Sotchi 2014 : les Jeux olympiques de la porte arrière

Le porte-drapeau russe à Sotchi, Alexander Zubkov
Photo : La Presse canadienne / Mark Humphrey
BILLET - L’émission Souvenirs olympiques vous proposera samedi de revivre la magnifique rivalité qui a opposé Alexandre Bilodeau et Mikaël Kingsbury aux Jeux olympiques de Sotchi en 2014. C’est l’un des moments forts qui ont marqué ces Jeux.
Il y en a eu d’autres sur lesquels je reviendrai dans une seconde chronique. Mais avec le temps qui passe, je me rends compte que je me souviendrai surtout de Sotchi pour sa porte arrière.
La trappe
Je parle de l’accès que s’étaient aménagé les Russes pour atteindre subrepticement le laboratoire où étaient conservés les échantillons d’analyse fournis par les athlètes après les épreuves. On profitait de cet accès pour échanger les échantillons incriminants contre des échantillons propres. Et ce n’était qu’un volet de la tricherie systémique à laquelle se livrait la Russie.
Le rapport McLaren est éloquent. Le témoignage de l’ancien directeur du laboratoire antidopage de Moscou Grigory Rodchenkov est accablant. Ils ont triché, triché et encore triché.
Ils continuent de nier
Le porte-drapeau russe à la cérémonie d’ouverture à Sotchi, AleksanderZubkov, a été disqualifié près de quatre ans plus tard et a dû rendre ses deux médailles d’or gagnées en bobsleigh à deux et à quatre devant les siens. Un tricheur pour porter le drapeau! Que faut-il encore ajouter? J’arrête d’ailleurs ici la liste des infractions et des récriminations. Ça devient lassant. Un air mauvais qu’on a trop entendu. Tout comme les tentatives russes de nier l’évidence.
Fascinant, non? C’était leurs Jeux. Ils ont fait sauter la banque et dépensé plus de 50 milliards de dollars pour épater le monde. Et ils les ont organisés en trichant.
Je laisse la conclusion à l’éminent Richard Pound à qui on avait confié l’enquête en 2014.
Les Russes ont la tricherie dans la peau. Ils traversent leur carrière d’athlète en trichant. Ils sont dirigés par des entraîneurs qui prônent le dopage et qui l’ont pratiqué sur eux-mêmes quand ils étaient athlètes. La tricherie fait partie de leur ADN.
À la cafétéria
Au centre de diffusion que Radio-Canada partageait avec les radios et télévisions du monde entier, le personnel de soutien était russe, évidemment.
Au huitième jour des Jeux, la Russie et les États-Unis se sont affrontés au hockey. Un match attendu!
À la cafétéria, tout le personnel était russe. L’uniforme n’avait rien d’élégant. Un brun servile, mou et froissé qui contrastait avec les vestes et les maillots clinquants de la clientèle majoritairement américaine.
Imaginez l’ambiance quand la rencontre a nécessité qu’on départage les deux équipes en tirs de barrage. Tout le monde avait les yeux rivés sur l’écran géant.
Il a fallu huit tireurs de chaque côté avant de conclure. Seize tirs de pénalité salués par des hourras ou des cris de déception.
Quand Jonathan Quick a stoppé Ilya Kovalchuk pour donner la victoire aux Américains, ces derniers ont fêté avec toute la discrétion dont ils sont capables.
Les Russes sont retournés à leur caisse, leur cuillère, leur comptoir, leur torchon, la mine basse, en silence.
Ceux-là ne trichaient pas.