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Le Montréalais Enock Makonzo au coeur d’une saison de rêve en Caroline

Vêtu de turquoise, il est penché vers l'avant et attend un jeu.

Enock Makonzo

Photo : Courtoisie : Université Coastal Carolina

Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Jusqu’à tout récemment, l’équipe de football de la petite Université Coastal Carolina était surtout reconnue pour la couleur turquoise de son terrain. Membres de l'Association Sun Belt depuis 2017, les Chanticleers n’y avaient jamais connu une saison gagnante.

On ne sera pas très original en écrivant que l’année 2020 n’est pas comme les autres.

L’équipe de Coastal Carolina, basée à Conway, près de Myrtle Beach en Caroline du Sud, est invaincue en six matchs jusqu’ici. Elle est classée première de son association et se hisse au 15e rang du prestigieux classement national de la NCAA.

Les Chanticleers devancent notamment des ténors du ballon oval américain, comme les universités du Michigan, Auburn, USC ou encore Oklahoma. Ils ont gagné leur dernier match 51-0 contre Georgia State.

C’est du jamais vu pour l’institution d’un peu plus de 10 000 étudiants. Au coeur des succès de cette équipe se trouve le Montréalais Enock Makonzo, un secondeur partant qui a réussi 25 plaqués en solo jusqu’ici, le plus grand nombre parmi tous ses coéquipiers. Il a aussi réalisé deux sacs du quart.

J’ai eu des hauts et des bas dans ma carrière, mais cette année est vraiment spéciale, dit-il à Radio-Canada Sports. On est en train de réécrire l’histoire sportive de l’école. Je joue bien, mais mes statistiques reflètent surtout notre performance d’équipe. Je dois tout à mes coéquipiers et mes entraîneurs. Tout le monde fait son travail.

On n’est pas surpris d’avoir cette fiche et on en est très fiers, ajoute le Montréalais. On continue de prouver aux gens qu’on n’est pas une équipe à prendre à la légère. Je trouve qu’on mériterait un peu plus de respect de la part des gens, mais on ne s’y attarde pas. Ce n’est pas grave. On veut gagner le championnat de notre association.

Un joueur de football vêtu de blanc et de turquoise récupère un ballon tombé sur le terrain sous le regard des quatre coéquipiers.

Enock Makonzo lors d'un match contre l'Université du Kansas

Photo : Getty Images / Brian Davidson

À 23 ans, Makonzo ne cache pas non plus ses ambitions professionnelles. Il rêve à la NFL, même s’il n’est pas le plus costaud à 1,80 m et 87 kg (5 pi 11 po/195 lb). S’il occupe la position de secondeur cette année, c’est d’abord pour dépanner son équipe.

En 2019, avant de se déchirer le ligament croisé antérieur du genou au deuxième match de la saison, il était demi défensif.

Je ne m’attarde pas à mon physique parce que le plus important, c’est que je montre jour après jour que je peux jouer du bon football et que j’arrive à trouver des moyens d’aider l’équipe. Mes qualités me permettent de jouer secondeur ou dans la tertiaire.

Dominique Ménard a entraîné Makonzo à l’école secondaire Dalbé-Viau à Lachine où il travaille depuis 25 ans. Aujourd’hui directeur des sports et entraîneur-chef de l’équipe juvénile, il l'a suivi de la fin du primaire jusqu'à l'obtention de son diplôme en 2014.

Un joueur de football vêtu de noir et de turquoise gonfle ses muscles lors d'un match de football universitaire américain

Enock Makonzo

Photo : Courtoisie : Université Coastal Carolina

Beaucoup de gens disaient qu’il n’était pas assez grand ou pas assez gros. Mais partout où il est allé, il a été dominant, explique Ménard. Je pense que c’est le joueur qui frappe le plus dur que j’ai entraîné. Personne ne frappe aussi fort que lui. Son synchronisme et son sens de l’anticipation sont remarquables. Il terrorisait les équipes adverses et sur les unités spéciales. C’est un monstre, il frappe tellement fort. Les gars en avaient peur sur le terrain!

Quand on évoque sa puissance avec lui, Makonzo rit timidement.

J’imagine que je tiens ça de mes parents et que c’est naturel, dit l’étudiant en administration. Je leur dois parce que je n’ai jamais vraiment eu à travailler sur ça en tant que tel. Je suis doué pour frapper aussi fort, donc je m’en sers à mon avantage.

Parfaire son art de Lachine au Nouveau-Mexique

Les parents de Makonzo ont immigré du Congo. Le frère aîné d’Enock, Ethan, joue au football pour les Carabins de l’Université de Montréal. Deux autres frères jouent encore à Dalbé-Viau.

C’est là que Makonzo est tombé amoureux du football. Le premier pas d’une longue marche encore inachevée.

Ç’a été une révélation pour moi, dit-il. Je me suis dit que c’est ce que je voulais vraiment entreprendre dans ma vie. C’est là que le but de jouer pro est apparu.

Des joueurs de football d'une école secondaire, vêtus de blanc, jaune et noir, prennent la pose avec leur entraîneur.

Enock Makonzo, numéro 43, avec l'équipe de Dalbé-Viau

Photo : Courtoisie : École Dalbé-Viau

Je l’ai vu évoluer comme être humain au fil des années, raconte Dominique Ménard. Au secondaire, il parlait peu et était plutôt un leader silencieux. Il est plus volubile aujourd’hui et plus confiant en lui. Je l’ai entendu en entrevue après un match récemment à la télévision et il m’a impressionné.

Entre Lachine et la Caroline du Sud, Makonzo est passé par le Cégep du Vieux-Montréal, puis par l’Institut militaire du Nouveau-Mexique avant de se joindre à Coastal Carolina.

Au Nouveau-Mexique, Makonzo étudiait dans un collège postsecondaire, là où bien des rêves échouent pour des joueurs qui n’arrivent pas à faire leur place dans les plus grands programmes universitaires. La série Last Chance U, diffusée sur Netflix, peint un portrait fort coloré des équipes de football de ces collèges.

L’expérience a été difficile, mais formatrice. Les règles de l’équipe étaient très strictes.

Ce n’était pas le paradis et j’ai dû surmonter beaucoup d’épreuves pour passer à l’étape suivante, analyse Makonzo. Je ne savais vraiment pas dans quoi je m’embarquais, mais l’expérience m’a changé. Je devais faire abstraction de tout ce qui se passait autour et rester concentré.

Deux joueurs de football vêtus de noir et turquoise sautent en se tenant par le coude pour manifester leur satisfaction.

Enock Makonzo et un coéquipier lors d'un match

Photo : Courtoisie : Université Coastal Carolina

Il fallait être très discipliné, ajoute-t-il. Je n’avais jamais pensé vivre ça dans ma vie. Ce n’est pas une école normale. Ce n’est pas un environnement dans lequel tu voudrais vivre par toi-même, sauf si tu as l’ambition d’aller dans l’armée.

Son rêve est bien sûr ailleurs. D’abord, il veut gagner le championnat de son association, puis accéder au football professionnel.

Il veut aussi inspirer les plus jeunes joueurs au Canada et leur faire réaliser qu’ils ont leur place au sud de la frontière, même en cette période trouble.

Il y a des milliers de talents au Canada, et j’espère que les équipes américaines vont le réaliser et comprendre à quel point on est capable de jouer avec eux. On doit simplement trouver une façon d’attirer leur attention.

Cette saison, pas moins de sept anciens des Aigles d’or de Dalbé-Viau jouent dans la NCAA. Trois autres ont opté pour terminer leurs études secondaires dans des écoles américaines reconnues pour leur programme de football.

Enock, c’est un modèle pour nous, reconnaît Dominique Ménard. Il a travaillé fort pour se rendre où il est. Il avait 75 % de moyenne au secondaire et il fallait qu’il travaille pour l’obtenir. C’est un bel ambassadeur pour nos joueurs.

Et visiblement un sacré joueur de football.

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