Bienvenue à l'école environnementale de Maple Ridge, en Colombie-Britannique.
Par Julie Landry et Élise Lacombe
On pourrait croire que c'est une sortie scolaire dans la nature. Ici, il n'y a pas de manuels scolaires, pas de bâtiment et les enfants sont libres de grimper aux arbres tous les jours du calendrier scolaire.
Qu’il pleuve à boire debout ou que le vent soit de la partie, peu importe la saison, les 80 élèves de la maternelle à la 7e année et les enseignants sont dehors.
Les enfants ne se plaignent pas de la pluie. Il suffit de bien s’habiller, disent-ils.
Même après trois semaines dans un froid pluvieux?
Oh, on n'aime pas ça
, admettent certains enfants.
Préféreraient-ils une salle de classe?
Sûrement pas!
Les journées à l’école commencent toujours par l’installation des bâches, pour affronter tous les éléments, et tout le monde y participe.
Les enfants sont ravis. Ça aide notre communauté
, dit Chloe, une élève de l'école.
Pas non plus de cloche ici. La communauté se rassemble tous les matins (et après les pauses) au son du tambour. Le directeur adjoint, Randy Bates, en profite pour parler du programme de la journée et taquiner ses élèves, qui le lui rendent bien.
Tous les enfants, de tous les âges, sont mélangés pour favoriser l’entraide et leur permettre d’évoluer à leur propre rythme.
Nous sommes comme une famille. Nous sommes tellement proches que les petits n’ont pas peur de nous. Nous pouvons les aider
, explique Cassie, une des grandes.
Les plus vieux s’occupent naturellement des plus petits. Il y a beaucoup moins d’intimidation quand les enfants font attention aux autres. C’est ce qui est le plus important pour moi.
Sarah Blair a trois enfants. Son aîné, qui a tenté un retour dans une école conventionnelle, reviendra en septembre à l’école environnementale, à son grand bonheur.
Certains éléments rappellent l’école traditionnelle comme le tableau et les carnets (dont des types résistants à l’eau), mais la façon de transmettre les connaissances est différente de celle de l’école conventionnelle.
C’est presque comme l’opposé. Nous commençons avec la connaissance et les idées, et dans ces choses, nous cherchons la littératie et la numératie.
Les mathématiques, l’écriture ainsi que les sciences naturelles et humaines sont intégrées de façon naturelle dans toutes les activités.
Ils apprennent de manière globale avec leur corps entier, leur esprit, leur coeur et leur âme.
L’apprentissage par le jeu, parfois dirigé, est clé. Les petits profitent de leur récréation pour gérer leur magasin de roches. Cette initiative a réjoui Christophe Moreno, un comptable dont les deux filles vont à l’école environnementale.
Vous avez des petits qui apprennent non seulement les fondements des mathématiques, mais aussi le commerce, les échanges, la valeur des choses
, raconte ce papa dont les inquiétudes au sujet de l’apprentissage des mathématiques se sont dissipées en quelques mois.
Ici, la nature fait partie de la communauté.
Nous apprenons à prendre du recul et à laisser la nature enseigner. La nature est notre enseignante en chef.
Certains enfants continuent de dépenser de l’énergie pendant la récréation. Quand nos filles allaient à l’école conventionnelle, nous nous battions pour faire de l’exercice les soirs et les fins de semaine, pour les faire sortir parce qu’elles passaient leurs journées à l’intérieur. Maintenant, nous ne nous en inquiétons plus
, admet Christopher Moreno.
Ici, les enfants acquièrent de la ténacité et une grande confiance en eux et en tout ce qu’ils font, constate le personnel de l’école environnementale.
Je ne m’attendais pas à ce qu’ils soient aussi autonomes, aussi souvent.
Les enfants apprennent à utiliser les outils et les couteaux de façon sécuritaire.
En huit ans, un seul enfant s'est coupé et a dû avoir des points de suture
, affirme Randy Bates.
Larissa, l’une des élèves de 7e année, a un amour évident pour la nature.
Si tu regardes un arbre, ce n’est pas simplement un arbre. C’est un être vivant que tu vois tous les jours. Donc c’est important de l’apprécier.
Les élèves sont ravis de donner un coup de main pour remercier ceux qui leur ont permis de fréquenter ce lieu en arrachant des plantes envahissantes. L’école change de lieu tous les trois mois, afin de réduire son empreinte écologique.
Je voulais vraiment qu’il fréquente cette école parce que je veux qu'il devienne un citoyen qui est en contact avec la nature, qui peut prendre de bonnes décisions
, confie Marnie Wu, mère de Donovan qui a quitté le Texas afin qu’il puisse commencer la maternelle dans cette école.
La liste d’attente pour fréquenter cet établissement scolaire unique comporte maintenant plus de 200 noms.
À lire aussi :
Journaliste
Julie Landry
Photographe
Élise Lacombe
Édimestre
Mylène Briand
Réalisatrice
Marylène Têtu