ChroniqueLa folle année 2018 de Jeff Petry

Jeff Petry et Carey Price
Photo : Getty Images / Icon Sportswire
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
On pourrait écrire bien des histoires sur l'année 2018 du Canadien.
Au début de janvier, cette équipe était à feu et à sang. Le CH, dont la brigade défensive était supposément meilleure malgré les départs d’Andrei Markov, d'Alexei Emelin, de Nathan Beaulieu et de Mikhail Sergachev, se situait au 27e rang dans la LNH. Carey Price était méconnaissable. L’attaque, en panne sèche, n’avait pas encore atteint le cap des 100 buts à l’approche de la mi-saison.
Pour les canons offensifs censés porter l’attaque, la situation était tellement tendue que, juste avant la période des Fêtes, le capitaine Max Pacioretty avait été incapable de se réjouir après une rare victoire décisive des siens (au compte de 10-1) face aux Red Wings de Détroit. Pacioretty avait été le seul attaquant de l’équipe à ne pas récolter de point...
L’équipe allait mal. Absolument virulents, les partisans interpellaient Geoff Molson et réclamaient chaque jour la tête de Marc Bergevin.
Ils ont finalement bu cette infecte saison 2017-2018 jusqu’à la lie et Bergevin n’a jamais été démis de ses fonctions.
Le CH a fait le plein de joueurs de centre au repêchage, et Jesperi Kotkaniemi a déjoué tous les calculs en se taillant une place au sein de l’équipe dès cette saison.
Alex Galchenyuk et Pacioretty ont été échangés. Max Domi et Tomas Tatar (particulièrement Domi) ont donné un nouvel élan à l’attaque. De retour à sa position naturelle d’ailier, Jonathan Drouin a par ailleurs disputé, depuis l’automne, le meilleur hockey de sa jeune carrière dans la LNH. À quelques heures du Nouvel An, c’est d’ailleurs Drouin qui domine la colonne des marqueurs du CH pour l’année 2018 avec 19 buts et 39 passes (58 points) en 80 matchs.
Et que dire de Brendan Gallagher, qui a atteint la marque des 30 buts pour la première fois de sa carrière en 2017-2018? Le combatif ailier a poursuivi de plus belle cet automne. Si bien qu’avec encore 3 matchs à disputer, Gallagher affiche 31 filets en 80 matchs pour l’année 2018.
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Brett Kulak célèbre un but en compagnie de Phillip Danault et Jeff Petry
Photo : Getty Images / Jana Chytilova/Freestyle Photo
Oui, on pourrait raconter bien des histoires sur l’année 2018 du CH.
Toutefois, d’un point de vue sportif, aucune ne serait aussi étonnante et inspirante que celle de Jeff Petry, un arrière acquis des Oilers d’Edmonton en mars 2015, en retour de choix de deuxième et de quatrième tours au repêchage du mois de juin suivant.
Quand Jeff Petry est devenu membre du CH, la brigade défensive du club reposait sur les épaules de P.K. Subban et d’Andrei Markov. Acquis pour ajouter de la profondeur à l’alignement en vue des séries, Petry venait de compiler des bilans défensifs frigorifiques à Edmonton (« moins » 75 en 129 matchs, en 2013-2014 et 2014-2015). Il pouvait effectuer une bonne première passe, mais il n’était pas vraiment reconnu pour sa contribution offensive.
À l’aube de 2018, en raison des blessures subies par Shea Weber (et du démantèlement du flanc gauche), Petry a soudainement hérité des lourdes responsabilités de meneur à la ligne bleue. Et à l’âge de 30 ans, malgré un temps de jeu accru et des pairages nettement plus coriaces, il s’est mis à disputer le meilleur hockey de sa carrière.
Jeff Petry n’est pas parfait en défense. Il ne le sera jamais. Néanmoins, pour l’année de calendrier 2018, il a inscrit 15 buts et amassé 40 mentions d’aide (55 points). Cette étonnante production offensive le situe au 11e rang parmi les défenseurs de la LNH.
En 2018, Jeff Petry a donc inscrit plus de points que des défenseurs de renom comme Victor Hedman, Kristopher Letang, Ryan Suter, Ryan Ellis, Matt Dumba et Drew Doughty. Ce n’est pas rien.
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Lamarck a vécu en France au 18e siècle et sa formidable théorie sur l’évolution des êtres vivants a traversé le temps : « Le milieu crée le besoin, le besoin crée l’organe et l’hérédité le consolide ».
On pourrait presque alléguer qu’en l’espace d’une seule année, Petry a vécu ces trois phases évolutives. Le CH avait un immense vide à combler à la ligne bleue et Petry, malgré le fait qu’il ait été fort mal entouré, s’est vigoureusement débattu pour surpasser ses propres limites et se hisser parmi l’élite offensive de la LNH.
Shea Weber est finalement revenu au jeu à la fin de novembre. Et depuis ce temps, même si son temps de jeu a diminué et qu’il est beaucoup moins utilisé en avantage numérique, Petry est le premier marqueur de l’équipe! Depuis le 27 novembre, l’Américain a inscrit 5 buts et récolté 5 mentions d’aide. Qui plus est, 80 % de ses points ont été récoltés à égalité numérique.
Pour le CH, l’année 2018 se termine sur une bien meilleure note qu’elle n’avait commencée. À l’approche de la mi-saison, l’équipe détient toujours un ticket en vue des séries et cette situation est due au fait que les hommes de Claude Julien ont remporté7 victoires à leurs 10 derniers matchs. Seulement quatre équipes de la LNH ont mieux performé durant ce segment de calendrier.
On focalise souvent sur le « changement d’attitude » et sur les acquisitions faites par la direction durant la pause estivale pour expliquer l’intéressante transformation qui est en train de se faire chez le Canadien.
On oublie toutefois que le DG n’a à peu près rien fait pour regarnir sa brigade défensive et que Petry, le seul arrière à avoir disputé tous les matchs du club, a tenu bon dans des circonstances très difficiles.
Pour toutes ces raisons, Jeff Petry s’est révélé le joueur le plus utile du Canadien au cours de la dernière année.