Le sport sur les bancs d’école à HEC Montréal

Le DESS en gestion et management du sport de HEC est né de la passion que voue Éric Brunelle pour les athlètes et tout ce qui les entoure
Photo : Radio-Canada / Jean-Francois Chabot
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
HEC Montréal lancera en septembre le premier programme québécois d'études supérieures en gestion et management du sport, pour répondre à des besoins grandissants. On se bouscule déjà aux portes.
Ce programme de deuxième cycle est réservé aux étudiants ayant réussi un baccalauréat, que ce soit à HEC ou dans un autre domaine d’études dans une autre université.
Il est l’initiative du professeur Éric Brunelle, une sommité dans le domaine du leadership et un passionné du monde du sport, de ses athlètes et de leurs performances.
« J’aime tout du sport, qu’il soit professionnel ou récréatif. Je suis un fan. J’ai mes billets de saison des Alouettes, du Canadien et de l’Impact. J’ai étudié les leaders du sport pour ensuite appliquer ça au domaine corporatif », explique d’abord M. Brunelle.
En se rapprochant de l’univers sportif, il a vite réalisé qu’il y avait un besoin dans cette industrie qui vit de grands changements depuis une vingtaine d’années.
Les choses se professionnalisent beaucoup. C’est vrai dans tous les secteurs, mais j’ai l’impression que le domaine sportif, au Québec, a pris beaucoup de retard. Il y a beaucoup de rattrapage à faire en peu de temps.
Éric Brunelle est parvenu à cette conclusion au terme d’une année sabbatique qui lui a permis de découvrir l’existence de programmes consacrés à la gestion du sport partout dans le reste du Canada, aux États-Unis et en Europe.
À titre d’exemple, il cite l’Université Brock à St. Catharines, en Ontario, et son département de 800 étudiants et 14 professeurs titulaires qui enseignent du certificat à la maîtrise en passant par le baccalauréat.
« Je me suis dit qu’avec HEC, l'une des meilleures écoles au monde, nous avions les ressources pour offrir un programme de qualité à l’industrie sportive du Québec », ajoute-t-il.
Un véritable savoir-faire
Le Québec vit au rythme des saisons et de ses événements sportifs.
Le hockey et le Canadien de Montréal sont omniprésents, mais ils partagent le marché avec d’autres équipes professionnelles et une multitude de rendez-vous événementiels et participatifs.
On peut penser à la F1, à la Coupe Rogers, au Marathon et au Triathlon de Montréal, au Tour de l’île, aux matchs préparatoires des Blue Jays de Toronto au stade olympique et aux diverses Coupes du monde dans une multitude de sports.
Gérer un événement sportif n’est pas une mince affaire. Il y a les notions de logistique, l’événement, la sécurité, la vente de billets, des notions de marketing, les finances, la commandite, la gestion de la marque, les produits dérivés, l’expérience client. On peut avoir le meilleur événement au monde, si personne ne le sait, ça ne sert pas à grand-chose.

Une trentaine d'étudiants et de candidats potentiels au programme de Gestion -Management du sport ont assisté à la présentation du professeur Éric Brunelle
Photo : Radio-Canada / Jean-Francois Chabot
Des intervenants de qualité
L’enthousiasme d'Éric Brunelle ne s'étiole pas quand vient le temps de présenter quelques-unes des têtes d’affiche qui transmettront leur connaissance aux étudiants.
« En apprenant la mise en place de ce nouveau programme, l’industrie s’est rapidement tournée vers nous. Des individus de grand calibre se sont proposé pour enseigner des cours. Richard Legendre vient de se retirer des instances de l’Impact de Montréal. Il est maintenant professeur associé à l’école et nous a offert ses services. »
« On a aussi Julie Mahoney, ancienne escrimeuse et olympienne. Elle enseignera un cours en gestion d’événements. Julie travaille au Comité olympique canadien. Elle complète en ce moment un doctorat en management du sport. Elle occupe aussi un poste de conseillère pour tout ce qui a trait aux événements sportifs qui se déroulent à Montréal », mentionne M. Brunelle.
S’ajouteront à ces praticiens, des professeurs de carrière et des chercheurs. Aux dires de M. Brunelle, Montréal est aux avant-postes sur la scène mondiale de l’analyse des données et de la gestion des statistiques avancées. Un des cours sera dirigé par une des figures de proue dans ce domaine.
Près de l’action
Un total de 26 étudiants sont inscrits au microprogramme de premier cycle (15 crédits, sans diplôme) en gestion et management du sport lancé à HEC à l'automne 2018. Ils ont été plus de 90 à soumettre un dossier d’admission.
Éric Brunelle pense que le nombre de places pour le programme du DESS pourrait atteindre la centaine.
Selon lui, le profil des étudiants entre dans trois catégories.
On y retrouve d’abord des athlètes et des entraîneurs, actifs ou retraités. Ces personnes connaissent bien le terrain en tant que sportifs. C’est le cas du judoka Antoine Valois-Fortier, médaillé de bronze aux Jeux olympiques de Londres en 2012. Il prépare son après-carrière tout en essayant de se qualifier pour les Jeux de Tokyo en 2020.
Dans le deuxième groupe figurent des gens qui travaillent déjà au cœur de l’industrie du sport, comme Alain Deschamps, directeur général de Sports Québec, venu se ressourcer.
Brunelle y ajoute enfin ceux qu’il surnomme « les curieux ». Ceux-là n’ont pas de connexion directe avec l’univers du sport. Ils peuvent être avocats de formation et songent à devenir agents de joueur. Ils aiment le sport, mais viennent simplement découvrir les coulisses et les ramifications légales du sport.
Ou alors, ils sont kinésithérapeutes, ils possèdent des connaissances en mouvement et en biomécanique. La plupart d’entre eux auront aussi à gérer un gymnase ou des athlètes.
Les bonnes entrées
La demande et les besoins sont tels au sein de nombreuses organisations et associations sportives que les principaux acteurs et pôles d’attraction répondent déjà présents.
Les équipes professionnelles comme le Canadien, l’Impact et les Alouettes accueilleront les étudiants au cœur même de leurs installations au Centre Bell, au stade Saputo, au Centre Nutrilait et au stade Percival-Molson pour observer le fonctionnement de leur entreprise.
En ce qui a trait à l’élite sportive sur la scène amateur nationale et internationale, le Comité olympique canadien (COC), l’Institut national du sport (INS) et le Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ) seront aussi des partenaires actifs.
L’agent du joueur de football Laurent Duvernay-Tardif, Sasha Ghavami, se réjouit de l’avènement d'un tel programme.

L'agent Sasha Ghavami (droite) et son client Laurent Duvernay-Tardif
Photo : Radio-Canada / Alain Décarie
« C’est une excellente chose qu’une formation comme celle-là soit proposée, ici, en français », a indiqué celui pour qui l’Université de Montréal est son alma mater en tant que diplômé en droit.
Sasha Ghavami participe déjà à la promotion de ce nouveau programme. Il offrira un atelier, au mois de mars, dans le cours Entreprise sportive en action du microprogramme de 15 crédits.
J’ai accepté l’invitation pour parler de mon rôle d’agent, de ce que cela implique comme connaissances et comme compétences. On va parler de mon expérience en négociations. On va un peu démystifier le monde du sport professionnel en matière de contrats.
L’ancien président des Alouettes Mark Weightman est aujourd’hui associé à la famille du Canadien en tant que vice-président du développement et des opérations du Groupe CH et responsable de la Place Bell à Laval.
Il voit aussi d’un bon œil la création du DESS en gestion et management du sport.
« Je trouve ça génial. Ce genre de programme est devenu de plus en plus populaire, partout au Canada, au cours des 10 ou 15 dernières années », confie M. Weightman, qui a du mal à expliquer pourquoi il a fallu attendre aussi longtemps pour que le Québec monte à bord.
« Aux États-Unis, l’aspect business du sport a débuté plus tôt qu’au Canada. Il suffit d’observer les changements opérés dans le sport professionnel au cours des 30 ou 40 dernières années pour commencer à comprendre à quel point », ajoute-t-il.
Pour lui, le principal défi réside dans le caractère événementiel du sport. L’environnement des organisations est appelé à changer, souvent très rapidement. Les imprévus surviennent et exigent des réactions et des ajustements concrets et efficaces.
Le sport est un divertissement que l’on ne contrôle pas. Ce qui se passe tant sur le terrain qu’à l’extérieur est imprévisible. Mais ce sont ces imprévus qui suscitent tant l’intérêt des partisans, des téléspectateurs et du public en général.
Mark Weightman conclut en disant qu’à l’instar de n’importe quelle entreprise, les organisations sportives sont à la recherche de la meilleure main-d’œuvre possible.
Malgré le caractère nouveau du programme offert par HEC, il est d’avis que les organisations sportives, la sienne incluse, n’hésiteront pas à puiser à même la première cohorte qui en sortira au printemps 2020.