y a plusieurs caractéristiques, mais une, surtout, c’est sa gentillesse, son ouverture, sa proximité, sa familiarité, détaille Benoît Melançon. Tous les gens qui ont parlé, qui ont écrit sur Guy Lafleur, disent que c’était la personne la plus proche de son public que vous puissiez imaginer.

Il n’a jamais eu besoin de présentation, tellement qu’il a récemment donné son visage pour une publicité pour le CHUM, eh bien, il y a la photo de Guy Lafleur, mais pas son nom. On n’a pas besoin de son nom, on sait qui c’est!

Finalement, Guy Lafleur laissera à jamais cette image d’une personne qui a toujours été proche de nous, comme un membre de notre famille, conclut-il.

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