Les vedettes du hockey féminin prêtes à se battre pour la ligue qu'elles veulent

Marie-Philip Poulin et Lauriane Rougeau
Photo : La Presse canadienne / Justin Tang
L'opinion des vedettes du hockey féminin va peser lourd dans la phase de transition qui suivra la dissolution de la Ligue canadienne. Elles comptent se faire entendre après le Championnat du monde dans lequel elles sont engagées en Finlande.
Dimanche, à cinq jours de l’ouverture du mondial féminin, la Ligue canadienne de hockey féminin (LCHF) a abruptement annoncé qu’elle mettrait fin à ses activités après 12 ans d’existence.
Puis, mardi, la Ligue nationale de hockey féminin (NWHL), avec ses cinq équipes aux États-Unis, a déclaré qu’elle comptait élargir ses cadres en ajoutant deux équipes canadiennes à Toronto et à Montréal.
Ces récents développements pourraient avoir un impact direct non seulement sur les 40 joueuses de la LCHF et de la NWHL présentes à Espoo, mais également sur leurs compatriotes en quête d’un débouché au terme de leur carrière universitaire.
Dix-huit des 23 membres de la sélection canadienne, 6 de l’équipe des États-Unis, 2 Finlandaises et 2 Japonaises jouaient dans la LCHF la saison dernière.
Pour Marie-Philip Poulin, capitaine de l'équipe canadienne et trois fois joueuse par excellence de la LCHF avec les Canadiennes de Montréal, il est important que les meilleures joueuses de tous les pays unissent leurs voix dès la conclusion du Championnat du monde, le 14 avril.
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Les pressions pour la création d’un circuit féminin unique en Amérique du Nord se sont multipliées au cours de la dernière année. La dissolution de la ligue canadienne ouvre clairement la porte au projet.
Il reste à savoir si le hockey féminin est prêt à passer à l’étape suivante.
« Je l’espère », a confié l’attaquante américaine Hilary Knight, coéquipière de Poulin au sein des Canadiennes de Montréal.
« Ce n’est pas un secret que les ressources financières se trouvaient dispersées entre deux ligues », a renchéri Knight.
Pour les joueuses qui ont consacré temps, énergie et sueur pour leur équipe de la LCHF, la disparition de la ligue est un lourd tribut à payer.
La Canadienne Brianne Jenner a soulevé la coupe Clarkson une semaine avant l’annonce de la dissolution de la ligue. Son équipe, l’Inferno de Calgary, a vaincu les Canadiennes 5-2 dans la dernière finale de la LCHF.
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Brianne Jenner ajoute toutefois que le calendrier du Championnat du monde ne laisse pas beaucoup de temps à la mobilisation entre les entraînements, les matchs et le temps de récupération.
« Nous pouvons planifier des rencontres et des discussions futures. Les canaux de communication sont ouverts entre toutes les équipes ici », a-t-elle dit.
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L’exemple des Américaines
Les récents gains obtenus par les membres de l’équipe nationale des États-Unis sont source d’inspiration.
On se souviendra que les joueuses américaines avaient menacé de boycotter le Championnat du monde de 2017, au Michigan, si leurs conditions d’encadrement et leur rémunération n’étaient pas améliorées.
De nombreuses concessions avaient ainsi été obtenues de la part de la Fédération américaine de hockey.
« Tant que les joueuses des équipes nationales canadiennes et américaines resteront unies face à cette cause, ça en dit long », a déclaré l’attaquante des États-Unis Brianna Decker, laquelle jouait avec l’Inferno en 2018-2019.
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Dans l’esprit des joueuses, il reste à savoir quelle portion de la LCHF la NWHL est prête à absorber et à préserver.
Après que la ligue basée au sud de la frontière eut déclaré son intérêt pour les marchés montréalais et torontois, les dirigeants des six équipes du circuit canadien en péril ont publié un communiqué commun dans lequel ils stipulaient « qu’il n’y avait aucun pourparler en cours entre les anciennes équipes de la LCHF et la NWHL ».
Un porte-parole de la NWHL a indiqué que la commissaire Dani Rylan n’accorderait aucune entrevue pendant le Championnat du monde.
L’entraîneuse associée des Canadiennes de Montréal, Caroline Ouellette, s'inquiète de perdre ce qui a été accompli, et en particulier la relation qu'avait établie son équipe avec le Canadien de Montréal.
La quadruple championne olympique a joué pour les Canadiennes avant de raccrocher ses patins l’an dernier pour passer derrière le banc de l’équipe.
À Espoo, Ouellette est l’une des entraîneuses adjointes d’Équipe Canada.
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Elle s’est enfin dite d’accord avec l’idée que les vedettes internationales du hockey féminin s'impliquent dès que possible dans la mise en place de la ligue dans laquelle elles souhaitent jouer.
« Je pense qu’elles savent toutes qu’elles ont le pouvoir entre leurs mains. Elles savent que le hockey féminin prendra la direction qu’elles voudront lui donner », a insisté Ouellette.