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En profondeur

Journalistes : Louis Lessard, Florence Reinson

Mise à jour le dimanche 20 novembre 2011 à 19 h

Nombre d’habitants : 5 millions (région métropolitaine)
Nombre de sans-abri : 34 000
Nombre d’itinérants participant au projet : 560

Villes sous la loupe
Toronto


Vivre avec ses démons et les vaincre

Ce soir, comme tous les soirs, 5000 sans-abri dormiront dans les rues de Toronto. Pas moins de 70 % d’entre eux souffrent de troubles mentaux et près de la moitié des itinérants de la métropole sont originaires d’une autre contrée. Ismeal, un ancien schizophrène, et Otis, jadis un obsessif-compulsif, ne font plus partie, eux, de ces statistiques. Depuis un an, ils ont un toit sur la tête et leur ancienne vie de bohème a pris un tout autre tournant.

Otis caressait le rêve de devenir chanteur. Il a tenté sa chance à l'émission Canada's Got Talent. Ismeal aussi s'ouvre sur le monde et n’a plus peur de montrer son visage. «Avant, j’avais trop de traumatismes. Je me sentais menacé de toute part, mais je ne savais pas par quoi. Un toit permet de se sentir en sécurité», résume Ismeal.

Fragilité

Cette stabilité s’avère somme toute relative. Les deux survivants dépendent encore de médicaments pour ne pas basculer de nouveau dans la folie.

À Toronto, le programme fédéral Chez soi a permis à 240 sans-abri comme Otis et Ismeal de quitter la rue et à 200 autres de plus à recevoir de l’aide pour s’en sortir. Seule une vingtaine d’entre eux ont abandonné le programme démarré en 2009.

Ce taux de succès se révèle supérieur à la moyenne des quatre autres villes canadiennes ou le programme est implanté. Les immigrants, qui constituent la clientèle principale de l’étude torontoise, auraient une capacité d'adaptation et de résilience particulière, selon les chercheurs.

Les gens issus des populations de couleurs viennent en s’attendant à vivre des moments de détresse, donc ils sont préparés

assure la présidente de Accros Boundaries, Aseefa Sarang

Les chercheurs ne veulent toutefois pas tirer de conclusions hâtives et estiment qu’il faudra au moins deux ans pour déterminer l'impact d'un logement gratuit sur les sans-abri d'origine étrangère qui ont des problèmes psychiatriques.

Toutefois, déjà plus de la moitié des participants torontois se disent prêts à retourner sur le marché de l'emploi.

Ismaël fait partie de ceux qui ont fait le grand saut. «J’enseigne le français dans une école. J’ai plein de boulot», s’enthousiasme-t-il.

Otis n'en est pas encore là, mais il ambitionne toujours d’être chanteur. Il a enregistré sa première maquette et espère signer un contrat de disque d’ici un an. «Rien n’est impossible», lance-t-il.

En moyenne, 3800 lits sont disponibles chaque soir dans les refuges de Toronto. En 2010, le taux d’inoccupation des logements à Toronto était de 1,8 %.

Chaque année, 22 276 personnes différentes passent au moins une nuit dans un refuge.

Le taux de mortalité des itinérantes de moins de 45 ans est 10 fois plus élevé que celui des femmes en général.

Les itinérantes courent 10 fois plus de risques d’être agressées sexuellement que les autres femmes.

Neuf sans-abri sur dix souhaiteraient habiter dans un logement de façon permanente.

Un sans-abri sur quatre souffre à la fois de problèmes de santé mentale et de dépendance aux drogues et à l’alcool.

Le risque de maladie mentale est deux fois plus élevé pour les femmes qui vivent dans la rue que pour les hommes itinérants.
Diaporamas
Photoreportage

Quelque 5000 sans-abri dorment dans les rues de Toronto. 70 % d'entre eux souffrent de problèmes mentaux. Reportage photo de Louis Lessard.

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