•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Le CIO va-t-il revoir sa position sur les manifestations?

Un homme devant les anneaux olympiques

Thomas Bach, président du CIO, ne semble pas ouvert à revoir l'article 50 de la Charte olympique.

Photo : Getty Images / Fabrice Coffrini

Il y a quelques jours, le président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, appelait les athlètes à manifester dignement contre les inégalités raciales. Il s’est montré ouvert à un débat sur les manifestations durant les Jeux, mais n’est pas d’accord pour réformer l’article 50 de la Charte olympique, qui se lit comme suit :

Aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale n’est autorisée dans un lieu, site ou autre emplacement olympique.

Une citation de Article 50 de la Charte olympique

Cet article interdit par exemple la pose d’un genou au sol comme signe de protestation, geste popularisé par l’ancien quart Colin Kaepernick et repris par de nombreux manifestants et sportifs depuis la mort de George Floyd, un homme noir, dans une interpellation policière à Minneapolis.

On se souvient aussi de cette image des Jeux olympiques de Mexico en 1968, quand les athlètes américains noirs Tommie Smith et John Carlos ont levé leur poing ganté sur le podium du 200 m pour protester contre les violences raciales dans leur pays. Un geste qui sera cher payé par les deux athlètes, exclus des Jeux et bannis par leur fédération.

Tommie Smith et John Carlos, têtes baissées, poings levés / © Tim Dahlberg, AP

Tommie Smith et John Carlos, têtes baissées, poings levés / © Tim Dahlberg, AP

Photo : Tim Dahlberg, AP

Aujourd’hui, des athlètes interpellent le CIO pour qu’il change son article 50 et permette aux athlètes de manifester publiquement pendant les Jeux. C’est le cas de l’organisation mondiale Global Athlète, qui a envoyé une lettre le 14 juin au CIO. L’article 50 de la Charte olympique constitue une violation flagrante des droits de l’homme et chaque athlète doit pouvoir utiliser ses propres plateformes, ses gestes et sa voix, plaide-t-elle. Réduire les athlètes au silence a conduit à l’oppression, aux abus et à la discrimination dans le sport.

Radio-Canada Sports en a parlé avec Patrice Brunet, ancien avocat de l’équipe olympique canadienne.


Q. Que pensez-vous de l’article 50 de la Charte olympique?

R. Il faut se mettre dans le contexte de l’histoire du mouvement olympique. Les Jeux olympiques se veulent inclusifs sans distinction par rapport aux races, aux idées politiques ou religieuses.

C’est ce qui est reflété dans l’article 50 de la Charte olympique. Il faut se remettre dans le contexte des Jeux olympiques de 1968, où il y a eu une manifestation silencieuse pour le droit des Noirs. Le CIO a été pris par surprise à ce moment-là. Il y a eu aussi la tragédie des Jeux de Munich, où des athlètes israéliens avaient été tués. Puis le boycottage des pays africains, celui des Jeux de Moscou… Donc, on peut dire que le CIO est très sensible sur l’utilisation des Jeux comme plateforme pour passer des messages politiques.


Q. Certes, mais va-t-il à l‘encontre de la Déclaration universelle des droits de l’homme en ce qui concerne la liberté de pensée, de conscience, de religion, d’opinion et d’expression?

R. C’est au tribunal de déterminer si la manifestation dans un espace privé, car les Jeux olympiques se déroulent dans un espace privé, contreviendrait à cette expression. Mais je pense que le mouvement mondial va pousser le Comité international olympique à changer de position ou, au moins, à avoir une certaine flexibilité.

D’ailleurs, l’organisation du Commonwealth vient tout juste d’annoncer qu’elle allait permettre ces manifestations ou ces gestes en solidarité contre le racisme.


Q. Il pourrait donc y avoir un compromis avec le CIO?

R. Je pense que le CIO n’aura pas le choix d’avoir une certaine inflexion dans sa position. Si le Comité international olympique veut se donner une porte de sortie avec son article 50, il pourrait avoir une certaine flexibilité comme par exemple permettre un bandeau sur le bras des athlètes. Ce qui permettrait aux athlètes de soutenir une cause. Si en 1968, le CIO avait été pris par surprise, à l’approche des Jeux de Tokyo, il pourrait trouver une solution, car ces éléments font partie de ses valeurs.


Q. Pensez-vous que cet article qui date de 1896 soit aujourd’hui désuet?

Il y a beaucoup de choses en 1896, à la création des Jeux olympiques modernes, qui n’ont plus leur place aujourd’hui. Les femmes aujourd’hui peuvent participer. On se rappelle également qu’au début du 20e siècle, il y avait un fort courant racial où il y avait une hiérarchie entre les êtres humains. Ce qui n’a plus sa place aujourd’hui. Alors oui, c’est possible et c’est surtout souhaitable que le CIO évolue dans ses pensées et dans ses politiques.

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Chargement en cours

Infolettre Sports

Analyses, chroniques et bien plus encore! Suivez l’actualité sportive au-delà des résultats.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Sports.