Plusieurs étapes séparent le prélèvement et le résultat d’un test de dépistage, les deux seules étapes visibles au public. Tout ce qui se fait entre les deux est bien moins connu et accessible. Voici un aperçu de ce qui s’y passe grâce à une incursion dans le laboratoire de l’Hôtel-Dieu de Lévis.
Par Érik Chouinard
Partout en province, différents types de lieux de dépistages ont été aménagés. Ici, un entrepôt d’une zone industrielle de Lévis a été converti en service à l’auto
pour des tests de COVID-19. Au moment de prendre ces images, c’est assez tranquille, mais ce centre de dépistage est capable de dispenser jusqu’à 350 tests par jour.
Lorsqu’une personne entre pour se faire tester, la première étape consiste à créer une fiche de requête pour le laboratoire. Les informations médicales de la personne et la raison du test y sont entrées. Selon la personne et sa situation, un degré de priorité allant de M-1 à M-22 — M-1 étant le niveau de priorité le plus élevé —, lui sera attribué pour le traitement de son prélèvement par le laboratoire.
Ce centre de dépistage de Lévis est l’un des premiers dans la province à offrir deux méthodes de prélèvement avec l’introduction du gargarisme au début du mois de novembre à Lévis. Ici, les tubes aux bouchons rouges servent à recueillir les échantillons d’eau gargarisée et les tubes aux bouchons bleus servent aux prélèvements par écouvillon.
L’écouvillon ressemble à un long coton-tige. L’infirmière s’en sert pour gratter le fond de la cavité nasale et la gorge. Ce n’est pas l'intervention la plus agréable, mais elle a l’avantage d’être homologuée pour bon nombre de maladies respiratoires. Les médecins peuvent, par exemple, y recourir s’ils cherchent à savoir de quelle infection respiratoire souffre un patient admis aux urgences.
Le dépistage par gargarisme se fait à l’aide d’une petite quantité d’eau. La personne n’a qu’à se gargariser quelques secondes et à recracher, comme avec un rince-bouche, pour effectuer le prélèvement. Cette méthode a l’avantage d’être bien moins invasive que celle de l’écouvillon.
Une fois que le patient s’est gargarisé avec l’eau, il verse lui-même son échantillon dans le tube identifié et lié à sa fiche. Cette méthode de prélèvement beaucoup plus facile et accessible ne nécessite pas de formation médicale pour être prodiguée.
L’infirmière doit ensuite désinfecter le tube et l'insère dans un petit sac transparent servant à transporter des matières présentant un biorisque. En attendant de partir vers le laboratoire, les tests sont rangés dans des frigos à une température d’entre 2 et 8 degrés Celsius.
Les prélèvements sont acheminés au laboratoire dans des glacières. Les laboratoires désignés traitent souvent de grands volumes de tests. Par exemple, celui de l’Hôtel-Dieu de Lévis reçoit presque tous les prélèvements de la région de Chaudière-Appalaches, ce qui représente environ 1000 à 1200 tests par jour, variant selon les éclosions et l'achalandage des cliniques de dépistage.
Les tubes sont rapidement remis dans un frigo en attendant d’être analysés. À l’intérieur, la technologue les classe dans différents cabarets selon le niveau priorité qui a été attribué au moment de la création de la fiche du patient. Selon les protocoles en vigueur, les prélèvements peuvent être conservés un maximum de 72 h avant d’être analysés.
Lorsqu’il est temps de passer à l’analyse, les prélèvements sont d’abord désinfectés à la chaleur et ils sont passés dans une centrifugeuse, un appareil qui les fait tourner à très haute vitesse pour séparer les excès de mucus. Une partie de chaque échantillon est ensuite transférée à l’aide d’une pipette dans de plus petits tubes qui pourront être chargés dans les appareils suivants.
Pour traiter de grandes quantités de tests à la fois, le laboratoire de l’Hôtel-Dieu de Lévis est équipé de deux robot-pipeteurs. Ils servent à préparer les plateaux d’échantillons en extrayant le matériel génétique. Le laboratoire est aussi équipé de plus petits appareils qui permettent de sauter cette étape et ainsi d’analyser moins d’échantillons, mais plus rapidement. Ils peuvent être utilisés, par exemple, lorsqu’un patient doit avoir un résultat en urgence avant une opération.
L’hôpital a fait l’acquisition en septembre de son second robot-pipeteur spécialement à cause de la pandémie. Il permet un volume de traitement deux fois plus élevé que l’autre. C’est avec cet appareil que le microbiologiste-infectiologue Jeannot Dumaresq a validé sa méthode de prélèvement par gargarisme avant qu’elle puisse être implantée dans la région.
Une fois que les plateaux sont prêts, ils sont transférés dans des appareils qui font les analyses PCR, la technique qui permet de répliquer en grand nombre des séquences d’ADN ou d’ARN. Ils sont programmés pour détecter la présence de trois gènes spécifiques au coronavirus. Les échantillons positifs apparaissent en rouge dans la grille représentant le plateau et les résultats négatifs apparaissent en bleu. Chaque lot d’analyse se fait en présence d'échantillons de contrôle positifs et négatifs du fabricant et du laboratoire pour s’assurer du calibrage des appareils.
Lorsqu’un test est positif, la technologue de laboratoire avise les autorités de santé publique de la région, qui s’occuperont de contacter la personne testée et de lancer l’enquête. Si un résultat est négatif, la Direction de la qualité, évaluation, performance et éthique (DQEPE) du CISSS de Chaudière-Appalaches reçoit l’avis directement du système informatique et prend le relais pour communiquer le résultat avec le patient.