Nager dans son garage vers Tokyo

Amelie Kretz, au centre
Photo : The Canadian Press / JASON FRANSON
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Réfléchir, construire, nager. C’est le triathlon temporaire qui a meublé les derniers jours de la vie d’Amélie Kretz. Rentrée d’Australie à la mi-mars et coincée chez elle, elle a fait preuve d’ingéniosité et d’originalité pour continuer à s’entraîner.
La triathlonienne a délocalisé sa base d’entraînement du pays des kangourous à la maison de ses parents à Sainte-Thérèse, mieux équipée que son appartement montréalais pour répondre à ses besoins. Au sous-sol, elle peut courir sur un tapis roulant et faire du vélo sur des rouleaux. Ne manquait qu’une piscine pour nager. Plus maintenant.
Depuis mercredi, Kretz s’entraîne à la nage… dans le garage! Elle a acheté une petite piscine ronde à armature en métal qu’elle a assemblée avec ses parents. Coût de l’opération : un peu plus de 350 $.
Avant de nager, elle accroche l’extrémité d’un élastique à sa taille et l’autre au rail de la porte du garage. Le procédé lui permet donc de nager sur place.
J’ai vu une nageuse faire la même chose en Europe sur Instagram et ça m’a donné l’idée, explique Kretz à Radio-Canada Sports. Mes parents n’étaient pas chauds à l’idée que je monopolise le garage, mais ils ont accepté après deux ou trois minutes de négociations. C’est devenu notre projet de quarantaine.
Bien sûr, le plaisir n’est pas le même que de nager en piscine ou dans un lac. L’essentiel, c’est qu’elle peut se concentrer sur sa technique et sur le travail. En ajustant l’élastique, elle peut varier son effort à l’entraînement.
Je suis limitée pour l’instant à des séances d'entraînement de 30 à 45 minutes parce que l’eau est trop froide, précise-t-elle. Le premier jour, l’eau était à 10 degrés. Et là, elle atteint 13 degrés. Je dois quand même nager avec une combinaison parce que c’est vraiment froid. Je porte même un casque de bain en néoprène parce que c’est vraiment trop froid pour ma tête. Si je reste trop longtemps, mon visage gèle.
Pour l’instant, ses parents prennent plaisir à la regarder nager dans le garage. Amélie Kretz veut maintenant installer une chaîne stéréo pour joindre l’utile à l’agréable. La priorité est toutefois de trouver une façon de chauffer l’eau.
Sa mère a fait un appel à tous sur Facebook. Des amis plombiers et des entrepreneurs sont sollicités. Une connaissance, propriétaire d’un magasin de piscines, est aussi dans le coup. Quand il fera plus chaud, la piscine sera vidée et remplie de nouveau dans la cour, question de s’entraîner au soleil.
J’ai toujours aimé travailler manuellement et ma mère est comme moi, alors on est pas mal fières du résultat. Pour l’instant, j’ai beaucoup de plaisir dans l’eau. C’est probablement la natation que j’aime le moins dans les trois disciplines du triathlon, mais j’ai réalisé que ça me manquait vraiment. C’est pas mal plus motivant de nager sur place dans le garage au contact de l’eau que d’être limitée à des exercices avec des élastiques en gymnase.
La patience est de mise
Comme une large portion de l’humanité, Amélie Kretz ne sait pas ce que lui réserve les prochains mois. La Fédération canadienne de triathlon a suggéré à ses athlètes de se concentrer sur leur santé et sur celle de leurs proches.
Elle ne s’attend pas à reprendre la compétition avant la fin de l’été ou le début de l’automne. Elle peut courir dans les rues et les sentiers, mais préfère limiter les risques en roulant le moins possible à vélo à l'extérieur. Disons que ce n’est pas le moment idéal pour être hospitalisé.
C’est dommage parce que je me sentais bien quand la saison a été interrompue, explique l’athlète de 26 ans. Il me restait cinq ou six courses pour espérer me qualifier pour les Jeux de Tokyo et je pense que j’étais sur la bonne voie.

Amélie Kretz
Photo : La Presse canadienne / Jeff Pachoud
À son dernier départ en Coupe du monde, le 14 mars à Mooloolaba en Australie, elle a pris le 22e rang.
Et quoiqu’il arrive avec le reste de la saison, elle va continuer de s’entraîner avec la même intensité.
Il faut s’entraîner pour garder la forme, mais c’est super important aussi pour moi parce que ça m’aide à rester saine d’esprit. J’ai absolument besoin de bouger.
Sur ce point, les athlètes d’élite ne sont pas différents de leurs concitoyens. Encore plus dans le contexte actuel.