Stéphane Auger en mission pour développer le hockey universitaire
Joé Juneau et Édouard Darche, père de Mathieu, sont convaincus que le milieu scolaire est la voie de l'avenir pour le hockey québécois.

Le hockey scolaire est de plus en plus connu au Québec, mais cette hausse de popularité ne se fait pas encore ressentir à l'échelon universitaire.
Photo : The Canadian Press / Andrew Vaughan
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Quand Stéphane Auger a commencé à arbitrer, au tournant des années 1980, il n’y avait que trois équipes universitaires de hockey au Québec. Trente ans plus tard, il n’y a eu aucun ajout. Seules les universités McGill, Concordia et Trois-Rivières (UQTR) possèdent un programme de hockey masculin.
Le responsable du développement et des opérations hockey au RSEQ
, en poste depuis septembre 2019, se donne maintenant comme mission d'augmenter le nombre de programmes, entre autres.Cela passe, explique-t-il, par une meilleure harmonisation du hockey scolaire à tous les niveaux. Nous sommes en mode développement vertical. On veut solidifier la base existante, le hockey scolaire et collégial, mais aussi permettre aux étudiants-athlètes de poursuivre leur parcours jusqu’à l’université.
Le hockey scolaire profite d’une hausse de popularité partout dans la province. Celle-ci ne se fait toutefois pas ressentir à l'échelon universitaire.
On veut avoir quelque chose en haut de la pyramide, pour ces jeunes qui s’en viennent, admet Auger. Présentement, les débouchés sont assez minces.
Dans le but d'augmenter l’offre, Stéphane Auger et son équipe ont entamé une grande tournée de séduction pour rencontrer des représentants universitaires à Sherbrooke et à Bishop's, entre autres. On a parlé à toutes les universités déjà pour sonder leur intérêt. Pour l'instant, c’est très embryonnaire. Nous en sommes au stade de jaser de hockey en milieu universitaire et d’explorer les avenues possibles.
« Je sens qu’il y a un intérêt. Suffisamment pour que je continue d’investir temps et énergie! »
Pour l’instant, la barrière financière a été évoquée par quelques intervenants du milieu scolaire. Le coût de gestion serait considérable, excédant les centaines de milliers de dollars par année. En janvier 2019, l’UQAM a reçu un don de 1 million de dollars de la famille Molson pour mettre en place un programme de hockey. Ralentis par la pandémie, les Citadins visent maintenant de sauter sur la glace en 2022.
Déjà des appuis
L’ancien joueur du Canadien Joé Juneau, qui dirige depuis plus de 15 ans des programmes de développement hockey-école, se gratte un peu la tête quand il examine la vitesse à laquelle ce chemin se développe. Je ne suis pas le seul à regarder l’offre actuelle et à me demander pourquoi elle n'est pas plus grosse que ça, dit-il. De mon vécu, je peux vous dire que le parcours universitaire est une voie formidable pour de jeunes athlètes.
Je le ressens sur le terrain. On peut l’observer statistiquement. De plus en plus de parents désirent que leurs jeunes se développent dans un cadre scolaire. Il y a plus d’équipes dans le scolaire chaque année
, affirme-t-il, vantant du même souffle les qualités inhérentes à ce système.
Je comprends pourquoi il y a du très bon développement scolaire ici. Les jeunes reçoivent le soutien de pédagogues, de professionnels en éducation, et non pas de parents bénévoles qui sont souvent limités par les ressources dans le civil.
Après avoir terminé son parcours collégial, Juneau avait fait le saut dans les programmes américains pour parfaire son développement. Il ne garde que de merveilleux souvenirs de ses années universitaires, passées à l’Institut polytechnique Rensselar, dans l’État de New York.
« C’est une expérience formidable. La semaine, tu es libéré pour tes entraînements et tes études. Et ça crée un élan énorme en attendant les affrontements de la fin de semaine. »
Cette voie comporte des avantages indéniables, à son avis. Je suis enthousiaste de voir tous ces jeunes envahir les programmes scolaires. Ça permet de t’entraîner le jour, dans les cours d’éducation physique. Ça te permet de pratiquer d’autres sports. Le suivi scolaire est supérieur [...] Je n’ai jamais vu un coach au hockey civil vérifier les bulletins de ses joueurs!
Ce lien peut servir de motivation pour les jeunes, croit celui qui est aujourd’hui responsable du programme de hockey à l’école secondaire de Saint-Marc-des-Carrières.
Sans hockey, je n’aurais pas de diplôme
, soutient-il.
Un bris de service pourrait toutefois décourager un athlète d’opter pour le système scolaire, s’il sait que seulement trois équipes universitaires pourront l’accueillir au Québec par la suite pour poursuivre son parcours. Quand tu es conscient du développement qui se fait à la base, dans les écoles, tu peux te demander pourquoi le haut de la pyramide reste intact.
C’est entre autres pour ces raisons qu’Édouard Darche voit d’un bon œil les démarches du RSEQ.
Édouard est le père de Mathieu Darche, directeur général adjoint du Lightning de Tampa Bay et rare joueur de la Ligue nationale de hockey à être issu d'une université québécoise.
Comme parents, on a toujours été pour le sport dans les écoles, ma conjointe et moi, se souvient Édouard Darche, dont les deux fils ont été étudiants-athlètes à l’Université McGill. Mathieu au hockey, et Jean-Philippe au football! Pour nous, l’éducation était la priorité. Pour nos fils aussi.
Je trouverais génial de voir le circuit se développer. Je pense que c’est une nécessité. De plus en plus de jeunes vont se tourner vers cette option, pour bien des raisons.
Pour Juneau, les coûts ne devraient pas être un frein à ce qu’il considère comme un projet de société. C’est un investissement majeur dans la jeunesse. J’ai l’impression que l’argent ne devrait pas venir des universités directement, mais peut-être de partenaires financiers.
Le financement, le nerf de la guerre
Pourquoi ça coûterait trop cher de mettre en place un programme à l’université, alors qu’il y en a dans les cégeps et que ça se passe bien, se demande-t-il. En réalité, il n’y a pas plus de matchs, pas plus d'entraînements, pas plus d’entraîneurs. L’équipe du Cégep de Sainte-Foy s'entraîne au PEPS de l’Université Laval. Il y aurait moyen de concilier les heures de glace, je pense.
Édouard Darche a sa théorie à ce sujet : Mathieu m’a déjà informé qu’une des difficultés pour obtenir de l’argent de commanditaires, dans les universités montréalaises en tout cas, relevait de la question du favoritisme. Une compagnie ne voudrait pas se faire accuser de favoriser un établissement plutôt qu’un autre.
Il ajoute qu’il serait plus facile pour les universités d’acquérir des commanditaires si le circuit bénéficiait d’une plus grande visibilité. Les médias ont une part de responsabilité aussi. Si on mettait davantage en valeur les exploits des athlètes-étudiants, ça pourrait faire ouvrir les yeux à certains partenaires financiers.
Stéphane Auger semble aussi d’avis qu’une partie de la solution relève de la promotion du sport universitaire.
Quand on regarde le rayonnement des ligues universitaires aux États-Unis, je me dis qu’on pourrait très bien amener celui de la ligue canadienne à un autre niveau. Il y a un très bon calibre de jeu ici. La question maintenant, c’est aussi de savoir comment on peut mieux le promouvoir.