Avant le passage de la vadrouille, le rapport final du CH

Brendan Gallagher
Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
BILLET - Geoff Molson et Marc Bergevin ont offert un verdict sans équivoque en début de semaine : des changements majeurs surviendront dans le Canadien au cours de l'été. Au moment où s'amorce cet exercice périlleux, voici nos traditionnels bulletins individuels de fin de saison.
Brendan Gallagher : Il vient de conclure l’un des plus beaux retours de la saison dans la LNH. On croyait que les sérieuses blessures à une main subies au cours des saisons précédentes avaient hypothéqué sa carrière. Il a répondu avec sa meilleure saison et une production de 31 buts (31-23-54). C’est la première fois qu’il boucle une saison avec un bilan défensif négatif (-13), mais il est difficile de lui en tenir rigueur.
Gallagher a joué de façon plus mature et intelligente. Il est parvenu à rester posté près du filet tout en réduisant de façon importante les pénalités inutiles d’obstruction sur les gardiens ou d’implication dans des escarmouches après les coups de sifflet. Travailleur acharné, il n’aura jamais de problèmes avec ses patrons, ses coéquipiers et les partisans de l’équipe.
Alex Galchenyuk : Il a bouclé la saison avec un bilan défensif de -31, ce qui égale la pire performance défensive de l’histoire de l’organisation (cette statistique est compilée depuis les années 1970). Voilà un élève doué à l'attaque, mais très peu fiable en zone défensive. Il choisit aussi souvent des options à haut risque (et commet des revirements) lorsque l’adversaire rétrécit son espace de manoeuvre.
Claude Julien a beaucoup travaillé avec lui et Galchenyuk a déployé des efforts sérieux pour s’améliorer. La qualité de son jeu et sa conscience défensive se sont élevées en deuxième moitié de calendrier, notamment ses replis défensifs.
Sa production de 19 buts est décevante compte tenu du fait qu’il a été le joueur de l’équipe le plus utilisé en avantage numérique. Son taux de réussite (8,9 %) a cependant été nettement inférieur à ceux des saisons précédentes (16,3 % et 14,9 %).
Tant qu’à l’échanger à perte, il vaudrait sans doute mieux persévérer avec lui. Il peut faire beaucoup mieux. Mais s’il ne faisait plus partie des plans au terme de la saison 2016-2017, il n’en a sans doute pas suffisamment fait pour éviter de faire partie du ménage qui s’annonce.
Jonathan Drouin : On avait prédit que son déplacement au centre allait réduire sa contribution offensive. Il a bouclé le calendrier avec une production de 13-33-46. C’était écrit dans le ciel. Son bilan défensif de -28 s’est toutefois avéré une fort mauvaise surprise.
L’aspect de plus décevant de la première saison de Drouin à Montréal a certainement été son « attitude », pour reprendre une expression largement utilisée par le DG.
À 23 ans, après avoir appris les rouages du métier au sein d’une bonne organisation à Tampa, on lui servait sur un plateau d’argent l’occasion de devenir un chef de file à Montréal. Or, il a souvent paru frustré et désintéressé quand les choses ne tournaient pas à son goût. On aurait aimé le voir se battre encore plus et faire partie de la solution.
Le talent lui sort par les oreilles. Drouin peut et doit absolument devenir plus constant et exploiter davantage sa vitesse. Ses progrès dans le cercle des mises au jeu ont été intéressants.
Max Pacioretty : Le capitaine a connu sa pire saison à Montréal (17-20-37 et différentiel de -16), mettant ainsi fin à une séquence de quatre saisons consécutives de 30 buts et plus.
Rappelons que ces quatre campagnes de 30 buts et plus ont été réussies avec David Desharnais et Phillip Danault au poste de centre et que cette réalité ne l’a pas empêché d’être le quatrième buteur de la LNH durant cette période.
Pacioretty a entamé la saison 2017-2018 avec un centre (Drouin) ne comptant aucune expérience à cette position. La direction de l’équipe s’est étonnée que l’expérience n’ait pas fonctionné.
La plus grande erreur de Pacioretty aura sans doute été de modifier son style de jeu pour tenter d'alimenter davantage ses coéquipiers. Un exemple : on ne l’a plus vu exploiter son coup de patin explosif pour déborder les défenseurs et attaquer le filet. Il a connu ses meilleurs moments en tirant la rondelle et non en tentant de servir (vainement) des tasses de thé aux défenseurs adverses.
Tout indique qu’il sera échangé cet été. Bonne chance à Marc Bergevin! Le risque qu’un tel échange lui explose au visage est élevé.
Paul Byron : Il vient de connaître une deuxième saison de suite de 20 buts, dont 17 ont été inscrits à forces égales (un de moins que Patrice Bergeron et trois de moins que Sidney Crosby).
Question intéressante : combien de filets supplémentaires Byron aurait-il obtenus en étant davantage utilisé en supériorité numérique? Sept attaquants ont été davantage utilisés que Byron dans cette facette du jeu.
Le rapide ailier trouve toujours une façon de remonter le courant et de gagner la confiance de ses entraîneurs. On peut désormais tenir pour acquis qu’il fait partie du noyau de l’équipe.
Charles Hudon : Il a bien entamé sa carrière dans la LNH. Sa production de 10-20-30 s’est avérée correcte, mais elle ne rend pas justice au haut niveau de compétitivité déployé soir après soir par l’intense ailier de Chicoutimi.
Au fil de la saison, Hudon est devenu plus fiable en gestion de rondelle et a su gagner la confiance de Claude Julien, qui s’est alors mis à lui confier davantage de responsabilités (en avantage numérique, notamment). Un mauvais pli à extraire de son jeu : cette vilaine tendance à faire du théâtre pour soutirer des pénalités à l’adversaire. Il deviendra un joueur marqué par les arbitres en persévérant dans cette voie.
S’il pouvait devenir un marqueur de 20 buts, ce serait tout un boni pour le CH. Mais ce n’est pas acquis. Les chances de marquer étaient là cette saison. Et son taux de succès de seulement 5,6 % ne peut que s’améliorer.
Phillip Danault : Il n’a disputé que 52 matchs en raison de blessures, mais sa production de 8-17-25 et son différentiel neutre (0) n’indiquaient aucun ralentissement en comparaison avec la saison 2016-2017.
Danault est un travailleur acharné, un joueur fiable et un compétiteur. Malgré un talent inférieur à celui de Drouin, il reste à ce jour le meilleur centre du club sur l’ensemble de la patinoire. Le jour où il sera le troisième, le Canadien aura une excellente formation.
Artturi Lehkonen : Blessé au dos en première moitié de saison, il n’a pas connu la deuxième saison espérée (12-9-21 et bilan défensif de -11). Toutefois, après s’être rétabli, le Finlandais a repris son rythme et marqué 10 buts en deuxième moitié de calendrier.
Auteur de 19 passes en 139 matchs dans la LNH, Lehkonen est avant tout un tireur. Avec Pacioretty, Galchenyuk et Drouin, Lehkonen est un autre attaquant dont on s’attendait à une production de 20 buts et plus cette saison. Ce n’est pas rien.
Il ne faut pas oublier que Lehkonen n’a que 22 ans, qu’il travaille tous les soirs et qu’il ne craint pas d’aller à la guerre. Le meilleur est à venir dans son cas.
Andrew Shaw : Pour une deuxième année, Shaw n’a pas été en mesure de se faire justice parce qu'il a été victime de blessures sérieuses. Il n’a disputé que 51 matchs (10-10-20).
Victime de trois commotions cérébrales en deux saisons (sans compter celles encaissées lorsqu’il jouait à Chicago), Shaw a dit avoir craint de devoir mettre un terme à sa carrière, au point d’aller consulter les plus grands spécialistes en matière de blessures au cerveau.
Voilà un athlète fragilisé qui peinera malheureusement à continuer de pratiquer le style de jeu intense qui l’a mené jusqu’à la LNH. Dommage, car il est un bon coéquipier. Compte tenu de son bilan médical, il devient aussi presque impossible à échanger.
Nicolas Deslauriers : Il s’est avéré la plus belle surprise du Bleu-blanc-rouge cette saison. Après avoir été chassé de Buffalo et avoir entrepris la saison à Laval, il s’est même retrouvé au sein du trio de Galchenyuk et Drouin après les Fêtes. Il a même été le lauréat de la Coupe Molson en décembre. C’est tout à son honneur, et ça en dit très long sur la saison qu’a connue l’équipe.
Il est incompréhensible qu’on l’ait sorti de la formation en décembre, alors qu’il était l’un des meilleurs joueurs de l’équipe. Idem en février. On l’a injustement expédié sur la passerelle au moment où ses négociations contractuelles piétinaient.
Daniel Carr : Un patineur moyen, joueur de soutien, capable de créer certaines choses en attaque. Carr a été utilisé dans seulement 37 matchs au cours desquels il a compilé un dossier de 5-10-15 (+1). En décembre, Carr, Byron Froese et Deslauriers ont formé le meilleur trio de l’équipe. Et peut-être le meilleur quatrième trio du Tricolore depuis quelques années.
Byron Froese : Il n’a pas été vilain comme joueur de soutien. Il a bouclé la saison avec une fiche de 3-8-11 (différentiel de 0) en 48 rencontres.
Il excelle en échec avant et s’il était plus efficace dans le cercle des mises au jeu, il serait moins facile de l’écarter de la formation.
Jacob De La Rose : Il est le joueur qui s’est le plus amélioré cette saison. Invisible depuis au moins deux ans, le Suédois de 22 ans s’est révélé en deuxième moitié de calendrier comme un candidat valable au poste de troisième ou de quatrième centre de la formation. Au lieu de jouer sur les talons, il s’est mis à s’impliquer physiquement et à générer des chances de marquer.
Michael McCarron : Un bon gars.
Shea Weber : Il s’est fait casser un pied dès la deuxième période du premier match de la saison. Weber a tout de même trouvé le moyen d'amasser 6 buts et 10 passes en 26 matchs, avant de devoir mettre un terme à sa saison à la mi-décembre. Il aurait encore marqué entre 15 et 20 buts et récolté une cinquantaine de points.
Sa perte a fait mal, mais le club était déjà en 25e position lorsqu’on l’a sorti de la formation.
Une année à oublier pour le pilier défensif du CH. D’autant plus qu’on ne lui a jamais déniché un partenaire de jeu expert en circulation de rondelle pour compléter le premier duo à la ligne bleue.
Jeff Petry : Le départ de Markov et la longue absence de Weber lui ont valu des responsabilités accrues. Il a bouclé la saison avec un affreux bilan négatif de -30. À cause de cela, les meilleures statistiques offensives de sa carrière (12-30-42) perdent beaucoup d’attrait. Il a toutefois été meilleur et plus constant durant le dernier tiers du calendrier, même si l’équipe était encore plus décimée.
Un drôle de cas. Il avait aussi bouclé des saisons à -22 et à -25 dans le passé à Edmonton. Sa vision du jeu est limitée et sa gestion de rondelle inconstante. Il s’est certainement ennuyé d’Alexei Emelin, même si ce dernier avait ralenti la saison dernière.
Karl Alzner : Il s’est avéré l’une des grandes déceptions de la saison. On croyait avoir déniché un Alexei Emelin plus jeune, plus constant et à un coût légèrement supérieur (4,625 millions sur 5 ans).
On s’est effectivement retrouvé avec un défenseur strictement défensif (1-11-12, différentiel de -7). Sauf qu’Alzner a été moins efficace en circulation de rondelle et beaucoup moins physique qu’Emelin. Et l’unité de désavantage numérique, où il campait un rôle principal, a été l’une des cinq pires de la LNH depuis la saison 1990-1991.
Victor Mete : Au sein d’une brigade défensive trop statique, Mete est apparu comme un arc-en-ciel au camp d’entraînement. Contre toute attente, il a gagné son poste à 19 ans (il était l’un des trois meilleurs arrières au camp).
Dans la brigade actuelle, il est le seul arrière possédant un QI hockey suffisamment élevé et une vision du jeu suffisamment large pour distribuer les rondelles en avantage numérique. Il est dommage qu’il n’ait pas été plus utilisé dans ce rôle. Compte tenu des éléments qu’il avait sous la main, Claude Julien n’avait rien à perdre.
Excellent patineur, extrêmement intelligent dans sa façon d’utiliser son bâton pour contrer les attaques adverses, Mete boucle sa première saison avec un différentiel de +5, le meilleur de l’équipe. Beaucoup d’entraînement cet été et un peu plus de maturité physique lui feront grand bien.
Jordie Benn : Les statistiques de Benn (4-11-15 et bilan défensif de -2) détonnent avec la qualité de jeu qu’il a offerte cette saison. À pareille date l’an dernier, il était l’une des grandes révélations du Canadien. On disait que Marc Bergevin avait commis un vol auprès des Stars de Dallas.
Il fait partie de ceux qui ont hérité de plus grandes responsabilités et qui ont eu de la difficulté à les assumer. Benn s’est aussi souvent compliqué la vie en gardant la rondelle trop longtemps pendant que toutes les options se refermaient devant lui. Il était aussi un élément permanent de l’unité de désavantage numérique, mais on a réduit son temps d’utilisation dans cette facette du jeu en seconde moitié de calendrier.
Il a été surpassé par Mete, Reilly et Juulsen en seconde moitié. Dans le meilleur des cas, il figure au septième rang dans l’organigramme.
Noah Juulsen : Il était l’espoir numéro un de l’organisation à la ligne bleue quand le camp s’est amorcé. Il a toutefois subi une fracture à un pied au camp et a dû entreprendre sa carrière professionnelle à Laval à la fin de l’automne. Selon ces circonstances, Juulsen a très bien réussi sa première audition dans la LNH.
Il est mobile, excelle en défense et ne craint pas le jeu physique. Il a été un bon leader dans les rangs juniors. Il est capable de servir une bonne première passe et, à l’occasion, d'appuyer l’attaque. En 23 matchs, Juulsen a été utilisé plus de 19 minutes par rencontre en moyenne.
Il serait étonnant qu’il ne commence pas la prochaine saison à Montréal.
Mike Reilly : Acquis du Minnesota pour une bouchée de pain à la date limite des échanges, Reilly a apporté mobilité et vitesse à la brigade défensive. C’est son plus bel atout. Il n’excelle pas dans les batailles pour l’obtention de la rondelle près de la rampe, mais il déplace assez bien le disque et n’a pas peur de s’insérer dans la transition en direction de la zone adverse.
Il a été utilisé plus de 20 minutes par rencontre durant le dernier tiers du calendrier et a été le seul arrière « partant » à boucler ce difficile segment de la saison avec un bilan défensif positif (+1). À seulement 24 ans, il mérite une audition sérieuse au prochain camp d’entraînement.
Carey Price : Tout a été dit. Il a connu la pire saison de sa carrière et, avec un taux d’efficacité de ,900, il s’est classé au 25e rang parmi les 26 gardiens de la LNH ayant disputé au moins 45 matchs. Si Price avait été Price, tous ses coéquipiers auraient mieux paru. Mais l’équipe n’aurait tout de même pas participé aux séries. Oui, les choses allaient aussi mal que ça.
Antti Niemi : En jouant derrière une moitié d’équipe de 28e place de la LNH et une moitié d’équipe de 30e place de la Ligue américaine, Niemi a été l’un des trois meilleurs gardiens de la LNH à compter du jour de l’An. Ce serait très gênant de ne pas retenir ses services pour la saison prochaine.