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« Henri Richard n'a pas été reconnu à sa juste valeur » - Serge Savard

Henri Richard donne la main à Elmer Lach, devant Jean Béliveau, lors des célébrations du centenaire du Canadien en 2009

Henri Richard, Elmer Lach et Jean Béliveau lors des célébrations du centenaire du Canadien en 2009

Photo : La Presse canadienne / Paul Chiasson

Radio-Canada

Un meneur d'hommes qui prêchait par l'exemple, discret, mais intense, c'est ainsi que Serge Savard et Yvon Lambert ont décrit Henri Richard, leur ancien capitaine avec le Canadien, mort à 84 ans vendredi.

Quand j’ai commencé comme jeune joueur, il était déjà un vétéran. Jean Béliveau était capitaine. Henri n’était pas un gars qui aimait être à l’avant de la parade. Il ne faisait pas de grands discours, il prêchait par l’exemple, un exemple impeccable. C’est un joueur qui a connu parfois certains mauvais matchs, mais jamais en raison de l’effort donné. Il s’est donné à chaque match à 100 %, a raconté Serge Savard, lui-même capitaine du CH de 1979 à 1981, à RDI.

Il a été un grand joueur. Il a gagné seulement un trophée individuel, le Bill-Masterton (en 1974), mais ça ne reflète pas le genre de joueurs qu’il était. Il n’a pas eu accès au trophée du joueur le plus utile, mais il était l’un des joueurs les plus utiles, a ajouté l'ancien défenseur.

Ce n’est pas un joueur qui a été reconnu à sa juste valeur.

Une citation de Serge Savard, ancien capitaine du Canadien (1979-1981)

Apprendre à gagner

Yvan Cournoyer a joué aux côtés d’Henri Richard pendant 10 saisons. Il lui a succédé à titre de capitaine.

Rencontré par Radio-Canada Sports à son domicile à Blainville, celui que l’on surnomme le Roadrunner lui a rendu un vibrant hommage.

Je suis arrivé avec le Canadien à 20 ans. Il m’a montré à gagner. C’était un modèle. Il avait déjà gagné tellement de Coupes Stanley, on devait poursuivre la tradition.

Une citation de Yvan Cournoyer, ancien capitaine du Canadien (1975-1979)

Il m’a aussi appris comment être un capitaine sur la glace et un ami à l’extérieur de la patinoire, a poursuivi celui dont le no 12 est accroché aux côtés du 16 de Richard dans les hauteurs du Centre Bell.

Yvan Cournoyer, ému, en parlant de son ancien capitaine Henri Richard

Yvan Cournoyer, ému, en parlant de son ancien capitaine Henri Richard.

Photo : Radio-Canada / Jonathan Morin

Yvan Cournoyer a rappelé qu’Henri Richard ne parlait pas beaucoup. Il était tellement déterminé qu’il n’avait pas besoin de parler. Il détestait perdre. Après une défaite, il ne parlait pas, mais on connaissait son caractère.

Quand Henri disait qu’il ferait quelque chose, il le faisait. Après avoir eu un problème avec Al McNeil en 1971, il a marqué deux buts dans le septième match de la finale contre Chicago. Et on a gagné la Coupe Stanley, a conclu Cournoyer, les larmes aux yeux.

Des fleurs du « Démon blond »

Dans une entrevue téléphonique, Guy Lafleur a lui aussi témoigné de sa relation étroite avec celui qui a été son premier capitaine avec le Bleu-blanc-rouge.

Quand je suis arrivé avec le Canadien en 1971, j’ai été vraiment impressionné en le rencontrant pour la première fois, a-t-il dit. Il a toujours été une source d’inspiration et de motivation tout au long de ma carrière.

Après mes deux ou trois premières années, il m’avait dit : "Tu vas arrêter d’écouter Scotty Bowman et tu vas jouer comme tu le faisais avec les Remparts de Québec." C’est là où j’ai commencé à être un peu partout sur la patinoire au lieu de rester sur l’aile droite. Il m’a beaucoup aidé à retrouver ma confiance.

Une citation de Guy Lafleur

Henri était d’une droiture extraordinaire. C’était un gars intègre. Il ne passait pas par quatre chemins pour dire sa façon de penser à qui que ce soit. Quand un joueur se pognait le beigne durant un match, il ne le faisait pas deux fois parce qu’Henri lui tombait dans la face, a insisté Lafleur.

Lafleur s’est souvenu avoir demandé à Richard comment on se sentait quand on gagnait la Coupe Stanley. La réponse voulait tout dire. Ça ne s’explique pas. Quand tu en gagneras une, tu le sauras, lui avait rétorqué le capitaine.

Pour Lafleur, Henri Richard restera un symbole de ténacité, de fierté et d’appartenance à la grande époque du Canadien.

« Un féroce compétiteur »

Pour l'ancien entraîneur du Tricolore Scotty Bowman, qui l'a dirigé à la fin de sa carrière en plus d'avoir été son coéquipier dans les rangs juniors, Henri Richard n'était pas qu'un joueur offensif aux quelque 1046 points en 1259 matchs, mais aussi un « féroce compétiteur » dans les deux sens de la patinoire, qui pouvaient contrôler le jeu en raison de sa vitesse et de son maniement de la rondelle.

Si dans le temps de Henri, le trophée Frank-Selke [remis depuis 1978] avait existé pour le meilleur joueur défensif de la ligue, je suis certain qu'il aurait pu gagner ce trophée souvent.

Une citation de Scotty Bowman, entraîneur du Canadien de 1971 à 1979

« Il prêchait par l'exemple »

Yvon Lambert, qui a joué ses deux premières saisons dans la LNH avec Henri Richard, insiste sur le fait que son premier capitaine est l'une des trois personnes qui ont eu la plus grande influence sur sa carrière.

Il prêchait par l'exemple, par le travail. C’était un homme qui ne parlait presque pas, se souvient-il. Une pratique c’était pour lui comme un match de hockey. On l’a suivi et c’est ainsi qu’on gagnait.

Yvon Lambert se souvient d'Henri Richard.

C’est un joueur qui a connu parfois certains mauvais matchs, mais jamais en raison de l’effort donné. Il s’est donné à chaque match à 100 %, a aussi souligné Serge Savard.

Joueur de petite taille, teigneux, rapide et fougueux, Henri Richard pouvait être comparé à Dave Keon ou à Stan Mikita, d'autres vedettes offensives de la LNH de l'époque, qui n'ont toutefois pas soulevé aussi souvent la coupe Stanley que le plus grand champion de l'histoire de la ligue.

Serge Savard rappelle qu'Henri Richard n'a jamais réussi à se défaire entièrement de l'ombre de son frère Maurice, mais les comparaisons avec son aîné tournaient le plus souvent aux facéties entre coéquipiers.

Henri, c’était un gars que tout le monde aimait, a-t-il insisté. On l’appelait toujours pour le taquiner "le frère de Maurice". Il riait de ça. On aimait beaucoup le taquiner et lui jouer des tours parce que lui n’aimait pas en faire.

C’était très rare qu’un joueur arrive dans la LNH à l’âge junior avant 20 ans, et lui est arrivé avant son temps, a rappelé Serge Savard. Les Richard, ça ne parlait pas beaucoup, mais Maurice avait dit au directeur général Selke :  "Henri est prêt pour jouer dans la Ligue nationale." C’est la seule fois qu’il m’a aidé, avait dit Henri.

Il était tellement bon au camp d'entraînement qu'ils n'ont pas pu retourner dans le junior et ils ont gagné cinq Coupes d'affilée. L'équipe était déjà bonne quand il est arrivé, mais ils l'ont fait jouer sur un trio avec son frère et Dickie Moore, alors que Jean Béliveau était avec Boom Boom Geoffrion. Ils avaient deux trios offensifs. Difficile de trouver mieux dans l'histoire du club qu'une ligne de centre formée de Jean Béliveau et Henri Richard.

Une citation de Scotty Bowman, entraîneur du Canadien de 1971 à 1979

L’humilité d’un champion

Kirk Muller a également eu l'occasion de côtoyer Henri Richard lors de son séjour comme joueur de 1991 à 1995, puis à son retour comme entraîneur de 2006 à 2011 et depuis 2016. C'est l'humilité de Richard et des autres anciennes gloires de l'équipe qui l'a particulièrement marqué.

Quand j'étais joueur, puis capitaine, j'avais l'occasion de croiser des anciens et de leur parler. Ils ne parlaient jamais d'eux-mêmes ou de leurs Coupes Stanley. Ils parlaient aux joueurs et les appuyaient. Ils voulaient nous voir gagner. C'est ce qui faisait que nous sentions réellement que nous faisions partie de la famille du Canadien.

Muller a aussi insisté sur l'ampleur du record des 11 Coupes Stanley remportées par Henri Richard.

Il n'était pas le plus gros, mais quand vous lui serriez la main, vous saviez à quel point il était fort. Il était un fier compétiteur. Quand vous êtes talentueux et un fier compétiteur, c'est habituellement une combinaison gagnante. Il a mérité ses 11 Coupes Stanley. Les gens peuvent dire que c'était différent à cette époque, mais il y avait d'autres grands joueurs. Son record en dit long sur le joueur qu'il était.

« Un magnifique patineur »

Yvon Lambert se souvient d'Henri Richard.

Pour l'ancien descripteur des matchs du Tricolore à Radio-Canada René Pothier, Henri Richard donnait tout ce qu’il avait à chaque présence sur la patinoire. Il était l’ultime compétiteur, selon lui.

En termes de style de jeu, personne ne contrôlait la rondelle comme lui. C’était un magnifique patineur. Si son frère Maurice est légendaire, Henri était un joueur d’exception au niveau du talent, a dit René Pothier.

Il estime qu’Henri Richard aurait eu plus de difficulté s’il avait joué dans les années 80 et 90, à l’époque où l’accrochage était chose courante dans la LNH.

Il détestait être accroché. Il était déterminé et reconnu pour son caractère bouillant. Il n’était pas physiquement impressionnant, mais tout de même doté d’une force remarquable. Que vous soyez joueur de hockey ou non, Henri était un modèle à suivre en termes d’attitude. Il était entièrement dévoué à la cause, a-t-il ajouté.

René Pothier a conclu en affirmant qu’Henri Richard était perçu, par ceux qui avaient joué à ses côtés, comme le roi des coéquipiers.

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