Un DG complémentaire... et après Noël, Jeff Gorton prône la patience

Jeff Gorton lors de sa première conférence de presse en tant que vice-président des opérations hockey du Canadien de Montréal.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
C'est en lisant une déclaration écrite en français que Jeff Gorton a amorcé son premier point de presse en tant que vice-président des opérations hockey du Canadien de Montréal, vendredi matin, à Brossard. Il a demandé de faire preuve de patience avec lui sur son apprentissage de la langue, comme pour les nombreuses décisions à venir.
Bonjour à tous, c'est avec beaucoup de fierté que j'ai accepté le rôle de vice-président des opérations hockey avec Canadien de Montréal. La plus grande franchise dans l’histoire du hockey. Avec le but de ramener la coupe Stanley à Montréal. Merci Geoff Molson pour cette confiance. I hope that was ok? (J'espère que c'était correct?)
, a dit Jeff Gorton, en ouverture de sa déclaration.
Le nouvel homme fort du septième étage du Centre Bell a ensuite répondu aux questions des journalistes pendant une trentaine de minutes, appuyant à de nombreuses reprises sur le fait qu'il était dans un processus d'acclimatation avec l'équipe et qu'aucune décision ne serait prise à court terme.
Il a cependant confirmé que Dominique Ducharme conserverait son poste jusqu'à la fin de la saison et qu'il amorçait le processus d'embauche d'un nouveau directeur général, qui devrait être, a-t-il répété maintes fois, complémentaire à ce qu'il apporte déjà au CH.
Le choix du prochain DG sera fait de concert avec Geoff Molson, a-t-il indiqué, et la recherche devrait s'étirer au-delà du congé des Fêtes.
Il n'y a pas déjà un groupe d'individus qu'on a décidé d'approcher. Geoff et moi, nous en parlerons davantage. Je ne veux pas m'engager envers personne. Ils peuvent continuer de m'appeler
, a ajouté Jeff Gorton, qui a dû répondre à quelques questions sur la candidature spontanée de Patrick Roy.
« J'ai énormément de respect pour lui (Patrick Roy). C'est un homme émotif qui dit ce qu'il pense [...] Nous allons regarder toutes les candidatures. Je ne vais exclure personne. Je ne dirai ni oui ni non à personne. Mais certainement, Patrick Roy, j'ai entendu qu'il a fait cette déclaration. C'est un gars passionné. Et j'ai beaucoup de respect pour le gars. »
J'aimerais que ce soit quelqu'un avec une vision différente, a-t-il continué. Je pense que c'est mieux que si tout le monde ne pense pas comme Jeff Gorton. On va tenter de trouver une personne qui a une vision différente et un parcours différent, qui peut me compléter.
Pour illustrer sa quête de complémentarité, il a avoué qu'il n'hésiterait pas à considérer la candidature d'un agent de joueurs, par exemple.
Le prochain directeur général du Tricolore aura aussi une ligne directe avec Geoff Molson et pourra prendre ses propres décisions... dans un esprit de collaboration, bien entendu, a détaillé le dirigeant américain de 53 ans, originaire du Massachusetts.
Le propriétaire et président avait présenté une structure à deux hommes de hockey lundi, mais la plupart des observateurs doutaient d'une relation d'égal à égal entre Gorton et l'éventuel directeur général. Gorton a insisté pour dire qu'il ne sera pas le patron du directeur général et qu'il souhaite d'abord et avant tout partager sa propre expérience de DG, poste qu'il a occupé avec les Bruins de Boston et les Rangers de New York par le passé, avec la personne qui sera choisie pour succéder à Marc Bergevin.
Vous voyez beaucoup de systèmes complémentaires de deux hommes maintenant où tout le monde travaille en collaboration. C'est ce que nous allons nous efforcer de faire. J'ai été directeur général. Lorsque nous allons embaucher le directeur général, il devra avoir l'autorité pour prendre certaines décisions. Je crois qu'avec mon histoire et mon expérience, je vais être un très bon atout pour cette personne. C'est une des choses qui m'a attiré vers le poste. À New York, en tant que DG, j'avais le pouvoir de prendre des décisions
, a souligné Jeff Gorton.
La façon dont cela fonctionne généralement au hockey, a-t-il poursuivi, c'est que vous construisez votre personnel avec des personnes en qui vous avez confiance et vous prenez des décisions. Je pense que chaque équipe fonctionne de la même façon. Vous seriez surpris, il n'y a pas beaucoup d'équipes qui prennent des décisions avec une seule personne. Nous voulons construire ce tandem.
Gorton a également indiqué qu'il prévoyait développer un département de statistiques avancées. Il compte aussi embaucher des personnes supplémentaires du côté du développement des joueurs parce qu'il est important d'accompagner les espoirs de l'équipe au quotidien.
Situation catastrophique
La tâche de redresser le Tricolore s'annonce colossale. L'équipe croupit dans les bas-fonds de la LNH avec seulement 6 victoires à ses 25 premiers matchs.
Je suis conscient que l'équipe connaît un début de saison difficile, a-t-il dit. Ç'a été un peu une situation catastrophique avec les blessures. C'est comme si tout ce qui pouvait mal aller s'était produit.
En arrivant dans l'édifice, je pouvais sentir que l'énergie était à la baisse et que l'attitude n'était pas à point. J'espère apporter un peu d'espoir et d'énergie positive pour renverser la vapeur. Mon objectif à court terme est de parler à tous les joueurs pour comprendre ce qui se passe.
Jeff Gorton a d'ailleurs assisté en personne, jeudi, à son premier match de ce qui est désormais son équipe. Une défaite de 4-1 contre l'Avalanche du Colorado qui a d'ailleurs été marquée par le geste d'un partisan qui a lancé son chandail du CH sur la patinoire. Une manifestation que n'a pas ratée le nouveau patron du haut de son nouveau perchoir.
Vous ne voulez jamais que quelque chose comme ça se produise, a-t-il lâché. C'est décevant de voir un partisan lancer son chandail sur la glace. C'est hors de notre contrôle. Ma première pensée est pour les joueurs qui travaillent le plus fort qu'ils peuvent. Ça ne va pas aider la situation.
Jeff Gorton n'a pas voulu confirmer que l'équipe procéderait à une reconstruction comme celle qu'il a pilotée à New York, mais il a assuré que si c'était la voie choisie par l'état-major de l'équipe, ce serait fait avec la même transparence que lorsqu'il était avec les Rangers. L'organisation new-yorkaise avait notamment publié une lettre ouverte à ses partisans pour leur expliquer le processus.
Le vice-président des opérations hockey du Canadien a indiqué qu'il voulait d'abord rencontrer les joueurs et apprendre à les connaître avant de prendre une décision quant à leur avenir avec l'équipe. Il a toutefois avoué que la gestion de la masse salariale, qui compte déjà 10 joueurs sous contrat jusqu'à la fin de la saison 2024-2025 et au-delà, serait une priorité.
Je pense qu'en allant de l'avant, il faudra tout regarder. Il y a des contrats sur lesquels nous devons nous pencher. Qui sera avec nous à l'avenir et qui ne le sera pas? Qui seront ses joueurs? Demain (samedi), ne sera que mon deuxième match
, a-t-il conclu en maintenant qu'il prenait à peine ses marques.
Le Canadien se prépare d'ailleurs à affronter samedi à Nashville, les Predators, l'ancienne équipe de Shea Weber, toujours capitaine même s'il ne devrait plus jamais jouer dans la LNH. Son contrat vient à échéance après la saison 2025-2026. C'est l'un des nombreux dossiers épineux dont a hérité Jeff Gorton de la précédente administration et qu'il devra analyser avec son futur bras droit.