David Pelletier ou quand le patinage artistique mène au hockey

David Pelletier
Photo : Oilers Edmonton
David Pelletier est entraîneur de patinage pour les Oilers d’Edmonton depuis 2014. Le chemin qui l’a mené du patinage artistique vers la Ligue nationale de hockey (LNH) était loin d’être tracé d’avance.
Un texte de Josie-Anne Taillon
Le médaillé d’or olympique à Salt Lake City en 2002, avec sa partenaire Jamie Salé, a participé à la tournée Stars on Ice pendant 10 ans après avoir pris sa retraite de la compétition. À la fin de ce chapitre, il s’est retrouvé face à une page blanche.
« En 10 ans, on a fait peut-être entre 800 et 1000 spectacles, évalue-t-il. Ça en fait des pirouettes, des sauts, des levés, des lancers et des twists. Un moment donné, tu trouves que tu n’as plus rien à offrir et la motivation n’est plus là. J’ai un peu essayé le coaching en patinage artistique, mais je trouvais que ce n’était pas une passion très grande. »
À la mi-trentaine, le patineur s’inscrit à l’université et songe même à devenir pompier, un rêve d’enfance. Le hasard de la vie fait qu’il gardera ses patins aux pieds encore un bon moment.
C’est un père de famille qui a approché en premier David Pelletier pour qu’il aide son garçon à parfaire ses habiletés de patinage, particulièrement les croisés. Avec le bouche-à-oreille, le patineur artistique s’est retrouvé à offrir des leçons de patinage à des joueurs de hockey de tous les niveaux, jusqu’à ce qu’il reçoive un appel des Oilers d’Edmonton.
J’ai toujours eu l’amour de l’enseignement, mes parents étaient professeurs d’école. J’ai toujours aimé être sur glace. Ça me garde jeune et j’ai toujours aimé le hockey. Tout ça ensemble, j’ai un job de rêve!
Son sport favori : le hockey
Un travail de rêve, d’autant plus que David Pelletier n’a jamais caché sa passion pour le hockey. Bien que les deux sports se pratiquent sur la même glace, il a dû faire ses classes et s’adapter à cette nouvelle culture.
« En patinage artistique, c’est un coach par élève. C’est très intimidant de se retrouver devant 15 gars de 15 ans qui n’ont aucun intérêt à pratiquer leurs habiletés de patinage, et il faut que tu sois capable de les motiver pendant une heure de temps », lance-t-il.
Pour être pris au sérieux, il a voulu mieux comprendre le sport. Encore aujourd’hui, il assiste aux réunions, prend des notes et apprend les systèmes de jeu.
Il a fallu que j’apprenne la game, pour pouvoir vendre ce que je vendais et que les joueurs l’achètent. Les joueurs vont faire ce que tu demandes de faire, mais s’ils ne le relient pas à la game, l’apprentissage va être plus lent.
L’amour de la glace
David Pelletier n’est pas le seul patineur artistique à enseigner dans la LNH. Barb Underhill, championne du monde en 1984 et quintuple championne canadienne avec son partenaire Paul Martini, a travaillé pour plusieurs équipes avant que les Maple Leafs de Toronto l’engagent officiellement en 2012.
Il reste que la plupart des patineurs artistiques qui enseignent les habiletés de patinage à des hockeyeurs le font à des niveaux moins élevés.
Je n’ai jamais vraiment rêvé de devenir coach de hockey dans la Ligue nationale, c’était juste inaccessible. Si je l'avais fait (enseigner les habiletés de patinage) juste pour être dans la LNH, je ne pense pas que ça aurait fonctionné.
Les joueurs des Oilers ne sont pas ses seuls clients. Il entraîne aussi des joueurs de l’Université de l’Alberta, de la Ligue junior de l’Ouest et même de l’équipe pee-wee de son garçon.
Le patinage artistique fait encore partie de sa vie, mais prend une place beaucoup moins grande. Depuis trois ans, il travaille avec l’équipe nationale chinoise de deux à trois semaines par année. Ça lui permet de faire travailler son côté créatif, beaucoup moins exploité le reste de l’année.
À sa sixième saison comme entraîneur de patinage avec les Oilers, David Pelletier semble très heureux d’avoir pris le risque de sortir de sa zone de confort et du chemin parcouru, même si le défi reste entier.
Encore aujourd’hui, c’est assez déstabilisant d’être devant cinq gars qui font 10 millions chacun et qui pensent que je n’ai rien à leur apprendre. Mais il y a toujours quelque chose à apprendre, à améliorer, même à un haut niveau.