Pour créer son monde imaginaire, l’auteur québécois Michel Tremblay a puisé dans ses souvenirs d’enfance et dans les expériences marquantes de sa vie. L’observation de sa famille, de ses voisins et de la vie grouillante du Plateau-Mont-Royal lui a inspiré une œuvre littéraire et dramatique unique, touchante et remplie de surprises.
Réalisé par Jacques Bouchard, ce documentaire en cinq épisodes retrace le parcours de
Michel Tremblay et dévoile des aspects méconnus de sa personnalité. Ses proches, des acteurs, des metteurs en scène et lui-même racontent l’origine de ses créations et en révèlent toute la richesse.
Nous vous proposons d’écouter la série en naviguant dans le site web pour approfondir vos connaissances sur Michel Tremblay, ses pièces et ses romans.
Écrivez à Jacques Bouchard pour lui faire part de vos commentaires.
Entrevues, scénario et réalisation : Jacques Bouchard
Recherche et adjointe à la réalisation : Micheline Richard
Présentation : Joël Le Bigot
Narration : Loui Mauffette
Recherche d’archives : Stéphane Gourde et Mario Bolduc
Archives : Radio-Canada, Télé-Québec, Zone 3, Théâtre du Nouveau Monde, Théâtre du Rideau Vert. Remerciements à Francis Legault pour les extraits des répétitions du théâtre musical Belles-sœurs.
Documentation : Katia Hubert
Recherche musicale : Robert Hamel
Musique originale : Robert Marcel Lepage
Montage et mixage : Sylvain Brunet
Chef technicien : Michael Néron
Chef de contenu : Sylvie Julien
Enregistrement du Temps des cerises :
Arrangements et piano : André Gagnon;
Voix : Sylvie Drapeau et Normand d’Amour;
Chef technicien : Michaël Néron
La production remercie Camille, Nathalie et Marie-Claude Goodwin
Design : Linda Hersant
Intégration : Raymond Rousseau
Rédaction et recherche : Mathieu Arsenault
Révision : Léonore Pion, Josée Bilodeau et Catherine Bélanger
Gestion de projet : Karina Brousseau
Chef de contenu : Natacha Mercure
Michel Tremblay dit avoir appris à vivre à travers les femmes, puis s’être échappé de son milieu par la culture pour essayer de devenir quelqu’un.
Ses proches, dont Serge Denoncourt et Louise Jobin, le voient comme un être timide, doté d’un grand sens de l’humour. Michel Tremblay est un homme de rituels, d’habitudes et de petits plaisirs. « Je suis très fidèle en tout : en amour, en amitié, en nourriture et en culture. »
L’auteur évoque la mort de sa mère, qu’il a senti venir alors qu’elle chantait Le temps des cerises.
L’origine de la création Les belles-sœurs, jouée pour la première fois au Théâtre du Rideau Vert en 1968, nous est ensuite racontée. La pièce révolutionne le théâtre québécois par l’usage du joual et par la présence sur scène d’un groupe de femmes issues d’un milieu populaire.
Né en 1942 à Montréal, Michel Tremblay grandit avec trois familles dans un appartement de huit pièces de la rue Fabre. Cette grande promiscuité lui permet d’entendre toutes sortes d’histoires qui inspireront ses œuvres. Il nous parle de l’enthousiasme de sa mère, de ses rapports avec son père et de sa sortie du placard.
Le 7 juin 1964, Michel Tremblay sort de l’ombre lorsqu’il remporte le concours des jeunes auteurs de Radio-Canada avec sa pièce Le train. Il tisse ensuite des liens avec le metteur en scène André Brassard, la comédienne Rita Lafontaine et un groupe d’amis avec qui il peut s’épanouir. Dès lors, le théâtre et l’écriture sont au cœur de sa vie.
Le tandem Tremblay/Brassard va révolutionner la dramaturgie québécoise. André Brassard apporte aux pièces de Michel Tremblay une clarté et une grande liberté. Ensemble, ils osent montrer la tragédie d’un milieu populaire
dans une langue québécoise théâtrale et rythmée.
En 1969, à la générale d’En pièces détachées, au Théâtre de Quat’Sous, Michel Tremblay fait la connaissance de son futur agent, John Goodwin, une rencontre déterminante pour sa carrière.
Au début des années 1970, les succès s’enchaînent pour le dramaturge. Il produit la comédie musicale Demain matin, Montréal m’attend, avec entre autres Louise Forestier et André Montmorency. Puis, pour la première fois, avec À toi pour toujours ta Marie Lou, il écrit une pièce comme une partition musicale.
En 1973, au Théâtre de Quat’Sous, Michel Tremblay connaît encore le succès avec Hosanna. Pour la première fois, on montre sur scène la relation d’un couple gai, formé d’un travesti et d’un homme de cuir.
Au fil des ans, la famille Goodwin fera connaître les œuvres du dramaturge à travers le monde. John Goodwin trouve des traducteurs ainsi qu’un éditeur qui s’engage à publier toutes les pièces de Tremblay en anglais. Après sa mort, en 1986, son ex-femme, Camille, et ses deux filles reprennent le flambeau.
Habitué aux acclamations, le tandem formé par André Brassard et Michel Tremblay connaît l’échec dans deux productions, Bonjour, là, bonjour (1974) et Sainte Carmen de la Main (1976). Quelques années plus tard, les reprises de ces pièces sont toutefois acclamées par le public et les critiques.
Après avoir écrit la pièce Damnée Manon, sacrée Sandra (1976), Michel Tremblay se lance dans l’écriture d’une série de romans, rassemblés dans les Chroniques du Plateau-Mont-Royal. Il nous révèle la fragilité des personnages de ses pièces et crée un univers rempli de surprises.
Michel Tremblay s’est dévoilé dans ses romans comme il ne l’a jamais fait dans ses pièces. En couple avec l’acteur Michel Poirier pendant 10 ans, il a le privilège de l’aider à élever son jeune fils. Le livre Le cœur découvert (1986) décrit sa réalité de l’époque : la vie de famille d’un couple gai faisant face aux préjugés de l’entourage.
Lorsque Michel Poirier quitte Michel Tremblay, l’auteur se réfugie à Key West. Il tombe sous le charme de cette île, qui le sort de sa morosité. C’est là qu’il écrit désormais ses œuvres
durant l’hiver et s’adonne à sa nouvelle passion, l’aquarelle.
Montée pour la première fois en 1984, Albertine en cinq temps marque l’histoire du théâtre québécois. Cette tragédie présente le personnage d’Albertine à cinq époques différentes de sa vie. Pour le professeur Gilbert David, l’œuvre montre la grande humanité d’un être souffrant qui s’acharne à lutter.
En 1987, Le vrai monde raconte l’histoire de Claude, un auteur de théâtre qui révèle la vie de ses parents dans une pièce. Puis, suivront L’opéra Nelligan et Messe solennelle pour une pleine lune d’été, où le dramaturge déploiera tout son lyrisme.
La perte de l’ouïe a été l’un des plus grands deuils dans la vie Michel Tremblay. Déjà atteint d’un acouphène, on doit lui sacrifier un nerf auditif dans les années 1990 pour enlever une tumeur.
Un autre moment difficile pour l’auteur est la rupture de son amitié avec André Brassard, le metteur en scène qui a monté ses pièces au théâtre pendant plus de 30 ans. En 2005, Michel Tremblay décide de couper les ponts. Les ambitions et le comportement de Brassard lui devenaient insupportables.
Quelques jours après cette séparation, Michel Tremblay
apprend qu’il a un cancer de la gorge. Malgré l’obligation de subir un traitement, il ne se laisse pas aller au découragement. Une fois en rémission, il décide de se concentrer sur les aspects positifs de son existence.
Comme l’a dit le critique Jean Fugère, Michel Tremblay a fait surgir des émotions qui n’avaient pas droit de cité. Il poursuit maintenant son œuvre théâtrale et romanesque malgré les écueils de la vie. Ses nouvelles créations côtoient des reprises de pièces, comme les remarquables Belles-sœurs, adaptées en théâtre musical par René-Richard Cyr et Daniel Bélanger.
Michel Tremblay reçoit en 1964 le prix de la meilleure dramatique au concours des jeunes auteurs de Radio-Canada. La pièce Le train, écrite en 1959, met en scène deux hommes qui se rencontrent dans un wagon de train.
Ronald France et Jean Brousseau
Avec L’impromptu d’Outremont, Michel Tremblay sort du quartier populaire du Plateau-Mont-Royal pour se plonger dans un univers familial bourgeois. Avec cette pièce, il dit avoir cessé de condamner pour poser des questions.
Maison bourgeoise d'Outremont
En écrivant Les anciennes odeurs, Michel Tremblay souhaitait montrer la banalité d’un couple homosexuel. La pièce raconte les retrouvailles de Jean-Marc et de Luc, d’anciens amoureux réunis par un deuil commun. Ces personnages apparaîtront de nouveau dans les romans Le cœur découvert et Le cœur éclaté.
Gilles Renaud et Robert Lalonde interprétant Jean-Marc et Luc, 1987
En 1989, Michel Tremblay se joint au compositeur André Gagnon et à André Brassard pour créer une œuvre musicale sur le célèbre poète québécois Émile Nelligan. L’opéra Nelligan est présenté au Grand Théâtre de Québec le 24 février 1990.
Louise Forestier et Yves Soutières