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Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La saison 2019 de Bianca Andreescu a pris fin de la pire des façons, à Shenzhen, mercredi. Contrainte à l’abandon en raison d’une blessure au genou, dont on ne connaît toujours pas la gravité, l’Ontarienne de 19 ans vient de conclure une année remarquable.
Au coup de minuit, le 1er janvier dernier, pendant que le Canadien moyen festoie, flûte de champagne à la main, Bianca Andreescu est déjà au travail en Nouvelle-Zélande. Modeste 152e mondiale, elle se qualifie pour le tournoi d’Auckland, un tour de chauffe avant les Internationaux d’Australie.
Accompagnée par sa préparatrice physique Virginie Tremblay, qui lui sert aussi d’entraîneuse, elle enfile les victoires. Devant elle, tombent tour à tour deux anciennes premières mondiales, Caroline Wozniacki et Venus Williams.
Elle ajoute quatre autres victoires dans l’hémisphère sud. Elle se qualifie pour le premier grand chelem de la saison et perd au deuxième tour contre la Lettone Anastasija Sevastova.
Andreescu rentre en Amérique du Nord avec une bonne dose de confiance dans ses bagages.
Premier arrêt pour elle : Newport Beach, en Californie. Elle gagne ses deux premiers matchs et affronte Eugenie Bouchard pour la première fois. L’Ontarienne corrige la Québécoise 6-2 et 6-0.
Une fois en finale, l'athlète de Mississauga perd la première manche 6-0 contre l’Américaine Jessica Pegula. Elle se ressaisit, gagne les deux suivantes 6-4 et 6-2 et met la main sur un premier titre professionnel.
« La première manche a été une raclée. Bianca n’a rien vu, avait analysé son entraîneur Sylvain Bruneau. Elle a réussi à s’accrocher tant sur le plan physique que mental. À 18 ans seulement, c’est vraiment impressionnant. »
À ce moment, Andreescu montre une fiche de 16 victoires et 2 revers. Elle est 68e du monde.
Une étoile est née à Indian Wells
Bianca Andreescu est de retour en Californie au mois de mars. Impressionnés par sa progression depuis le début de l’année, les organisateurs du tournoi d’Indian Wells lui offrent un laissez-passer pour le tableau principal.
Au bout de la quinzaine, elle devient la plus jeune gagnante du tournoi depuis Serena Williams en 1999. Pour la première fois, on compare l’adolescente avec la légende vivante américaine...
Son titre a aussi révélé au monde sa force de caractère. Ralentie par une blessure à l’épaule, maintes fois traitée durant ses matchs, elle parvient à puiser dans ses réserves pour vaincre Angelique Kerber en finale, en trois longues manches.
Bianca Andreescu
Photo : Getty Images / Kevork Djansezian
Durant cette finale, les téléspectateurs assistent à une conversation extraordinaire entre l’entraîneur Sylvain Bruneau et Andreescu. À bout de ressources, au bord de l’épuisement, la jeune joueuse semble dépassée par les événements.
« Le mental doit être plus fort que la douleur, dit doucement Sylvain Bruneau à sa protégée. Tu fais face à l’adversité, mais c’est ce que tu veux. »
« Je veux tellement gagner », répond-elle.
« Parfait, c’est ce que je voulais entendre, réplique-t-il. Retourne sur le terrain et bats-toi pour chaque point. »
Elle quitte la Californie plus riche de 1,354 million de dollars et grimpe au 24e rang du classement de la WTA.
Bianca Andreescu
Photo : Associated Press / Mark J. Terrill
Une épaule récalcitrante
Un peu plus de 24 h après sa victoire, Bianca Andreescu débarque à Miami.
Au premier tour, elle retrouve la Roumaine Irina-Camelia Begu, la même joueuse qu’elle avait battue à son premier match à Indian Wells. La Canadienne perd la première manche 6-4 et est menée 5-1 en deuxième manche.
« Il m'a aidée, c'est sûr, comme toujours, a reconnu Andreescu après le match. J'ai lutté aussi fort que je pouvais. Je suis très fière de la façon dont j'ai géré tout ça. »
Elle enchaîne ensuite avec deux victoires, dont une deuxième en quelques jours à peine contre Kerber. Ce dernier gain, acquis dans la douleur au milieu de la nuit, fâche l’Allemande.
Bianca Andreescu reçoit des traitements à l'épaule lors de son match contre Angelique Kerber à Miami en 2019.
Pourtant, les douleurs sont bien réelles. Au match suivant, contre Anett Kontaveit, la Canadienne doit abandonner en deuxième manche. Elle quitte Miami et restera à l’écart des terrains pour plusieurs semaines.
Son épaule est vraiment mal en point. Le prodige souffre d’une déchirure musculaire.
Elle a beaucoup joué de matchs en trois mois. Sa fiche est maintenant 31 victoires contre 4 revers.
Andreescu tente un retour au jeu à Roland-Garros, où elle est classée 22e tête de série.
Elle remporte son premier duel, disputé sur deux jours en raison de la noirceur, contre la Tchèque Marie Bouzkova, mais sa blessure se réveille.
Elle ratera finalement deux mois de compétition. Après s'être tenue loin des courts pendant la quasi-totalité de la saison sur terre battue, elle est forcée de faire l’impasse sur toute la saison sur gazon, dont Wimbledon.
« Elle va avoir du travail à faire sur le plan de la réhabilitation, confie alors son entraîneur Sylvain Bruneau. J’espère qu’elle sera prête pour la Coupe Rogers. »
Un été au sommet
Elle était prête pour la Coupe Rogers.
Bianca Andreescu amorce le tournoi dans sa province natale avec une victoire en trois manches sur Eugenie Bouchard.
La joueuse de 19 ans enchaîne avec trois victoires en trois manches, dont deux contre des joueuses du top 5 mondial, Karolina Pliskova et Kiki Bertens.
En finale, elle affronte une idole d’enfance, Serena Williams. En 2001, quand l’Américaine a remporté sa première Coupe Rogers, Andreescu était encore aux couches…
Le duel tant attendu ne dure finalement qu’une vingtaine de minutes. Williams abandonne en raison de spasmes au dos.
« Elle est très mature et elle a une vieille âme. J’étais triste et elle m’a fait sentir beaucoup mieux. Elle est brillante. Je suis maintenant officiellement une admiratrice, » a déclaré Williams.
Plus riche de 521 000 $ et maintenant classée 14e du monde, la joueuse s’accorde un moment de repos et renonce au tournoi de Cincinnati. Le clan Andreescu veut mettre toutes les chances de son côté.
À peine une heure après la finale de la Coupe Rogers, le responsable du développement de l’élite à Tennis Canada, Louis Borfiga, émet un commentaire prophétique au micro de Radio-Canada Sports.
« Lorsqu’elle va entamer les Internationaux des États, je vais y croire à fond », dit-il.
Bianca Andreescu montre le trophée à la foule torontoise.
Photo : La Presse canadienne / Nathan Denette
À New York, Bianca Andreescu fait courir les foules en début de tournoi. Encore reléguée aux petits terrains, elle compte sur un contingent de partisans canadiens pour l’appuyer lors de ses trois premiers matchs. Elle atteint le quatrième tour sans perdre la moindre manche.
Elle fait alors son entrée sur le court des grands, le stade Arthur-Ashe. Elle ne le quittera plus.
En finale, elle seule sépare Serena Williams d’un 24e titre majeur, ce qui égalerait la marque de Margaret Court. Le moment est immense, mais Andreescu n’est pas du tout impressionnée.
Moins de deux heures avant la finale, elle s’échauffe sur un terrain à quelques mètres à peine de Serena. Quand l’Américaine retraite vers les vestiaires, les deux rivales s’évitent du regard.
Sur le terrain, Andreescu n’est nullement intimidée par Williams et la foule bruyante de New York. Elle semble en plein contrôle jusqu’à ce qu’elle serve pour le match, à 5-1, en deuxième manche.
Paralysée par la grandeur du moment, elle voit sa rivale remonter jusqu’à 5-5, sous les hurlements de la foule, au point où elle doit se boucher les oreilles avec ses doigts tellement elle ne s’entend plus réfléchir.
Bianca Andreescu n'en revient toujours pas de sa victoire au moment de la présentation du trophée remis à la gagnante des Internationaux des États-Unis.
Photo : Getty Images / Clive Brunskill
Devant la presse, après le match, elle prend la pose, avec son trophée, aux côtés de son complice Sylvain Bruneau.
« Je n’ai pas l’habitude de ce genre de séance », dit-il à la blague.
« Tu es mieux de t’y faire », répond spontanément Andreescu.
Le ton est donné pour 2020. D’ici là, elle devra recouvrer la santé et tenter de la conserver. Comme elle joue toujours à plein régime sur le terrain, cela s’annonce pour être le défi qui la suivra toute sa carrière.
Pour l’instant, Andreescu amorce ses vacances au 4e rang mondial. Elle conclut l’année avec des bourses de 6,24 millions, sans compter les lucratifs contrats signés en cours de route avec des commanditaires.
On peut parler d’une année fort réussie.
Bianca Andreescu serre le trophée de la Coupe Rogers très fort