L'ancien promoteur de boxe Régis Lévesque est mort

Régis Lévesque prend la pose devant une affiche montrant Fernand Marcotte et Eddie Melo.
Photo : Courtoisie Régis Lévesque
L'ancien promoteur Régis Lévesque, personnage marquant de la boxe au Québec, est décédé à l'âge de 85 ans.
Il s’est éteint autour de 22 h 30, mardi, après un long combat contre un cancer de la langue.
Lévesque a été au cœur de plusieurs des plus grands galas présentés au Québec durant près d’un demi-siècle. Les noms des boxeurs Eddie Melo et Fernand Marcotte lui sont à jamais associés.
On se souviendra de lui pour son langage coloré et la façon bien personnelle qu’il avait de promoter
ses événements souvent tenus au Centre Paul-Sauvé et au Forum de Montréal.
Il laisse dans le deuil ses enfants Annie, Josée et Daniel, lui-même un ancien boxeur.
Au cours des derniers mois, une biographie, Régis Lévesque, mes 50 ans de promotion en province, et un court métrage documentaire, Que j’eusse promoté, ont été produits par Simon Rodrigue.
Un promoteur qui avait du respect pour les boxeurs
L’ex-boxeur Gaétan Hart garde un bon souvenir de Régis Lévesque. Il le décrit comme un gars extraordinaire
qui était, à un certain moment, le plus grand promoteur de boxe à Montréal.
Régis, je me suis souvent battu dans ses cartes de boxe, a rappelé Hart. Régis, c’était le promoteur qui payait le plus ses boxeurs à l’époque. Dans les années 80, on se battait quand même pour de bonnes bourses, et c’était grâce à lui.
Il affirme que Régis Lévesque avait beaucoup de respect pour les boxeurs qu’il embauchait et qu’il en prenait soin. Le promoteur était aussi quelqu’un de coloré.
Je me suis battu un moment donné contre Donnie Poole au Centre Paul-Sauvé, se souvient l’ex-boxeur. C’était plein à craquer. Régis est arrivé avec une boîte et, à l’intérieur, il y avait une poule. Il l'a laissée aller sur l’arène, ça a déconcentré l’adversaire. Régis aimait surprendre les gens.
C’était un gars qui aimait profondément ce qu’il faisait, il aimait ses événements, et il aimait les boxeurs
, a renchéri le promoteur Yvon Michel.
Quant à Stéphane Ouellet, il se dit à la fois très triste de la mort de Régis Lévesque, mais aussi choyé de l'avoir connu. Salut mon Régis, merci pour tout! Et je t'aime mon pote,
a-t-il écrit à Radio-Canada Sports.
Un de ses fils spirituels, le promoteur Camille Estephan d'Eye of the Tiger Management, parle d'un deuil collectif pour l'univers de la boxe d'ici.
On est une famille aussi. On est vraiment en deuil. Il a fait tellement pour la boxe québécoise. Il nous a mis sur la map. On est des héritiers de son travail
, a-t-il d'abord reconnu.
Ce que je retiens de Régis, c’est vraiment sa personnalité, sa passion, son enthousiasme. Il voulait vivre son rêve. Un homme authentique. Alors, comment ne pas aimer une personne comme ça? Sans le connaître très bien, je l’ai rencontré deux ou trois fois. Il était lui-même. Une personne qui aimait beaucoup ses boxeurs, qui aimait la boxe et qui était honnête. J’aime beaucoup ce type d’individu
, a ajouté celui qui lui vouait un grand respect.
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Une passion pour le ring qui remonte aux années 50
Régis Lévesque est né le 8 juillet 1935 à Sainte-Angèle-de-Laval, une ancienne municipalité aujourd'hui rattachée à la ville de Bécancour, dans le Centre-du-Québec. Il enjambe d'abord les câbles des arènes à titre de lutteur vers la fin des années 50, avant d'amorcer une carrière de boxeur qui aura duré environ trois ans.
Lévesque aurait livré 26 combats amateurs, dont 23 qu'il a gagnés. Il participe également à deux combats professionnels et subit autant de défaites.
Au début des années 60, il réoriente sa carrière en se lançant dans la promotion et l'organisation de galas de boxe à Trois-Rivières. En 1968, il est au cœur du retour dans le ring du poids lourd Robert Cléroux, un ancien champion canadien, après une absence d'environ cinq ans.
Bien avant InterBox, le Groupe Yvon Michel et Eye of the Tiger Management, Régis Lévesque ouvre les portes à plusieurs pugilistes du Québec, notamment Donato Paduano, Fernand Marcotte, Mario Cusson, Jean-Claude Leclair, Gérald Bouchard, Gaétan Hart et les membres de la famille Hilton.
À la fin des années 70, il lance également la carrière d'Eddie Melo, un jeune Portugais de Toronto au style flamboyant, au point d'en faire l'attraction principale de plusieurs de ses galas à Montréal.
Lévesque avait un parti-pris pour les soirées de boxe locale. Il a quand même tenté d'organiser une soirée à grand déploiement.
En 1985, il lance l'idée de présenter un combat entre Cléroux, alors âgé de 47 ans, et l'illustre pugiliste américain Joe Frazier, ex-champion mondial des poids lourds de 1970 à 1973, alors âgé de 41 ans.
Incapable d'obtenir les attestations qui lui auraient permis d'organiser ce combat, il propose alors de le tenir dans un avion militaire, en présence de 400 journalistes. L'événement n'a jamais eu lieu. Et pour Lévesque, il en résulte, au-delà de ce rêve fou brisé, d'importantes pertes financières.
C’était un gars avec des idées magiques, qu’un autre promoteur n’aurait jamais pensées
, a dit Dave Hilton, qui a été l'un de ses protégés.
Régis, tu avais le personnage, et tu avais la personne. Il jouait vraiment un rôle. En public, il prenait le rôle d’un gars pas beaucoup organisé, qui s’enfarge dans ses mots, qui se trompe dans ses histoires, mais, réellement, il était super structuré et organisé
, a ajouté Yvon Michel.
L'arrivée du groupe InterBox, avec Yvon Michel à sa tête à la fin des années 1990, mène au départ graduel de Lévesque de la scène pugilistique québécoise. Celui-ci passe quelques années au sein de l'entreprise naissante, mais sa philosophie générale et sa vision de la boxe ne cadrent pas avec celles de ses patrons.
Ce qui n'affecte en rien le respect que lui voue Yvon Michel. Il a intéressé, il a planté les racines d’une génération complète d’amateurs de boxe. C’est grâce à ce que lui a implanté que des compagnies comme la nôtre ont été capables de s’installer et d’opérer et d’être profitables.
Au cours des derniers mois, le Temple de la renommée de la boxe internationale a annoncé que Lévesque y sera intronisé, probablement en 2021, soit un an plus tard que prévu à cause de la pandémie de COVID-19.
(Avec les informations de Jonathan Jobin, de Jean-François Chabot et d'Alexandre Coupal)