Des jeunes Montréalais à la découverte du fleuve Saint-Laurent

Des jeunes naviguent sur le fleuve Saint-Laurent.
Photo : Jeunes Marins Urbains
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Faire naviguer 10 000 enfants sur le fleuve Saint-Laurent, c’est l’objectif que s’est donné Jeunes Marins Urbains. Cet organisme d’Hochelaga-Maisonneuve, dans l’est de Montréal, construit une flotte de voiliers-avirons avec la population du quartier et avec l’aide des autres arrondissements de la ville. Une manière d’aller à la rencontre de l’autre.
L’objectif de cette flotte-là, avec le nom du programme 10 000 enfants sur le fleuve Saint-Laurent, vise à emmener les enfants du Québec sur le fleuve.
Au milieu de deux bateaux en construction, Yves Plante, le directeur général de Jeunes Marins Urbains, nous raconte comment a commencé son aventure et comment son projet a dépassé la construction de bateaux pour permettre aux jeunes de découvrir leur fleuve.
Ce passionné de voile, qui vit en convoyant des voiliers aux quatre coins du monde, a amorcé la construction de ses embarcations en 2015 avec des bénévoles de toute la ville, très souvent sans aucune expérience manuelle ou navale. Son objectif est de faire découvrir le fleuve aux enfants, et aussi de faire tomber les préjugés et les clichés que l’on peut avoir envers certains jeunes.
Quand ils arrivent ici, on ne leur colle pas une étiquette sur le front, du genre "je suis décrocheur" ou "je suis délinquant". Je me rappelle d’un cliché, le jeune Noir, de Montréal-Nord, qui vient d’un organisme de réinsertion. Après quelques mois sur le chantier, il a travaillé avec un architecte. Et tout d’un coup, c’est ce jeune qui est devenu la référence et qui donnait des conseils à un architecte qui pourtant construit des buildings au centre-ville.
Je me souviens aussi d’un grand moment. Je vois encore la scène, une Belge qui est là, un Marocain qui a emmené sur le chantier son père qui venait d’arriver en Amérique, et un grand mince du Niger. Là, je me dis : "Wow, un grand mince du Niger, un Marocain avec son père et une Belge." On est là, on construit des voiliers-avirons pour les enfants du Québec, c’est complètement improbable comme situation…Et pourtant, ça existe.

Le reportage de Robert Frosi
Photo : Jeunes Marins Urbains
Yves Plante veut construire 10 embarcations d’ici à l’été prochain. Dix mille enfants pourront ainsi découvrir leur fleuve avec sa faune, mais aussi ses problèmes environnementaux.
Arrivé par hasard, au début de l’aventure, Étienne Hennessey-Lemieux est devenu le premier employé de Jeunes Marins Urbains. Il a même eu l’insigne honneur d’être chef de bord. Tout en donnant des conseils à une nouvelle bénévole sur la manière de couper les vis, il nous explique son cheminement au sein de l’organisme.
Il y a des gens de toutes sortes d’horizons qui viennent chez Jeunes Marins Urbains. Juste de pouvoir interagir avec ces gens-là, je trouve ça fantastique. Ici, on ne fait pas juste construire des bateaux, on travaille ensemble pour un même projet, un même objectif, dit-il. La première fois que je suis allé sur le fleuve, je me suis dit : "Wow, je navigue sur le bateau que j’ai construit." C’est un moment inoubliable. En plus, on permet à des jeunes de découvrir le fleuve avec tout ce que cela comprend.
Apprendre à naviguer oui, mais aussi à découvrir une histoire, des poissons, les problèmes liés à la pollution. De plus, on est sur une île. On est dans l’archipel d’Hochelaga. Il y a des centaines d’îles ici et on n’en profite pas. Avec les bateaux qu’on fait, on montre aux gens qu’il y a une vie à vivre sur l’eau.
Entre deux conseils prodigués aux nouveaux bénévoles, Yves Plante est intarissable sur ce qu’est devenu son organisme. Même si les subventions sont au rendez-vous, il continue de s’associer à toutes sortes d’entreprises : des ateliers de menuiserie, de voilure, d’aluminium et même de nouvelles toiles pour enrober sa coque.
Malgré la pandémie, il continue d’accueillir tous les jours des bénévoles de tous les quartiers montréalais dans un atelier l’après-midi et dans un autre en début de soirée. Yves Plante ne cache pas que son souhait, c’est de voir des organismes comme Jeunes Marins Urbains partout au Québec. Il y a assez de place et de gens sur le bord du fleuve Saint-Laurent pour développer l’expérience
, dit-il.
Quand il y pense, ses yeux s’illuminent.
Imagine des Jeunes Marins Urbains tout le long du fleuve qui permettraient à tous les enfants du Québec de le découvrir et de le respecter.
Le directeur général parle déjà de construire une vingtaine de bateaux, un par arrondissement. Il veut également continuer sa quête pour un vivre ensemble encore meilleur.

Yves Plante, DG de Jeunes Marins Urbains
Photo : Jeunes Marins Urbains - Gauthier Da Silva
Il ajoute que tous ses bénévoles ne se déplacent pas tous sur le chantier au bord du Saint-Laurent. Certains construisent des morceaux de coque dans leur sous-sol, d’autres polissent des rames sur leur galerie. Chacun est une pièce du bateau en quelque sorte.
En attendant les futures mises à l’eau, Yves Plante lance un appel : Ici, pas besoin de savoir visser ou clouer, juste de venir offrir de son temps pour une bonne cause. Je vous attends.
C’est avec un large sourire qu’il lance cette dernière phrase qui résume assez bien son action : C’est sûr que certains jours, ça ressemble à l’arche de Noé! Car la faune ici est assez variée.