La grande victoire de Lysanne Richard

Lysanne Richard, originaire de Chicoutimi, a raflé les honneurs en Suisse.
Photo : Romina Amato/Red Bull Content Pool
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Il y a quelques mois, les spécialistes de son équipe médicale doutaient qu'elle puisse s'élancer à nouveau de la plateforme de 21 m après avoir subi une sérieuse blessure au cou. Lysanne Richard a remporté dimanche la troisième étape des Séries mondiales de plongeon de haut vol, un moment marquant dans la saison de son retour.
Un texte d'Alexandra Piché
Quand elle a su qu’elle montait sur la plus haute marche du podium à Sisikon, en Suisse, Lysanne Richard a fondu en larmes.
« Je n’en croyais pas mes yeux. Je me disais : "Est-ce que je rêve?" C’était très, très émouvant pour moi. La victoire, c’était beaucoup plus que ce moment précis. C’était aussi la dernière année qui m'est revenue en mémoire. Tout le travail que nous avons fait avec mon équipe. Ç’a été une période vraiment difficile », confie-t-elle.
Le 16 juin 2017 a marqué le début de nombreux mois de calvaire pour l'athlète de 36 ans. Durant un entraînement préparatoire à la saison, les douleurs au cou qu’elle ressentait depuis un moment se sont intensifiées. Des tests ont révélé qu’elle souffrait d’une hernie discale cervicale avec compression d'un nerf. Elle a dû attendre 10 mois avant de pouvoir recommencer à plonger.
« Mon équipe médicale me l’a dit une fois que j’ai réussi à revenir, mais elle doutait sérieusement de ma capacité à recommencer à plonger après ma blessure. Elle ne pensait pas que c’était possible de faire une telle remontée », raconte la mère de trois enfants.
Elle a remis en question sa carrière durant ce congé forcé. « Je me demandais si je devais arrêter, s’il était temps de passer à autre chose », avoue-t-elle.
Lysanne Richard a finalement décidé de continuer et n’a jamais regretté son choix. Elle n’a pas retrouvé toute sa masse musculaire, mais elle se sent plus forte que jamais, grâce à cette épreuve.
On grandit dans les difficultés. J’ai travaillé avec un psychologue sportif et on a construit quelque chose de solide. Je suis complètement dans un autre endroit. C’est tellement un sport mental que même si je n’ai pas retrouvé mes capacités physiques, je me sens meilleure qu’avant. Dès que j’ai recommencé à plonger du tremplin de 17 m, mes entraîneurs et moi avons constaté que j’étais beaucoup plus constante qu’avant.
À lire aussi :
Le rêve d’un titre olympique
Lysanne Richard a toujours dit qu’elle continuera de pratiquer son sport tant qu’elle n’aura pas participé aux Jeux olympiques. Pour ce faire, elle devra attendre que le Comité international olympique (CIO) ajoute son épreuve au programme.
L’ancienne acrobate du Cirque du Soleil est cependant persuadée que ça se produira dans les prochaines années.
« Ce n’est pas officiel, mais dans le milieu, nous avons entendu entre les branches que le sport pourrait être en démonstration en 2020. Honnêtement, je n’y croyais plus parce qu’on n’en entendait plus parler, mais c’est revenu à l’ordre du jour. Et pour Paris 2024, il y a même déjà beaucoup de publicité qui se fait dans la ville », dit avec enthousiasme la Québécoise.
Le Britannique Gary Hunt, meilleur athlète masculin du circuit de haut vol, s'entraîne à Paris et cela pourrait bien aider la cause, croit-elle. « On croise nos doigts. On ne sait pas quand ça va fonctionner, mais ça va fonctionner! »
Les difficultés qu’elle a traversées en 2017 n’ont en rien altéré son rêve olympique. Elles l'ont même renforcé.
« Je pense que si j’avais eu à arrêter avant ça, je ne serais pas passée au travers de tout ce que j’ai dû traverser dans la dernière année, dit-elle. J’aurais profité de cet événement pour dire que je passe à autre chose. Justement, de m’être relevée de tout ça, ça m’a prouvé que ça vaut la peine de continuer. »
En attendant, Lysanne Richard pense au titre de championne des Séries mondiales. Avec des 1re, 3e et 5e places jusqu’à présent, elle est bien installée dans cette course qui la faisait rêver quand elle était confinée à la maison en 2017.
« C’est certain que ça me donne le goût de faire partie de la lutte pour le titre de la saison. Ce serait un conte de fées de gagner. Je suis troisième au classement général, il reste deux compétitions. Nous sommes trois filles en lutte pour le titre et je veux en faire partie jusqu’à la fin », indique l’athlète qui avait pris le 2e rang du classement général en 2016.
Son objectif premier restera cependant de continuer à s’amuser chaque fois qu’elle montera sur la plateforme.